UNE FEMME PARMI LES HOMMES
Esther Blondin – Mère Marie-Anne Monique Hamelin, Vasthi
Esther Blondin est la troisième d’une famille de12 enfants. Cette Terrebonnienne est analphabète jusqu’à l’âge de 20 ans. Elle devient une éducatrice hors pair et fonde les Sœurs de Sainte-Anne, une communauté dédiée à l’instruction des pauvres de la campagne. Plusieurs Québécoises et Québécois ont pu profiter de l’enseignement donné par ces religieuses.
Une image m’est apparue en lisant la correspondance et les témoignages présentés et commentés d’une manière magistrale par Christine Mailloux dans Esther Blondin – Un voyage, une passion, publiés chez Médiaspaul en 2010. L’image qui m’est venue est celle d’une femme parmi les hommes, les hommes de robe cette fois! Et cela me rappelait l’entrée des femmes en politique quelques décennies plus tard, et du machisme et du sexisme dont elles furent l’objet.
Esther Blondin a fondé une communauté et monseigneur Ignace Bourget parle d’un homme de robe comme le « fondateur »! Elle doit se plier aux volontés de son évêque au doigt, à la lettre et à l’esprit de la lettre sinon, elle se fait vertement rabrouer, même humilier. La soumission est demandée particulièrement par l’abbé Louis-Adolphe Maréchal qui a l’oreille de monseigneur Bourget. Il n’accepte pas les initiatives de la fondatrice. C’est dans la soumission que cette femme de tête et de cœur accepte les destitutions. Le temps lui donnera raison, mais elle a eu son chemin de croix de son vivant.
Plusieurs expressions dans cette correspondance sont d’une autre époque. Quelques expressions font sourire. Parmi les perles lues, il y a ces mots de monseigneur Bourget à Mère Marie-Anne :
« […] et il est à espérer que vos bonnes et ferventes prières auront fait tomber des nuées l’homme que le ciel vous destine, pour arroser votre nouvelle communauté de la rosée vivifiante qui doit la fertiliser […] » (p. 58).