Christa dans notre vie

Christa dans notre vie

Comment la Christa s’incarne-t-elle dans notre vie ? Pour moi la Christa est là, présente. Elle s’incarne en nous, elle nous révèle à nous-mêmes. Elle est une partie de Dieue en nous. Elle peut avoir plusieurs aspects selon les circonstances. Christa s’inscrit dans notre corps de femme, dans notre réalité quotidienne. Elle nous fait devenir. Nous sommes toutes des Christas en devenir, nous portons chacune cette incarnation. Mais à nous de la découvrir à travers les événements de notre vie. Cette incarnation transforme nos vies et nous libère. Elle prend sens dans notre réalité et dans notre corps.

La Christa est pour moi glorieuse, elle est à l’image de la femme, c’est-à-dire qu’elle est à la fois forte et fragile et qu’elle n’est pas normative. Elle prend forme dans ma réalité de chrétienne à partir de mes souffrances et de mes joies. Elle me révèle ma fragilité et ma force. Elle me fait voir que la perfection, c’est d’accepter d’être imparfaite. D’avoir des limites me pousse à aller explorer de nouvelles avenues dont je ne savais pas l’existence. Christa me fait prendre conscience que ma fragilité humaine fait partie de ma réalité et qu’en l’acceptant je peux devenir souveraine de mon existence. La fragilité devient alors une partie de moi, que je cesse d’ignorer, car elle est source de dépassement. Et je fais le choix que Christa soit pour moi une source de dépassement.

Christa est aussi une source de communion, car elle a en mémoire la souffrance des femmes, elle n’oublie pas les nombreuses femmes qui ont souffert. Elle compatit à notre première souffrance et nous pousse à aller au-delà pour que nous soyons agissantes. Christa est agissante et nos actions ont un sens, car elles prennent forme dans notre foi. Notre responsabilité face à notre Christa est de devenir et de nous laisser transformer. Mais ce qui est merveilleux dans tout cela, c’est le chemin dans lequel nous trouvons le moyen de nous nourrir de Dieue par notre Christa puisqu’elle a de multiples visages. Donc, nous sommes toutes porteuses d’une Christa en devenir. Finalement, nous allons la laisser agir, la laisser nous révéler à nous-mêmes puisqu’elle s’incarne dans notre humanité.

Synthèse des ateliers

La remontée des ateliers nous a, une fois de plus, émerveillées par la richesse et la diversité des prises de parole. Nous avons retenu, dans un effort de synthèse, les cinq éléments suivants.

La libération d’une parole libératrice

La parole partagée sur la Christa a été expérimentée à la fois comme une libération de la parole et comme une parole de libération. Nous expérimentons une libération de la parole des femmes dans un domaine réservé aux spécialistes et aux hommes, la chritologie, que nous voudrions appeler la chistalogie. Cette parole libère des dogmatismes parce qu’elle part de l’expérience des femmes, des souffrances et des joies, et d’une expérience spirituelle à laquelle des femmes donnent sens.

Dire Christa, c’est s’engager dans une façon nouvelle de parier du Christ à partir de ce que nous sommes comme femmes. Ce langage donne une force pour avancer vers le sacré. Inconsciemment, le masculin l’emporte toujours dans la représentation du divin. Dire Christa, c’est remettre en question jusqu’aux sources inconscientes qui déterminent notre façon de dire le divin. Il s’agit de se réapproprier une symbolisation du sacré. Le « a », dans le mot « Christa », nous appelle à être davantage femme, à agir pour être bien et non comme une personne exploitée. Elle donne une confiance en soi et valorise notre être de femme. En ce sens, il y a une parole qui libère et qui se libère, qui va jusqu’à être prophète et annoncer une transformation.

Une incarnation du divin au coeur des expériences de femmes

La Christa introduit à la dimension spirituelle dans une perspective féministe. Comment s’incarner comme féministe et chrétienne ? L’incarnation en christianisme demande une prise au sérieux de la condition humaine. Christa pousse à vivre son humanité dans toutes ses dimensions.  Le message de l’Évangile s’incarne dans la vie d’aujourd’hui et Christa rappelle l’incarnation du divin dans les corps de femmes. Elle s’incarne dans un groupe, en soi-même, dans les autres. Il est libérateur de faire des liens entre les femmes.

L’intensité d’une présence

Christa est expérimentée comme étant intensément présente. À l’intérieur de soi, elle est une partie inconnue qui repousse et attire en avant. Chez les autres, elle est énergie, signe, regard des autres sur soi. Elle concerne notre expérience de femmes. Elle convoque à une attitude d’esprit, à un effort pour la découvrir, à envisager de nouvelles avenues, à pousser ses capacités jusqu’au bout, là où nos fragilités peuvent devenir nos forces. Elle pousse à l’audace dans une dimension prophétique; elle pousse à la sororité au-delà des appartenances spécifiques à l’intérieur du mouvement féministe. Dans cette perspective, nous ne subissons plus, nous sommes pro-actives.

Christa peut être vue à partir de l’image de la mise au monde : il y a ce travail souffrant lors duquel l’on pousse pour faire naître; puis il y a délivrance.

«Nous sommes Christa»

Christa est communautaire. Elle a l’aspect public de quelque chose qui nous arrive. « Nous sommes Christas en route ». Croire à la résurrection serait se penser comme Christas en route dans une dynamique de mort, de vie et d’espérance. C’est autant dans les dimensions homme que femme que Jésus ressuscite. Cela nous amène à regarder nos soeurs comme des Christas et éveille en nous la compassion et la solidarité.

Un non-sens

L’ensemble des membres de L’autre Parole a construit des sens autour de la Christa, de manière créative, sans entrave, sans remise en question fondamentale de ce terme qui nous vient de la tradition de la théologie féministe qui, elle-même, a reconstruit un terme traditionnel du christianisme en le féminisant. Nous avons construit sur une construction.

Mais l’une d’entre nous ne voyait pas ce que Christa pouvait signifier. Christa est demeurée, pour elle, logée dans une absence de sens; ce qui faisait sens, c’était l’écoute enrichissante des expériences des autres femmes.

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Parler de Christas modifie la vision de soi et des autres en relation avec le divin. Nous sortons d’un enfermement dogmatique et d’une uniformisation, et l’on ne finit plus de faire des découvertes à travers une christalogie pour l’ekklèsia. Pour cela, nous avons repris des catégories de la tradition pour nous les approprier et nous avons développer un vocabulaire susceptible de traduire comment la Christa agit dans nos vies. Elle est une parole féministe et chrétienne qui se libère…