De Marie de l’Incarnation aux femmes sénégalaises

De Marie de l’Incarnation aux femmes sénégalaises

Mai 1999. Le temps des voyages m’a conduite en l’espace de 13 jours, du 11au 24, des rives étroites de la Loire, à Tours, à celles grandioses de l’Atlantique à Dakar, au Sénégal. En si peu de temps, j’ai pu vivre intensément des rencontres très diversifiées.

Oui, j’ai refait le chemin inverse, du Québec vers la France, pour célébrer le 400e anniversaire de naissance de Marie Guyart elle qui est venue, dans des conditions précaires, de Tours vers la Nouvelle-France, pour fonder les Ursulines. À cette occasion, une « solidarité transocéanique » s’est développée tout au long d’un colloque qui s’est tenu les 14 et 15 mai à l’Univrsité François Rabelais à Tours. Françoise Deroy Pineau, auteure de Marie de l’Incarnation, Marie Guyart, femme d’affaires, mystique, mère de la Nouvelle-France, avait organisé cet événement. Différents aspects de la grande Tourangelle ont été louanges. Son œuvre d’éducation et ses nombreux écrits historiques et spirituels sont un précieux héritage pour nous aujourd’hui. Sa course en corps et en esprit à travers le monde suscite notre admiration et soutient notre propre élan.

Se rendre dans un nouveau continent est déjà un aventure en soi. Participer à un colloque international de la recherche féministe en francophonie plurielle, au cœur de l’Afrique noire en est une autre. Là, j’ai pu écouter les revendications des femmes africaines aux prises avec de graves questions économiques, avec les interprétations multiples du Coran, avec la mise en place d’un code de la famille, avec la polygamie, l’excision, etc. Les Sénégalaises à l’allure très fière, à l’élégance éblouissante, à l’accueil très amical sont entrées plus vivement dans ma conscience sociale.

Fatou Sow, professeure à l’Université Cheik Anta Diop, a mené avec un rare doigté cette rencontre internationale et nous a fait vibrer au-delà du colloque en nous guidant à travers les quartiers achalandés de Dakar, dans l’île de Corée, au Musée de la femme et à la Maison de l’Esclave, à Fadiouth au cimetière

en coquillages et à son grenier de mil sur pilotis. Entendre l’immense vague de la mer, sentir les fortes odeurs poissonneuses, être physiquement touchée par les vendeurs qui nous assaillent, admirer les femmes coiffées d’un large plateau de bananes, voilà quelques impressions sensorielles qui me restent de ce grand peuple de Dakar.

Je retiens aussi du colloque sénégalais le témoignage de ces quatre femmes qui gèrent une banque agricole pour les femmes et qui viennent de la lointaine Casamance. Elles ont manifesté une vigueur de femmes qui agissent et veulent transformer leur monde. Encore et encore les femmes travaillent, sont au centre de la vie du monde. Action d’un levain invisible, mais combien efficace

MONIQUE DUMAIS, HOULDA