JEAN-PAUL II ET LES FEMMES

JEAN-PAUL II ET LES FEMMES

Nous sommes à l’ère de l’électronique. Karol Wojtyla depuis son accession au trône papal en a largement bénéficié. Il occupe une place importante dans les médias. Radios, journaux, télévisions du monde entier sont branchés sur l’antenne Wojtyla. L’Evêque polonais a un regard séduisant, il plaît aux foules, bref, il sait être un homme populaire.

Mais nous nourrissons actuellement quelques inquiétudes vis-à-vis cet engouement pour l’évêque de Rome. La puissance du pouvoir romain ne s’exprime plus comme dans le passé par la collusion avec le pouvoir politique. Il n’y a plus de « bras séculier », exécuteur des volontés romaines. Mais nous constatons que Jean-Paul II gagne indéniablement du terrain chez les masses populaires. Partout, on l’acclame. Il entre dans tous les foyers par les écrans de télévision. La presse écrite et télévisée contrôlée par les pouvoirs en place, devient l’outil privilégié pour la diffusion d’une certaine idéologie religieuse. Si les médias n’hésitent pas à assurer à Jean-Paul II une telle antenne, on peut soupçonner que le discours qu’il véhicule ne bouscule pas trop les projets politiques de nos dirigeants.

Avec le vent de conservatisme qui plane au dessus de nos têtes, les femmes ont plus que raison de s’inquiéter. Nous sommes les premières à être concernées par cette remontée de la droite.

Le mouvement féministe a profondément bousculé ces dernières années les modèles féminins et masculins de notre société. Les droits à la contraception, l’avortement, au divorce commencent à peine à être reconnus pour les femmes. Mais ils ne sont pas acquis définitivement. Ils sont en équilibre instable sur le fil de l’opinion publique. Il s’en faudrait de peu pour tout faire balancer.

Les nombreuses interventions de Jean-Paul II n’ont rien de réjouissant : un non catégorique à l’avortement tout en ne modifiant rien des positions de l’Eglise concernant la contraception. Le divorce n’est toujours pas permis, etc.

En même temps qu’on voit l’étau du pouvoir clérical se resserrer autour des femmes on entend Jean-Paul II louer ardemment Marie. Son homélie à la Basilique Notre-Dame de Guadeloupe au Mexique le 27 janvier dernier est particulièrement éloquent en ce sens. La Reine, la Servante, la Mère, sont acclamées avec ferveur par le pape. ·

Est-ce que la restriction de la liberté des femmes est liée à la glorification d’un modèle impossible ? On fait de Marie de Nazareth une reine, une vierge et mère.

Comme femmes nous ne voulons plus être réduites à la maternité ou à la virginité. Mais nous ne pouvons nous empêcher d’être inquiètes quand nous entendons les propos du premier Homme de l’Eglise. Nous ne voulons pas être des prophétesses de malheur mais notre espérance se sent peu nourrie ces-temps-ci.

Au chapitre des solidarités nous voudrions rappeler que le discours du pape ne fait pas qu’inquiéter les femmes « ordinaires ». Les religieuses aussi reçoivent leur appel à réintégrer les rangs de l’ordre et de la modération. Le discours de Jean-Paul II aux religieuses du Mexique (27 janvier 1979) est fort éloquent en ce sens. On vous l’offre en méditation …•

Montréal  Marie-André Roy