Brèves, juin 2016

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Àvos agendas du 8 au 13 août 2016 à Montréal: 7e Forum mondial théologie et libération

Une place importante à l’approche féministe !

Résister, espérer, inventer : un autre monde est possible! – tel est le titre de ce 7e Forum où trois femmes de L’autre Parole sont engagées activement dans l’organisation. L’approche féministe sera présente entre autres lors d’un panel et d’un rituel féministes en plénière le 8 août. Participeront au panel : Kochurani Abraham (Inde), Maria Pilar Aquino (États-Unis et Mexique), Denise Couture (Québec), Mary Getui (Kenya), Pauline Jacob (Québec), Elisabeth Schüssler-Fiorenza (États-Unis) et Luiza Tomita (Brésil). Cette plénière sera présentée avec traduction simultanée en français, en anglais et en espagnol. Les coûts d’inscription sont modiques. Le lien pour s’inscrire : http://justicepaix.org/inscription-fmtl-2016/ (M.H.)

François, le pape, a répondu à une question de religieuses sur le diaconat féminin. Il s’en est suivi un buzz médiatique… Mais qu’est-ce qui s’est dit ?

i.media, l’agence de presse en langue française spécialisée sur le Vatican, a publié le verbatim de cette conversation. Il est important de s’approprier les mots, car le mandat qui sera donné à cette commission sera fort restreint et nous sommes loin d’un premier pas vers autre chose.

Le verbatim indique que le pape a déjà demandé à un grand érudit aujourd’hui décédé, ce qui en était de ces diaconesses au temps de l’Église primitive. Ce sage lui aurait répondu : « que le rôle des diaconesses était d’aider au baptême des femmes, l’immersion, elles les baptisaient, pour les convenances, aussi pour faire les onctions sur le corps des femmes, lors du baptême. Et aussi une chose curieuse : quand il y avait un jugement matrimonial, que le mari frappait la femme qui allait se plaindre à l’évêque, les diaconesses étaient chargées de voir les bleus laissés sur le corps de la femme par les coups du mari et d’informer l’évêque. » Ce n’est pas tout à fait ce à que l’on pouvait espérer…

Voici l’adresse pour le compte-rendu détaillé de cette rencontre : http://www.imedia-info.org/depeches/femmes-et-diaconat-propos-pape-francois-verbatim,34650.html .

Alice Gombault dans un communiqué pour FHEDLES élargit le débat en soulevant un questionnement des plus pertinents sur le ministère et la nécessité de repenser celui-ci. Pour en savoir plus, voir : http://fhedles.us6.list-manage.com/track/click?u
=0434d959b3d086fbf325ad7f4&id=203f893656&e=e625892c52

En septembre 1989, dans le no 43 de la revue, L’autre Parole avait publié un éditorial et nous indiquions entre autres :

Nous ne voulons pas promouvoir un sacerdoce proprement féminin à partir de qualités qui seraient intrinsèquement féminines. Nous ne croyons ni à un sacerdoce masculin, ni à un sacerdoce féminin. Pour nous, il ne devrait y avoir qu’un ministère ecclésial accompli par des femmes ou des hommes qui sont des sujets sexués dans l’histoire.

La demande d’accès à l’ordination des femmes ne signifie pas que l’on cautionne et approuve le ministère sacerdotal tel qu’il est conçu et pratiqué aujourd’hui, ni que nous sommes en faveur d’une Église hiérarchique où le pouvoir est concentré entre les mains des clercs. Si ce type d’Église ordonnait les femmes, nous ne cesserions pas pour autant nos revendications à son endroit. Cependant, nous ne voulons pas mettre notre revendication d’accès à l’égalité des femmes à la remorque de l’avènement éventuel d’une Église communautaire, démocratique. Si les femmes dans la société avaient attendu pour faire leur entrée en politique que celle-ci soit non sexiste, non macho, non élitiste, etc… elles attendraient encore… dans leur cuisine. Même si l’avènement de l’ordination des femmes n’offre pas de garantie absolue du renouvellement ecclésial, nous pensons qu’il favoriserait, à tout le moins, la réalisation de l’Église de notre espérance. (Voir : http://www.lautreparole.org/dossiers – Oui, à l’ordination des femmes !) (M.H.)

Le 18 mars 2016, le Centre de recherche Sophia/Sophia Research Centre de l’Université Saint-Paul accueillait la théologienne féministe, Mary E. Hunt, professeure titulaire et cofondatrice et codirectrice du mouvement (WATER) Women’s Alliance for Theology, Ethics and Ritual à Sylver Spring, Maryland.

