Au transatlantique de mes vacances…un hublot de compassion !

Au transatlantique de mes vacances…un hublot de compassion !

À l’automne 2001, j’ai lu à la hâte Les femmes et la guerre de la poétesse, romancière et essayiste Madeleine Gagnon en me proposant d’en faire une relecture durant les vacances. Cette première lecture sans doute irrespectueuse, étant donnée la densité de vie exprimée dans l’œuvre, fut aussi une lecture interpellante pour moi puisque chaque bulletin de nouvelles relatif à la violence me ramène à cette œuvre.

 Dans un langage poétique d’où émerge une lueur d’espoir, l’auteure, avec ferveur et compassion, entraîne ses lectrices et ses lecteurs au sein de cet enfer où l’on rencontre l’horreur du vécu des femmes depuis les Balkans jusqu’au Proche-Orient et en Asie du Sud. Elle avoue avoir été provoquée à publier son livre à la demande expresse des victimes de la guerre qui la suppliaient en ces termes : “ Parlez de nous pour nous sauver ”.

C’est donc pour mieux parler de mes “ sœurs ” condamnées à faire partie des victimes de ces guerres que je vais relire les multiples expressions de leur détresse quotidienne qui transpirent à pleine page comme pour illustrer l’intraduisible.

À l’adresse d’éventuelles lectrices, j’ai glané quelques citations de cris entendus au cœur du texte :

“ Je ne veux pas être maltraitée par mon mari, je ne veux pas de belle-mère méchante ni de beau-père qui me lance des cailloux ; j’ai honte, honte de mon peuple, honte de cette misère, c’est la guerre dans la guerre. ” (Une jeune femme du Kosovo)

“ J’ai été violée par cinq Tchetnicks /…/ aucune des religions ne peut me consoler, ni la tienne ni la mienne,  j’irai vers celle dont le Dieu serait un homme et une femme faits chair pour s’aimer éternellement. ” (Une victime de Bosnie-Herzégovine)

“ J’ai connu la peur à chaque instant de chaque jour et de chaque nuit. Je ne faisais même plus de cauchemars, la frayeur-tout-le-temps avait barricadé mon imagination. ” (Une jeune femme du Skri Lanka)

La compassion exige temps et gratuité : deux composantes de vacances dans un pays sans champs de bataille… il faut s’entendre… Lire ou relire Les femmes et la guerre nous permettra de parler de nos sœurs de là-bas afin qu’un jour elles puissent goûter des moments favorables à la jouissance de leur liberté retrouvée dans la dignité

Léona Deschamps, du groupe Houlda