LA SITUATION DE LA FEMME EN PAYS MUSULMAN
Dr Tagharid Beydoun, prof, philosophie
Université de Beyrouth, Liban.
Avant de comparer la vie d’une femme d’origine Orientale avec celle d’une femme d’origine Occidentale et plus précisément du Canada, il faudrait d’abord mentionner qu’on a souvent tendance à confondre la femme orientale et la femme musulmane, sous prétexte que ce serait la religion islamique qui régirait toute la vie sociale et politique de l’Orient. Cette hypothèse – si elle était retenue – mènerait à des conclusions très éloignées de la vérité.
Des principes à la pratique
En effet, bien que la religion islamique, considérée comme une loi émanant de Dieu, ait permis de régler des questions pratiques, elle ne résout nullement les problèmes religieux et quotidiens. Et, bien que cette religion ait inspiré la majorité des lois et des politiques adoptées dans la plupart des régimes orientaux, il reste qu’un grand fossé sépare l’essence même des lois islamiques sur les comportements sociaux et les relations interpersonnelles du programme adopté par ces régimes dont l’orientation sociale est depuis longtemps traditionnelle.
Toute étude sur le sujet doit donc tenir compte de ce principe général. Mais, il faut également noter que, sous cette apparence, se cachent différents types de relations et de comportements qui varient selon les régions et les groupes sociaux. Les femmes constituent, de toute évidence, un groupe social important, soumis volontairement ou involontairement à la loi générale et universelle.
Nous sommes donc amenés à conclure que ce que subit la femme orientale n’est pas dû à des facteurs religieux mais à des facteurs politiques.
La situation de la femme en pays opprimé
Mais, en raison de tout ce qui se passe actuellement en Orient, il est inutile de rechercher les causes politiques de la situation qui y prévaut. Aussi nous contenterons-nous d’affirmer que ce sont les régimes politiques qui sont responsables de tout ce que l’Orient subit, et ce, indépendamment des motifs en cause. Ce qui doit retenir notre attention, c’est que, dans cette région du monde, la femme n’est pas la seule à souffrir. Elle constitue, avec l’homme, une cellule sociale qui reflète exactement ce que celui-ci reflète. Elle est soumise aux mêmes contraintes que lui, à la différence qu’étant une femme, elle représente le point faible de la cellule sociale, quelle que soit la forme que prend cette cellule.
C’est pour cette raison qu’on ne peut pas vraiment affirmer qu’au Moyen-Orient la femme est opprimée et l’homme libre. En effet, les sociétés arabes varientselon les systèmes politiques et économiques qu’ils ont adoptés. Partout où se trouve un homme libre, il y a une femme à-ses côtés, une femme qui, si elle ne jouit pas des mêmes libertés, est encore plus libre que l’homme qui vit dans un milieu social et politique opprimé.
On peut donc dire que, dans une telle société, la femme opprimée est la compagne, la soeur ou la mère d’un homme opprimé1 .
1 Mari assassiné ici à Pierrefonds.