Réécriture de Luc 15, 11-32
Une mère et ses deux filles
Cette mère est une féministe convaincue. Elle a élevé ses filles avec ses valeurs. Celles-ci ont pris pour acquis que tout leur était dû et n’ont jamais soupçonné le dur combat qu’avaient mené leur grand-mère et leur mère pour améliorer la condition des femmes dans la société : obtenir le droit de vote, de propriété, de capacité juridique, d’études supérieures et donc, par le fait même, la possibilité d’exercer le métier de leur choix ou la profession de leur rêve.
La cadette comprend mal l’attitude de sa mère à l’égard des hommes et ne lui pardonne pas son divorce. Elle décide d’abandonner les études et d’aller travailler. De son côté, l’aînée reste très attachée à sa mère et décide de couper les ponts avec sa sœur.
La cadette a tôt fait de vivre au-dessus de ses moyens. Elle s’endette, multiplie les expériences, et réalise que la vie est moins facile qu’elle ne le croyait. Elle se retrouve désenchantée. Elle prend conscience que sa mère avait raison sur bien des points concernant les hommes. L’égalité reste à faire dans le milieu de l’emploi comme ailleurs. Elle regrette son départ. Elle se dit : chez maman, je serai logée et nourrie, et puis, elle va être contente de me voir revenir.
À son arrivée à la maison, sa mère lui ouvre les bras et manifeste une grande joie. Dans un élan d’enthousiasme, elle invite sa fille au restaurant de son choix et lui suggère d’amener des amis. Sa sœur aînée bien qu’invitée, boude et refuse de les accompagner. Sa mère comprend son amertume.
L’aînée lui dit : “Quand ma sœur est partie, elle savait que tu avais le cancer et elle nous a quittées quand même. Moi, je suis toujours restée auprès de toi. Je t’ai soignée, je t’ai accompagnée au cours de tes traitements de chimiothérapie, je me suis inquiétée pour toi. Elle, qu’a-t-elle fait ?”
Sa mère lui répond : “Tu n’as pas à être jalouse de l’amour que je porte à ta sœur. Il ne t’enlève rien. Viens avec nous sinon, ma joie ne sera pas complète.”