Parler de là où l’on est femme
« Parler de là où l’on est femme, du fond de ce corps que le pouvoir renie en le vouant au silence, c’est retrouver, inventer, promettre la vraie chair de la parole, l’affirmation déployée de la puissance. C’est annoncer et jouir d’annoncer la subversion du pouvoir. C’est faire que la puissance se gonfle d’être dite, et rie de bonheur aux vacillements proches du pouvoir, aux niais balbutiements de sa parole… »
Mais parler de ce lieu d’où l’on parle quand on est femme,puissance écrasée de silence, est une entreprise si folle, si violente et si prétentieuse, qu’il est possible que jamais cette parole n’atteigne ce qu’elle vise: faire que la jubilation du vivre soit dite, et se répande d’être dite.
Que la jubilation du vivre gorge nos luttes de puissance à force d’être dite.Parler pour que remonte la chair du monde et celle des hommes.Qu’il s’ouvre enfin le lieu humain de la jouissance.
Annie Lee 1ère, Epousailles. Paris, Bernard Grasset,1976, p. 13