QU’EST-CE QUE LE FAIT DE CELEBRER AVEC DES FEMMES A CHANGÉ DANS MA VIE?

QU’EST-CE QUE LE FAIT DE CELEBRER AVEC DES FEMMES A CHANGÉ DANS MA VIE?

 

Ghislaine Chamard-Villemur- Marie-Eve

 

La question pose l’absence de tradition de fête dans nos vécus de femmes. Laissant à d’autres la critique de nos habitudes sociales, je veux simplement exprimer le bienfait des retrouvailles inspirées de nos nouvelles libérations!

 

Le terme « célébrer » n’est pas nouveau, mais quand il désigne uniquement des femmes, il risque peut-être d’éveiller des malentendus que mes impressions rapportées ici pourraient dissiper.

 

Que des femmes se retrouvent entre elles ne signifie pas un refus des autres, mais plutôt le début naturel d’une ère de partage dans la reconnaissance de leurs quotidiens, la similitude de leurs attentes. Les femmes parlent, prennent la parole, mais « se » disent peu. Elles ont plus de facilité à évoquer le mystère, le sacré, que l’essentiel de leur vie. A travers cette présence corporelle de femmes solidaires, j’ai découvert l’invitation à la fête, sans ressentir de malaise ou d’interférence avec la pratique en église, trop souvent étrangère è la communion.

 

Quand l’invitation à célébrer s’inspire d’un thème proche de mes attentes personnelles, de ma foi, il se produit une sorte de crescendo! Tantôt sous la forme d’une liturgie de la parole, tantôt en alternance avec les étapes d’un repas soigné, tantôt une composition joyeuse de nos certitudes, le tout exprimé sous forme d’offrandes, je vois l’Église vivante, une sorte de re-naissance.

 

Parmi d’autres souvenirs, certains temps forts du rassemblement du 8 mars dernier ont laissé plus d’un écho en moi: ce « toast » è la solidarité des femmes où des noms étaient prononcés, des mémoires rappelées; ce « Credo » en nos multiples appartenances qui continue de faire germer en moi doutes et exigences nouvelles.

 

Je retourne souvent à cet exercice de ré-écriture qui avait précédé une merveilleuse célébration, émaillée de nos béatitudes nouvellement construites. L’intensité de nos présences, le désir de nos rapprochements autour de la table de fête m’avait fait vivre une eucharistie des plus authentiques. Je veux rappeler cet autre temps de nos fêtes, quand, a même le repas, quelques théologiennes nous ont présenté en des textes choisis la symbolique de l’eau, du sel, du pain, du vin … évocation touchante qui m’a donné l’occasion de me ré-approprier les forces vives, plus ou moins soupçonnées, de ma croissance spirituelle. Ainsi, depuis, je me sens davantage témoin et interpellée quand je participe à des baptêmes. Certains des textes commentés s’accompagnaient de signes visibles, tels de petits sachets de sel remis à chacune, suffisamment éloquents devant nos sagesses plus ou moins acquises…

 

A L’autre Parole, nos célébrations ne sont pas uniquement centrées sur le grand mémorial de la Cène. À l’approche de Noël, nous du groupe Marie-Eve, responsables de la rencontre, avons placé le personnage de Marie au centre de la fête: Marie porteuse de vie, attentive au Sauveur, attentive aux autres femmes; chaque participante exprimait son propre Magnificat. Les sapins, la musique de Haëndel, les reproductions des différentes attitudes de Marte, l’abondance des bougies, tout proclamait la joie de Noël, joie nourrie des mystères de Marie et de ceux de nos vies. Il m’a semblé que les agapes même frugales mettaient trop tôt un terme à cette prometteuse vigile des fêtes.

 

Ces brèves évocations ne peuvent taire un certain regret: si peu de personnes s’accordent ces moments de santé, de joyeuse libération! Une exigence devrait, il me semble, accompagner nos enthousiasmes: pouvons-nous célébrer fréquemment et avec intensité sans, en même temps, cultiver nos autres liens et nos prises en charge? Je souhaite et traduis à la fois le désir exprimé par d’autres, que plus de jeunes et de nouvelles personnes puissent, sinon partager entièrement, du moins se faire une idée de nos fêtes! Une de mes soeurs me saluant avec son mari la veille de cette célébration du 19 décembre dernier me dit vivement  » …  et puis, vous avez même vos fêtes sans eux? » (les hommes), l’air décontenancé. Faut-il entretenir un doute, nos célébrations ne sont-elles pas propices è l’apprivoisement?