UN SONDAGE SUR LA PARTICIPATION DES FEMMES DANS LE TRAVAIL PASTORAL OFFICIEL DE L’EGLISE CATHOLIQUE AU CANADA
La Conférence Catholique des Evêques Canadiens (C.E.c.c.) nous a livré en mars 1979 les résultats d’un sondage sur la participation des femmes dans le travail pastoral officiel de l’Eglise canadienne.
Les résultats sont d’ordre quantitatif et n’indiquent pas « la manière dont les femmes sont acceptées lorsqu’elles sont intégrées dans les équipes de travail pastoral » (p.2}. Ainsi, « le mot participation a été en termes purement numériques et ne concerne que le travail pastoral officiel », comme il est exécuté dans le cadre des:
offices diocésains,
commissions diocésaines (permanentes et spéciales)
ministères non ordonnés,
conseils diocésain de pastorale,
conseils paroissiaux. (p. 1)
De l’avis des compilateurs, « les chiffres sont approximatifs et indiquent seulement les tendances générales et l’ensemble de la situation ».(p. 8)
Je retranscris pour le bénéfice de celles et ceux qui veulent être informées (és) et échanger sur le sujet le Chapitre X: résumé et conclusion du sondage.
1. Les hommes détiennent plus que le double des postes de
directeurs d’offices diocésains (73% d’hommes et 2796 de femmes).
2 Les femmes détiennent un nombre important de postes de directrices adjointes (60%).
De ce groupe, 38% sont des religieuses et 22% deslaïques.
La proportion d’hommes et de femmes à ce poste est pratiquement à l’inverse des directeurs d’offices {directeurs: 73% d’hommes et 27% de femmes; directeurs adjoints: 40% d’hommes et 60% de femmes).
1. De la même manière, le nombre de laïcs aux postes de directeur adjoint est beaucoup plus élevé qu’aux postes de directeur (42% dans le premier cas et seulement 17% dans le second).
4. La différence de la répartition entre les sexes, lorsqu’on combine les catégories des directeurs et des directeurs adjoints, diminue d’environ 10% (63% d’hommes et 37% de femmes).
5. Presque les deux tiers des directeurs d’offices diocésains sont des prêtres.·
Si l’on combine les résultats concernant les directeurs et les directeurs adjoints, cette proportion diminue et nous trouvons une répartition à peu près égale entre les prêtres, d’une part, et les laïcs ou les religieuses, de l’autre.
6. Lorsque les femmes ont des postes de direction dans les offices, il s’agit presque toujours d’éducation religieuse, et ensuite d’action sociale et de services familiaux.
7. Les hommes sont plus nombreux que les femmes dans presque toutes les commissions diocésaines, permanentes ou spéciales (64% contre 36% dans les commissions permanentes).
L’absence des femmes, et non celle des laïcs en général, est particulièrement frappante dans le secteur des finances et dans les structures de chancellerie.
8. Parmi toutes les commissions, ce sont les commissions de liturgie qui regroupent le plus grand nombre de membres des deux sexes.
9. Sauf pour leur engagement dans les commissions de liturgie, les femmes semblent participer aux commissions chargées plutôt de questions spirituelles qu’administratives.
10. Les ministères non ordonnés sont surtout exercés par des femmes.
11. Le pourcentage d’hommes dépasse de près de 20% celui des femmes chez les membres de conseils diocésains (64% d’hommes et 36%.de femmes).
12. Les femmes occupent des fonctions officielles dans les conseils diocésains de pastorale se regroupent surtout au poste de secrétaire. Pour ce qui est de la présidence, cependant, on trouve une femme
pour quatre hommes.
13. Sauf pour le Québec, la proportion approximative d’hommes (2/3) et de femmes (1/3) dans les conseils paroissiaux est pratiquement la même que dans les conseils diocésains de pastorale (64% d’hommes et 36% de femmes).
Les résultats de ce sondage n’ont rien de très étonnant et confirment mes observations et perceptions. Voici quelques unes de mes réflexions:
Les postes de direction dans les diocèses sont le monopole des hommes, plus particulièrement des prêtres. Les laïcs en général sont peu présents au niveau décisionnel et nous sommes bien conscientes qu’en luttant pour les femmes, nous luttons aussi pour les hommes laïcs.
Les femmes sont encore de « bonnes » adjointes, victimes d’un complexe d’infériorité ou maintenues consciemment et inconsciemment sous la tutelle masculine?
Le rôle d’éducatrice demeure un lieu d’excellence pour les femmes qui leur est réservé. Ne pouvonsnous pas explorer d’autres types de service?
– La conclusion 10 est vraiment captivante. Les ministères non ordonnés regroupent les fonctions de catéchète, d’assistant(e) à la paroisse, d’adjoint(e) à l’aumônier de l’hôpital, d’adjoint(e) pastoral(e) dans les institutions pénitentiaires, d’adjoint (e),. à l’aumônier de l’université, de responsable de la musique sacrée, d’assistant(e) au tribunal.
Au Québec, 212 femmes et 137 hommes remplissent le ministère de catéchète, tandis que 138 femmes et 37 hommes sont assistant(e)s à la paroisse. Plusieurs femmes possèdent des capacités et des compétences, mais elles doivent se limiter aux ministères non ordonnés. L’ordination semble une ligne de démarcation basée sur le sexe auquel on appartient qu’aucune femme ne peut franchir. D’autre part, les aspirations, la disponibilité et les compétences ne manquent pas – car il faut souvent autant de compétences pour exercer un ministère non ordonné qu’ordonné – alors les femmes intéressées vont jusqu’où elles peuvent aller ••• pas étonnant de constater que « les ministères non ordonnés sont surtout exercés par des femmes ».
Il est aussi à noter que « le Québec et l’Ouest ont tous deux rapporté une répartition relativement élevée en faveur des femmes dans les diverses fonctions pastorales » (p. 4). Nous avons donc des femmes prêtes et décidées au Québec.
Les résultats de ce sondage constituent une autre prise de conscience que les femmes ont une participation officielle dans l’Eglise, mais qui est encore bien limitée, et qui ne reflète pas suffisamment une Eglise, peuple de Dieu, où femmes et hommes peuvent s’exprimer et jouir de la liberté des enfants de Dieu!
Rimouski Monique Dumais