Le syndicalisme féminin
Marie J. Gérin-Lajoie
« Si le syndicat féminin n’est pas une simple modification des œuvres de bienfaisance et de patronage, s’il est véritablement une institution originale qui repose en somme sur le fait et la reconnaissance de l’existence d’une classe de travailleuses dans le monde économique, n’est-il pas en quelque sorte, une manifestation du féminisme ? Et faut-il s’en effrayer ? Toute doctrine, tout mouvement, toute transformation sociale qui tend à étendre, à fortifier l’influence féminine, c’est assurément du féminisme au sens originel du mot. […]
Faut-il trouver mauvais que la femme, chaque fois que les circonstances le permettent, puisse développer ses plus hautes facultés, s’approprier les moyens de gagner sa vie, de sauvegarder son indépendance, se servir des moyens d’augmenter le rendement de son dévouement partout où il s’exerce ? […]
Le syndicat féminin fait profession de féminisme. Il est la légitime expression de ce droit naturel que possède la femme comme l’homme, de s’associer pour poursuivre une fin légitime et quelle fin plus légitime que celle d’obtenir justice. »[1]
[1] Marie J. GÉRIN-LAJOIE, « Le syndicalisme féminin », Extrait d’une conférence prononcée à la Deuxième Semaine sociale du Canada, 1921, Québec, L’Action paroissiale, 1922, p. 283-307.