Sa conférence, Catholic Women in a Change of Era / Les femmes catholiques à une époque de changement, développait comment les femmes vivent dans un temps liminal où les changements se déroulent plus vite et beaucoup plus profondément que l’on peut imaginer. Après un regard (assez négatif) sur le contexte catholique actuel, elle propose un plaidoyer pour un réel changement dans cette organisation qui fait encore beaucoup de discrimination au sujet des femmes, des personnes d’orientations sexuelles différentes, des LGBT, etc.

Dans son optique, les catholiques progressistes adhèrent de plus en plus au « catholicisme cosmique » ce qui inclut tout ce qui existe au sens spirituel et religieux. Il comprend la création divine en perpétuité de la vie humaine, la vie des animaux, des plantes, de tout ce que nous voyons et de tout ce que nous ne pouvons voir.

Elle présente comment les implications de ce mouvement touchent les ministères, la théologie, la politique, la spiritualité. Les « catholiques cosmiques » comprennent le Mystère et elles/ils en assument que les autres peuvent faire de même. Ce catholicisme attire parce qu’il reconnaît l’envergure de notre réalité et parce qu’il se construit sur la fondation forte du mouvement Jésus qui persiste en la saison de Pâques. Les femmes ont été témoins de la Résurrection et elles continuent leur témoignage pour indiquer que cela est toujours possible en l’affirmant dans les œuvres de justice et d’amour.

Pour en savoir davantage sur le « catholicisme cosmique » consulter le texte de Mary E. Hunt,

Cosmic Catholicism: A New Calling for a New Era; http://community.adriandominicans.org/Portals/0/pdfs/GeneralChapter2016/Cosmic-Catholicism-by-Mary-Hunt-PhD.pdf. (P.D.)

Photo: http://www.waterwomensalliance.org/mary-e-hunt/

Coalition objectif dignité a été créée en novembre 2015. Elle est un regroupement d’une vingtaine d’organismes qui luttent contre le projet de loi 70 qui va changer en profondeur le système d’aide sociale. L’approche privilégiée par le Gouvernement du Parti libéral est punitive alors que le droit à l’aide sociale représente une aide de dernier recours. Différentes actions ont eu cours depuis 2015, d’autres à venir sont toujours d’actualité. Voir le site de la Coalition pour plus d’informations : https://objectifdignite.org/documents/

L’étude du projet de loi a débuté à l’Assemblée nationale (A.N.). Voir le site de l’A.N. pour le détail : http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/commissions/cet/mandats/Mandat-34875/index.html

Il est urgent que le gouvernement accepte de changer des éléments fondamentaux dudit projet de loi avant son adoption. Les prestations de base de l’aide sociale (chèque de base : 616$ mensuellement) couvrent moins de la moitié des besoins de base (logement, nourriture, vêtements, transport, etc.). Il est inadmissible que des coupures puissent s’y greffer. (M.H.)

Un siècle et toujours en marche…

Christiane Sibilotte a eu 100 ans le 18 avril 2016. En 1995, elle était la doyenne des marcheuses. Elle a fait les 200 kilomètres de la Marche du pain et des roses âgée de 79 ans !

Pour souligner l’apport exceptionnel à la société québécoise et le siècle de cette femme hors du commun, pharmacienne de formation, féministe, religieuse chez les Sœurs auxiliatrices, arrivée au Québec en 1949 et chargée d’y établir une résidence permanente pour sa congrégation, Manon Massé, députée de Québec solidaire, lui a remis une médaille de l’Assemblée nationale. Les mots gravés sur cette médaille décrivent bien ce qu’elle inspire à celles et à ceux qui ont eu le plaisir de travailler ou militer avec elle : « À cette grande marcheuse qui ne cessera jamais de nous inspirer. »

De 1973 à 1995, Christiane Sibilotte a été pharmacienne à la Pharmacie populaire de Pointe-Saint-Charles, un des quartiers les plus défavorisés de Montréal. Elles sont dix religieuses auxiliatrices au Québec. Ce sont des femmes engagées entre autres auprès des groupes de femmes, des jeunes et moins jeunes.

Les femmes de L’autre Parole sont heureuses de souligner l’engagement indéfectible de cette femme au fil des années. (M.H.)

