Billet…* « Espérer au-delà de toute espérance » …de Louise Melançon
Célébrer 35 ans d’engagement féministe comme le fait L’autre Parole, en ce mois d’août 2011, représente des moments de fête, de rassemblement, de joie, mais aussi des moments de retour vers les commencements, d’évaluation du chemin parcouru et de réflexion sur ce que nous devenons.
L’autre Paroleest née en plein mouvement féministe des années 1970, soulevée par l’espoir irrépressible de changements pour les femmes dans la société, mais aussi, pour les croyantes, dans leur Église. Déjà le concile Vatican II avait apporté son lot d’espérances. La conjugaison des deux mouvements donnait des ailes à notre groupe qui ralliait plusieurs femmes touchées par la conscience féministe. Alliées du mouvement féministe social, nous nous sommes trouvées bientôt plus marginales par rapport à l’Église qui ne montrait pas d’ouverture à la hauteur de nos désirs. Les années 1990 amenant de plus en plus de fermeture de la part des autorités ecclésiastiques, en ce qui concernait la remise en question des ministères, notre espérance en a alors pris un coup.
Nous avons continué, malgré tout, à vivre notre foi dans notre collective, en explorant toujours de nouvelles manières de comprendre les Évangiles à partir de nos expériences de femmes en mouvement. Nous avons créé nos ritualités, nos prières, nos célébrations. Mais avec les années 2000, notre groupe vieillissant, nos espoirs sont confrontés à la relève… Des mutations culturelles importantes dans les nouvelles générations, la sécularisation radicale de nos sociétés, le recul de l’enseignement religieux, constituent un moment où les femmes plus jeunes ne répondent plus – ou moins – à l’appel, pourrait-on dire de la part de notre expérience d’aînées féministes engagées. Par contre, de nouveaux moyens de communication peuvent nous être favorables pour transmettre ce qui nous fait vivre et travailler depuis 35 ans… Et là, nous sommes vraiment sollicitées à « espérer au-delà de toute espérance »…