CREDO
Je crois
en le Source de la vie
qui jaillit de reconnaissance des origines
qui circule dans les êtres vivants
comme le sang dans les veines
qui coule en toute gratuité
comme le sang menstruel des femmes
qui se répand en toute générosité
en arrachant les obstacles
comme le sang d’une vie donnée
Je crois
en la Communication de la vie
comme è travers le souffle de la respiration
l’halètement de l’accouchement
et le soupir du mourant
comme dans le lien efficace de la parole
et les ondes énergisantes de l’amour
Je crois en la Vie
qui est Plénitude
Don, Pardon
et Abandon
Je crois en la force de la Vie
comme au tumulte du torrent
Je crois à l’amour qui unit les femmes et les hommes
dans la quête d’une humanité nouvelle
Je crois en l’utopie féministe
qui nous permet de dire autrement la divinité:
dans toute sa tendresse, c’est-à-dire Dieu et Déesse
Je vais à Dieu dans la sororité
j’y suis amenée par toutes les autres,
ces autres femmes, mères de la chair
et de l’intemporel
Béni sois-tu, bénies sommes-nous
femmes de joie, femmes de foi !
Je crois en un Dieu vivant, qui m’aime
dont je suis la fille rendue digne, autonome
et sauvée par lui
avec qui j’ai un rendez-vous pour l’éternité
Je crois en un Dieu d’amour
avec qui je peux communiquer
et que je peux servir en aimant les autres
Je crois en l’Esprit qui est amour
qui nous rassemble au-delà de nos différences
Je crois en l’Eglise de Jésus-Christ
où hommes et femmes sont égaux
Je crois que chacune de nous
et chaque femme partout dans le monde
est un lieu de révélation de Dieu-mère libératrice
Je crois que chacune
est une incarnation de Jésus ressuscité
et qu’è ce titre, chacune
est solidaire et responsable
de la clameur des femmes
pour le respect de leur dignité et de leur égalité
Je crois que chacune
est Parole inspirée et mise en mouvement de libération
par la Yuan » ou Esprit de Dieu
Je crois qu’ensemble, nous sommes aussi l’Église
Je crois qu’un jour nous surgirons de notre chair de femme
et nous vivrons dès ici-bas et pour l’éternité
égales et respectées
Je crois aux femmes « sujettes » de leur propre histoire
lorsqu’elles ont réussi à exorciser l’image
« chosifiante » ou « objectivante »
qu’un autre leur avait imaginée
Je crois aux femmes subversives;
par leur corps, leur langage, leur pensée, leur être,
elles désinstallent l’autre
Je crois aux femmes qui cheminent
pour se réapproprier leur territoire intime,
trilogie où s’imbriquent sang, cycle et fécondité
Je crois aux femmes qui apprivoisent leur rythme-femme
et osent proclamer leur désir
Je crois aux femmes qui, au mitan de leur âge,
luttent avec l’énergie du désespoir
pour acquérir une parcelle de liberté
De libertés qui pour nous,
femmes scolarisées et souvent intellectuelles,
semblent presque désuètes, d’une autre époque