Source : http://presence-info.ca/article/la-medaille-de-l-assemblee-nationale-remise-a-une-religieuse-feministe

Photo, source : http://presence-info.ca/article/eglises/le-siecle-de-christiane-sibillotte-religieuse-rebelle

Elles nous ont quittées…

Marie-Claire Kirkland-Casgrain, pionnière et avocate de formation, a été la première femme élue députée en 1961 à ce qui s’appelait alors l’Assemblée législative du Québec, elle a été la première femme membre du Conseil des ministres (1962). Seule femme à siéger au gouvernement du Québec de 1961 à 1973, elle quitte la politique lorsqu’elle devient la première femme juge au Québec et à sa mort, survenue le 24 mars 2016, à l’âge de 91 ans, elle est la première femme à obtenir des funérailles nationales.

Nous devons à madame Kirkland-Casgrain la présentation de nombreux projets de loi qui ont changé la vie des Québécoises. Ainsi, en 1964, elle fait adopter la Loi sur la capacité juridique de la femme mariée. En 1969, c’est la Loi sur les régimes matrimoniaux et l’établissement de la société d’acquêts. En 1973, on vote la Loi établissant un Conseil du statut de la femme. Nous rendons hommage à cette femme pour son implication en politique et à la cause des femmes. Elle a ouvert des portes, elle a servi de modèle. (M.H.)

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Claire_Kirkland-Casgrain (2016-05-16)

Photo, source : http://www.ledevoir.com/non-classe/468680/l-immeuble-de-la-cour-municipale-renomme-a-la-memoire-de-claire-kirkland-casgrain

Thérèse Clerc, cette militante féministe française engagée dans tous les grands débats pour la libération du corps et de la sexualité des femmes, puisait dans les Évangiles une source d’inspiration forte pour affirmer la radicalité de sa quête de liberté et de justice pour toutes les femmes. Bâtisseuse, femme d’innovation et d’audace, elle a fait ses armes dans le mouvement pacifiste contre les guerres d’Indochine et d’Algérie. Elle avait fondé Celles de la terre, sorte d’Ekklesia des femmes qui avait de grandes complicités avec L’autre Parole. Elle a aussi mis sur pied UNISAVIE, (UNIversité du Savoir des VIEux), sorte d’université populaire qui misait sur la transmission du savoir des personnes âgées. Membre du Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception, elle appuie la pratique clandestine des avortements jusqu’au moment de la promulgation de la loi Veil, en janvier 1975.

Ces dernières années particulièrement, elle est devenue une figure importante de la ville de Montreuil. Elle a créé en 2000, la Maison des femmes de cette ville qui a été baptisée du nom de Thérèse Clerc, en sa présence, en janvier 2016. Elle a également fondé la Maison des Babayagas, un projet novateur qui a pris 15 ans à éclore. C’est un lieu autogéré pour des femmes de 60 à 80 ans, retraitées à faible revenu qui veulent vivre indépendantes, libres et utiles. Elles résident près du métro et des services. Le concept a déjà fait des petits ici et là dans le monde quoique le Québec tarde encore à mettre sur pied une maison de ce type pour les femmes retraitées qui veulent s’entraider. Elle a participé à des documentaires sur le vieillissement rendant un témoignage marquant sur le grand âge et la sexualité des femmes vieillissantes.

Danielle Michel-Chich a écrit une biographie intitulée : Thérèse Clerc, Antigone aux cheveux blancs.

D’elle on peut dire qu’elle a beaucoup aimé. Amie de nombreuses Québécoises, elle s’est éteinte paisiblement des suites d’un cancer foudroyant le 16 février 2016. Elle avait 88 ans. Merci à Thérèse Clerc pour ce militantisme joyeux, semé là-bas et ici au Québec. (M.H.)

Source : http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2016/02/16/mort-de-la-militante-feministe-therese-clerc_4866423_3382.html (2016-05-16)

Source sur la maison des Babayagas : http://www.liberation.fr/futurs/2014/02/02/les-babayagas-la-silver-solidarite-au-quotidien_977239

Source de la photo : http://leslettresdelaurelineamanieux.blogspot.ca/2010/05/therese-clerc-et-les-babayagas.html

À écouter

La compositrice Ana Sokolovic est au Québec depuis 1992. En un peu plus de vingt ans, cette femme a obtenu un hommage de grande envergure. Entre septembre 2011 et octobre 2012, ce sont quelque deux cents concerts et activités à travers le pays qui ont mis de l’avant ses compositions. Une musique contemporaine qui sait rejoindre un grand public. C’est un exploit dans le domaine ! Des milliers d’hommes et de femmes à travers le pays ont entendu au moins une œuvre de cette Québécoise sans compter le réseau scolaire québécois qui a été mis à contribution pour le Grand jeu/Grande écoute.

