ÉCRIRE MON HISTOIRE
Monique Dumais, Houlda
J’ai passé deux années à écrire une partie de l’histoire des Ursulines de Rimouski. Le livre est paru en août 2005 sous le titre Au vent du large. Écrire, c’est toujours un processus où l’on fait des découvertes, où l’on se laisse saisir par le sujet et même emporter toujours plus loin.
Ma supérieure provinciale m’avait demandé de poursuivre la rédaction de l’histoire des Ursulines de Rimouski qui fêteraient en 2006 les 100 ans de leur présence dans cette ville du Bas-Saint-Laurent. Le livre À Rimouski, Il était un monastère…, écrit d’ailleurs par ma tante maternelle, Caroline, – c’est presque une entreprise familiale! – relatait les faits et péripéties des années 1906 à 1970 du monastère. Dans la vague des changements survenus dans le système éducatif québécois, les Ursulines avaient vendu leur monastère au ministère de l’Éducation, le monastère allait devenir une constituante de l’Université du Québec, une belle continuation de l’œuvre d’éducation commencée.
C’est avec une autre sœur, sœur Pierrette Chassé, qui avait une longue et prestigieuse expérience chez les Ursulines, – elle a été supérieure provinciale, supérieure générale – , que je me suis engagée dans l’oeuvre d’écriture. Un exercice de partage à la fois captivant et exigeant. D’abord il a fallu nous entendre sur notre compréhension de l’histoire à retracer, sur la façon de procéder, sur la répartition en chapitres, sur notre responsabilité respective dans la rédaction.
Il nous est apparu assez rapidement que nous procéderions non chronologiquement, mais selon des secteurs d’intérêt. Un vent de changement soufflait au début des années 1970: la Révolution tranquille au Québec, le concile Vatican II dans l’Église universelle, un synode diocésain à Rimouski. Comme les sœurs n’étaient plus impliquées dans une institution d’éducation privée, elles ont dû se chercher du travail comme la plupart de leurs contemporains. Des Ursulines de Rimouski se sont retrouvées dans des écoles publiques tant au primaire qu’au secondaire, dans des cégeps, à l’université, d’autres ont opté pour le travail pastoral, pour un engagement social, pour des sessions spirituelles, des retraites à donner. Toujours pour l’éducation. Oui, le changement donnait beaucoup de liberté et exigeait des prises de responsabilité. Il nous est apparu nécessaire de consacrer un chapitre au sujet: «Dans le vent des changements».
Comment nous sommes-nous documentées pour écrire ce livre? Aller cueillir dans les archives tant au niveau de la province de Rimouski que des annales de chaque maison, faire des entrevues avec des sœurs, demander aux sœurs des différents milieux de nous envoyer des informations précises et des photos. Quand nous parlons de Rimouski, il ne s’agit pas seulement de la ville de Rimouski, mais de la province religieuse des Ursulines de Rimouski qui s’étend à Baie-Comeau, en Gaspésie, dans la Matapédia.
Écrire ce livre, c’était écrire aussi mon histoire, puisque je fais partie de la communauté depuis 1961. Nous n’avons pas manqué de nous éblouir de tout ce que nous avons découvert dans les engagements si variés et si intenses de nos sœurs. C’est pourquoi nous avons manifesté dans l’introduction notre émerveillement: «Au fur et à mesure que nous progressions dans notre découverte historique, nous étions dans l’admiration de tout ce qui s’est vécu et accompli par les Ursulines de la province de Rimouski. Notre sentiment de communion avec chacune et d’appartenance à la communauté n’a cessé de croître. »