Les fleurs
Léona Deschamps, Houlda
J’écris fleurs,
en floraison de soi,
floraison solitaire
dans l’allée des pensées bordée de
tournesols.
J’écris fleurs,
en floraison du temps,
dans l’encollage du soir
où l’aster étoile les belles-de-jour et les belles-de-nuit.
J’écris fleurs,
en floraisons saisonnières,
où les bonnets de neige, les crocus,
les pétunias et les primevères entrent en danse.
J’écris fleurs,
pour fleurir les vertiges de mon
quotidien
de pavots et d’anémones des bois;
pour fleurir mes paix frileuses
d’humbles violettes
et pour enfouir dans les tulipes et les jonquilles
les débris de ma conscience éparpillée.
J’écris fleurs,
pour fleurir mes histoires d’amour
de roses, de jacinthes, de marguerites, de pâquerettes
et pour accrocher aux portes de ma joie;
des capucines, des campanules et des gaillardes.
J’écris fleurs,
pour fleurir mes feuilles de rhétorique,
d’asclépiades
et offrir des narcisses à la mythologie
comme des œillets de poète à la
poétique.
J’écris fleurs,
pour fleurir les contours de ma souffrance
de giroflées et de glaïeuls
et sur les rives sauvagines de mon verbe
mettre en terre des impatientes et des immortelles.
J’écris fleurs,
pour capter l¹odeur de mes rêves
avec le muguet et la giroflée,
pour parer de cyclamen les pans inclinés de ma vie
et de lis mes vallées de repos.
À fleur d’eau s’écrit l’ancolie!
À fleur de tête la pensée
et à fleur de peau, la pivoine ou le
coquelicot.
20 octobre 2004