AU-DELÀ DES MOTS…
Line Bélanger, Rimouski.
Suis-je féministe ? Suis-je chrétienne ? Comment être à la fois féministe et chrétienne ?
Au-delà des mots, je crois qu’il y a la vie. Il y a mon expérience de lutte avec des jeunes du secondaire et avec des personnes handicapées en quête de leur droit à une éducation. Il y a ma situation de vie conjugale marginalisée par l’Église. Il y a ma fille et toutes les questions que je me pose quant à ma relation mère/fille. Il y a les oppressions que je vis comme femme à tous les jours. Il y a cette expérience de foi que j’essaie de vivre à travers les actions que je pose avec des hommes et des femmes.
Bref, je suis une femme qui s’identifie à une Église au service du peuple. J’ai toujours été distante par rapport aux lieux d’engagement dans la structure paroissiale. Je me retrouve plus dans des groupes davantage autonomes où J’ai moi-même une certaine liberté d’action et de pensée. L’Église/institution ne me rejoint pas dans son discours et dans sa façon d’être avec le monde. Je continue à dire que je fais partie d’une Église, mais d’une Église où hommes et femmes peuvent s’exprimer, décider, se réapproprier la Parole de Dieu et en discerner l’incidence sur leur vie et sur le devenir d’une communauté. Évidemment, les lieux pour célébrer ma foi sont limités à part quelques groupes dans le milieu. Tout en continuant à agir, sur l’Église/institution, je cherche cette « parole » dans une Église qui me fait vivre.
Ayant milité dans des groupes populaires, j’ai eu souvent à porter le fardeau de contradictions de l’Église/institution. Chose que je ne trouvais pas facile. Je crois qu’il faut le vivre pour vraiment s’apercevoir que cette rupture (chrétien-ne/non-chrétienne) est source de recherche d’options plus fondamentale.
Mais ce que je veux avant tout, c’est tendre à vivre un rapport plus égalitaire entre homme et femme dans notre société. Et l’Église n’y échappe pas pour moi. Des femmes doivent y travailler là aussi. Moi, je m’identifie au mouvement des femmes, qui poursuit des intérêts et des objectifs variés, tout comme dans l’Église d’ailleurs.
Quant à moi, je n’ai pas le goût de choisir entre féminisme et foi. Pour l’instant, c’est une dynamique qui m’anime. Je préfère ouvrir le débat sur différentes questions, peu importe les croyances, laisser surgir la parole qui habite les femmes, être en recherche sur la façon d’entretenir nos rapports sociaux (homme/femme), expérimenter en communauté la parole de Dieu,etc…
Au delà des mots, je crois que se dire féministe-chrétienne, c’est une façon de participer à la construction d’un bout de l’histoire où les femmes auront leur place.