Aujourd’hui, Ensemble Transmission lui consacre un CD intitulé : Ana Sokolovic – Folklore imaginaire. Enregistré dans des conditions optimales à la Chapelle historique du Bon-Pasteur, vous y entendrez des œuvres pour instruments solistes : Lori Freedman à la clarinette mi bémol dans Mesh, Brigitte Poulin au piano dans Trois études et Julie Trudeau au violoncelle dans Vez. Ensemble Transmission pourrait vous faire entrer dans le monde de la musique contemporaine par le petit côté ludique de la musique d’Ana Sokolovic.

Pour en savoir plus sur cette compositrice qui écrira la musique de Christine, La Reine-Garçon du dramaturge québécois Michel Marc Bouchard : http://www.anasokolovic.com/fr/accueil (M.H.)

Ana Sokolovic – Folklore Imaginaire

Ensemble Transmission

Naxos, 2016

À lire

L’auteure, Christine Pedotti, est connue au Québec pour son écriture à quatre mains avec Anne Soupa de : Les pieds dans le bénitier.

Cette fois, c’est à la réécriture de toute la Bible à laquelle elle s’attèle. Ces 350 pages ne couvrent que la Genèse et l’Exode, les deux premiers livres de la Bible. Ce tome 1 s’adresse surtout à qui trouve trop aride la lecture des textes d’origine. Elle utilise un procédé astucieux, elle fait revivre les commencements du judaïsme et du christianisme par le conteur au temps où l’histoire se transmettait par la parole… En fait, nous avons même droit à deux conteurs qui se retrouvent dans un même groupe et qui échangent sur les multiples versions d’un même événement. Donc, Pedotti rappelle que la forme définitive à laquelle nous avons accès est le fruit de diverses versions qui ont circulé de bouche à oreille et que les conteurs ont pu interpréter différemment. Si ce premier volet est une belle réussite, je reste insatisfaite de la présence des personnages féminins. Les conteurs, des personnages inventés par Pedotti, sont attachants alors que les femmes semblent tellement secondaires ? Mais pour la survie dans le désert et la transmission de la religion, elles ne l’étaient pas ! (M.H.)

La Bible racontée comme un roman

Christine Pedotti

XO Éditions, Paris

2015, 349 pages

Pour écrire à l’auteure : c.pedotti@gmail.com

Dans son essai, très documenté de Platon aux analyses féministes 2013, Diane Ducret, historienne et auteure française, présente un portrait historique, social, géopolitique et culturel du sexe féminin. Par flashs, elle démontre le grand désiré et l’effroyable incompris qu’il fut pour les hommes au détriment des femmes. Un livre incontournable après la Marche mondiale des femmes 2015 au slogan « Libérons nos corps, notre terre et nos territoires ». Avec l’historienne, nous, marcheuses, affirmons « de notre chair que certains voudraient interdite, nous ferons un organe de liberté, triomphant des lois, des bourreaux, des censeurs, sans se soucier de plaire ou de déplaire ». (L.D.)

La chair interdite

Diane Ducret

Éditions Albin Michel

Paris, 2014

362 pages

Un ouvrage collectif, où les auteures portent un éclairage informé sur le corps des femmes selon diverses disciplines : criminologie, service social, anthropologie, gérontologie, sociologie du travail et politique. Les titres des trois parties montrent bien les contenus d’analyse : ‘De la « nature féminine » : histoire des savoirs’, ‘Disciplinarisation et technologies politiques du corps’ et ‘De l’appropriation du corps des femmes ou des jeux du visible et de l’invisible’. Après lecture, il ressort de cela que les femmes, tout en identifiant les méfaits des savoirs patriarcaux sur leur vie, créent des pratiques de résistances pour accéder à leur véritable statut. (L.D.)

