SAVIEZ-VOUS QUE…
Au Québec, des religieuses
s’intéressent à la promotion des femmes. À l’aube de son 10e anniversaire de fondation et au coeur de sa réflexion sur le leadership féministe, l’Association des religieuses pour la promotion des femmes (ARPF) a procédé à un examen de ses pratiques au sein de l’Association. Un sondage auquel les membres ont été convoquées et dont l’intention était de dégager un portrait d’ensemble de l’ARPF a permis de découvrir et de documenter les multiples implications de plusieurs communautés relativement à la promotion des femmes. Ainsi, découvrait-on que plusieurs communautés avaient des énoncés de mission refusant toute forme de discrimination, affirmant la dignité de toute personne humaine et engageant à la promotion de la justice sociale en solidarité avec les personnes opprimées et appauvries. Des répondantes de ces communautés voient le souci de la condition des femmes comme inhérent à ces orientations globales. (Relais-femmes, no 27, mai 1996)
L’Index du XVIe siècle condamnait des femmes. La première disposition pontificale qui réglemente l’impression et la circulation des livres provient d’Innocent VIII en 1487. Elle est limitée alors à la région de Mayence, berceau de l’imprimerie. C’est en 1515, lors du cinquième concile oecuménique du Latran que Léon X étend ses directives à l’Église universelle. Un relevé des livres interdits publié par le Centre d’Études de la Renaissance de l’Université de Sherbrooke en 1996 permet de découvrir les noms de quelques femmes figurant dans cette liste. Ainsi, toute l’oeuvre d’Anne Askew (1521-1546) est condamnée. Un Livre de la vie et un catéchisme publié par Catherine de Gènes (1447-1510) sont aussi jugés suspects. Enfin, ce sont les Lettres spirituelles d’Angelica Paola Antonia de Negri (1508-1555) qui attirent l’attention des censeurs.
La démocratisation des banques canadiennes est encouragée par une Soeur. Une religieuse de la Communauté des Soeurs de Sainte-Anne, membre d’un groupe de travail de l’Église sur les responsabilités des sociétés commerciales, s’est associée à un mouvement en vue de pousser les administrations des banques à se démocratiser. Soeur Lorraine Lamarre, qui était présente à l’assemblée des actionnaires de la Banque nationale (Montréal, mars 1996), a saisi l’occasion pour prendre la parole devant ce cénacle de privilégiés réunis. Se référant notamment aux salaires faramineux des dirigeants des banques, elle a posé le problème de l’écart grandissant entre les pauvres et les riches, un écart qui vient creuser, a-t-elle dit, « les millions donnés à quelques-uns », des hommes réfugiés dans leur tour d’ivoire. (Le Devoir, 13-03-97)
L’Église d’Angleterre à nouveau ébranlée. La nomination d’une femme-prêtre au sein de la cathédrale Saint-Paul de Londres, haut lieu de l’anglicanisme, divise ses futurs collègues. Plusieurs se disent scandalisés et questionnent les compétences de la femme qui a pourtant été préférée à 15 autres postulants masculins. Lucy Winkett — elle a 28 ans — est la première femme-prêtre nommée par le doyen de la cathédrale Saint-Paul où le prince Charles et Diana s’étaient mariés. On se souvient que l’Église d’Angleterre avait accepté le principe de l’ordination des femmes à l’issue d’un exercice synodal qui eut lieu en novembre 1992. Depuis, plusieurs traditionalistes ont quitté l’Église anglicane pour rejoindre l’Église catholique. (Le Journal de Québec, 14-.02-97)
L’expérience du Divin a une tradition qui est aussi féminine. La recherche de la féminisation du divin est ancienne. Elle appartient à un courant de penser, toujours vivant bien qu’occulté voire méprisé. Le numéro du 15 décembre 1996 de l’Actualité religieuse porte sur cette question qu’elle éclaire et documente à partir de divers points de vue. Depuis quelques décennies, des féministes chrétiennes réclament l’adoption d’un langage non sexiste touchant les choses sacrées. Cette position est l’écho d’une prise de conscience populaire féminine qui traduit le besoin d’arracher le domaine religieux de la main mise des clercs masculins. Mais il faut rappeler que la piété populaire préfère depuis longtemps la tendresse de la Vierge aux rigueurs du Père. La recherche de la féminisation du divin est en quête de tous les temps. Elle connut d’ailleurs un de ses moments forts dans les écrits des mystiques rhéno-flamandes du XVe siècle.
La marche des femmes dérange les hommes. Quatre ans après Backlash de l’Américaine Susan Faludi, c’est au tour de la Française, Dominique Frisher de s’inquiéter du retour du balancier dont les femmes sont victimes. Dans La revanche des misogynes (Éd. Albin Michel, 1997, 302 pages), avec statistiques et exemples à l’appui, Frisher présente les résultats d’une enquête qui n’est pas sans rappeler ce qui se passe un peu partout sur la planète : les femmes sont les premières à payer le prix des mutations économiques et du retour aux valeurs de la droite.
Dans son commentaire du document de préparation au synode des Amériques, José-Oscar Beozzo (Brésil) note : Le paragraphe consacré à la femme (no 39) aurait pu lui rendre la parole, dans un exercice humble d’écoute de ce qu’elle a à dire à l’Église (…) La hiérarchie et les autres membres masculins de l’Église ne devraient-ils pas être disposés au dialogue et à la recherche patiente de réforme des aspects de leur agir, de leur penser, de leur sentir qui ne font pas justice à la dignité et à la valeur des femmes ainsi qu’à l’égalité fondamentale voulue par Dieu entre ses fils et ses filles ? L’Église n’est-elle pas interpellée pour recevoir l’exercice du pouvoir en son sein et la conception des ministères, dans une grande ouverture à l’Esprit qui continue à agir dans l’histoire ? (COELI.no 89, déc 1996).
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