DIEU AU FÉMININ. IMAGES FÉMININES DE DIEU DANS LA BIBLE.
Facile à lire par toute personne intéressée à mieux saisir le rapport du Dieu biblique aux femmes.
Certaines images nous sont familières comme la sage-femme, la femme qui accouche, la femme qui allaite, la maîtresse de maison, la boulangère. Ces images on habituellement été présentées comme une valorisation de fonctions traditionnellement dévolues aux femmes. L’auteure en fait, elle, une lecture qui, loin d’enfermer les femmes dans des tâches spécifiques, les présente plutôt comme des incarnations du Dieu biblique.
Ce volume nous met aussi en contact avec des images féminines de Dieu moins connues. L’auteure analyse, par exemple, l’identification de Yahvé avec la mère ourse et à la mère aigle, de même que l’identification du Christ au pélican femelle. Dieu-mère-aigle établit son rapport à l’humanité sans égard au sexe des êtres humains. « Alors que l’imagerie traditionnelle fait de Dieu un être masculin (qui)voit (ses) enfants comme des êtres féminins, l’image de l’aigle renverse l’équation(…) Dieu est l’aigle femelle et nous, les humains, sommes les aiglons apprenant à nous débrouiller seuls » (p.102). À travers le livre du prophète Osée, Dieu se présente à l’humanité sous la figure de la mère-ourse-en-colère, « un Dieu-mère prise d’une fureur défiant tous les stéréotypes de l’habituelle « représentation plus douce et plus sentimentale de la mère aimante et prête à se sacrifier » (p.67). Le psaume 102, reconnu comme un psaume messianique, représente le Christ dans l’image du pélican femelle: « Le Christ est à l’Église ce que la mère pélican est à ses petits » (p.59), leur redonnant vie après que le pélican mâle ait tué sa progéniture. Quel présage pour nous les femmes dans la communauté croyante contemporaine où « les représentations exclusivement masculines de Dieu sont en train de nous démoraliser » (p.62).
Courez vite acheter ce petit volume dont chaque chapitre affirme avec toute l’intégrité exégétique requise que Dieu s’est révélé aussi à travers des femmes et des images féminines très éloquentes. Aussi l’auteure se sent-elle justifiée d’affirmer dès le premier chapitre que « se servir du langage inclusif pour parler de Dieu est un pas dans la bonne direction. Ce n’est qu’un début (…). (…) en utilisant les représentations féminines de Dieu dans la Bible, ils (leaders religieux) feraient la preuve de la sincérité de leur engagement à travailler pour la justice, la paix et l’amour entre les humains » (p.26)
Pour tout dire, ce volume constitue un apport remarquable à la réflexion féministe déjà amorcée qui sait mettre à découvert des trésors bibliques si longtemps occultés par les discours trop exclusivement masculins.
Virginia RAMEY MOLLENKOTT, Éd. Paulines, Le Centurion, 1990, 137p.
Réjeanne Martin – Vasthi