Du corps des femmes : contrôles, surveillance et résistances

sous la direction de Sylvie Frigon et Michèle Kérisit

Études des femmes no 6

Les presses de l’Université d’Ottawa, 2000

303 pages

France Martineau, linguiste de renommée internationale, n’était pas connue du grand public. Avec ce premier roman, disons récit ou témoignage sur les impacts de la violence physique et sexuelle sur les enfants devenus grands, il en sera autrement. Vous commencez et vous ne voyez pas le temps passer. Vous êtes prise par les mots de l’enfant, par les confidences de l’adolescente, par la douleur qui se retourne contre soi. Un roman de souffrance, souffrance par le père, par la mère… ceux qui doivent protéger et qui ne protègent plus. Long cheminement pour se construire, pour dire, avoir les mots pour dire l’innommable pour remettre à qui de droit le sentiment de culpabilité. Bonsoir la muette, c’est justement cela. Nous attendons de lire sous la plume de France Martineau un roman qui saura, nul doute, nous transporter dans un autre monde avec autant de force, de sensibilité et d’authenticité. (M.H.)

Bonsoir la muette

France Martineau

Les Éditions Sémaphore

2016, 105 pages

Poésie

Innue de Betsiamites, Joséphine Bacon vit à Montréal, réalise des films documentaires et compose des chansons interprétées par Chloé Sainte-Marie. Dans Bâtons à message – Tshissinuatshitakana, son premier recueil de poésie, elle nous parle de la culture orale, de la perte de cette culture et de l’importance des rêves pour retrouver les traces de nos origines.

Dans Moelle – Uinn, elle raconte : « Je suis adoptée,/Je suis maltraitée,/Je suis orpheline. » et « Mon fils,/tu es rejeté,/tu as de la peine/de ne pas savoir/qui tu es. »

« J’ai su écrire en lisant/le Tshishe-Manitu [Dieu ou le Grand Esprit] des missels. /Je n’étais pas esclave,/Dieu a fait de moi son esclave. […] »

Une poésie ancrée dans la douleur du déracinement, dans la recherche d’où l’on vient pour être et aller de l’avant. On lit et relit pour comprendre les Premières nations et l’impact du colonialisme. (M.H.)

Bâtons à message – Tshissinuatshitakana

Joséphine Bacon

Mémoire d’encrier

2009, 143 pages

L’auteure, Denyse Marleau, nous donne un premier recueil de poésie. Cette femme exerce plusieurs métiers : compositrice-interprète de chansons, animatrice à la télévision et à la radio. Vous connaissez déjà quelques-unes de ses compositions si vous êtes abonnées à la revue L’autre Parole puisqu’elle est membre de la collective et a créé seule ou avec ses sœurs, Diane et Marie, plusieurs chants des célébrations de la collective.

Nous sommes conviées à une poésie chantante qui raconte entre autres choses le travail de la poétesse dans L’intuition : « comme je voudrais parfois/comprendre mieux ces voix/que j’entends tout au fond ». Elle nous rappelle dans Le secret de l’amour que « le bonheur/Il est tout près, si près/il vient à nous, il connaît le chemin ». Elle nous fait voir la beauté de vieillir dans Devenir « Devenir lentement/celle que je suis ». Douces réflexions dans Célibat et L’amour : « J’ai entendu l’amour parler/L’avons-nous écouté ».

On lit une fois, on veut relire pour se remémorer les mots chantés pour dire les émois, les émotions, les réflexions de et sur la vie.

Vous pouvez commander ce recueil à l’adresse suivante : editionsa3brins@gmail.com. (M.H.)

Murmures d’espoir

Denyse Marleau

Les Éditions A3Brins

2010, 46 pages

À voir

Dans le cadre du 18e Festival du film de l’Outaouais 2016, j’ai eu le privilège d’être membre du jury et de visionner le film yéménite, Nojoom, 10 ans, divorcée réalisé par Khadija Al Salami. Il s’agit d’une adaptation du livre du même titre. Un film troublant basé sur un fait vécu.

Nojoom est mariée de force à 10 ans à un homme beaucoup plus âgé, en échange d’une somme d’argent qui permet à son père de régler ses dettes. La petite fille est battue, et ne veut pas s’acquitter des tâches de servitude qu’on lui assigne. Elle ira par elle-même vers un juge pour demander le divorce.

Un film qui permet de mieux saisir les enjeux d’une société tribale concernant le mariage des petites filles. Il est à noter que la réalisatrice qui a vécu le même drame réussit à nous faire comprendre cette réalité vécue par plus de 15 millions de petites filles dans le monde.

Bonne nouvelle : le film vient d’être acheté et sera présenté au cours de la prochaine année au Canada. Il a remporté à la fois le prix du public et le prix du jury de la critique au Festival du film de l’Outaouais à Gatineau. (D.M.)