Bibliographie commentée sur le thème Variations féministes autour de la COVID-19 et le monde de demain

Bibliographie commentée sur le thème Variations féministes autour de la COVID-19
et le monde de demain

Monique Hamelin, Vasthi

Après Depuis mars 2020, nous vivons au rythme de la pandémie. Les premiers ministres du Canada et du Québec donnaient des conférences de presse quotidiennes. Les journalistes remplaçaient l’opposition officielle pour questionner le gouvernement en place puisque le Parlement et l’Assemblée nationale du Québec ne siégeaient pas.

À la collective L’autre Parole, quelques semaines après le premier confinement, il nous importait de mettre en perspective les impacts pour les femmes des décisions gouvernementales et les constats que nous pouvions en faire. Cela est d’autant plus important après une année de pandémie. Comment les femmes sont-elles et seront-elles impactées par la pandémie et les changements qui vont nécessairement suivre ? L’urgence est là, car les deux paliers de gouvernements — le fédéral et le provincial — pensent à des plans de relance économique. Notre sentiment est qu’un écart important existera entre le groupe des femmes qui, comme travailleuses, soignantes ou malades ont été particulièrement touchées par la pandémie et le type d’emplois prévus dans les plans de relance économique.

Le politique et les médias

Les conférences de presse des premiers ministres du Canada et du Québec

Les styles étaient différents. Le fédéral avait fait la division entre le moment politique et les informations et les recommandations par les responsables de la santé publique. Le Québec avait regroupé à une même table : premier ministre, ministre responsable de la santé et des services sociaux et le représentant de la santé publique.

Les quotidiens

Le Devoir a ouvert la consultation des articles sur la pandémie à tout le monde.

https://www.ledevoir.com/motcle/pandemie

La Presse+. Ce quotidien est gratuit. Si vous tapez La Presse+ dans un moteur de recherche avec l’ajout du mot « pandémie », vous aurez une liste d’articles dont :

https://www.lapresse.ca/international/2020-12-05/bilan-de-la-pandemie/plus-de-1-519-000-morts-dans-le-monde.php

New York Times. Vous pouvez vous abonner à leur lettre d’information gratuite (en anglais) ou obtenir les dernières données sur la pandémie.

https://www.nytimes.com/newsletters/coronavirus-briefing

https://www.nytimes.com/interactive/2020/us/coronavirus-us-cases.html

Washington Post. La mise à jour des données, les guides sur la pandémie et les articles du jour sont accessibles gratuitement.

https://www.washingtonpost.com/coronavirus/

Les institutions

Conseil du statut de la femme (CSF)

Dans son Avis intitulé : Prendre soin : perspectives sur le vieillissement — mars 2020, le CSF aborde entre autres la faible reconnaissance des emplois du care, soit le secteur de l’assistance personnelle. Il analyse la situation à travers le prisme de la discrimination systémique selon le sexe.

Cet Avis est disponible gratuitement sur le site :

https://csf.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/Avi_prendre_soin_20200416_vweb.pdf

« Femmes autochtones, immigrantes ou racisées dans l’œil de la pandémie » — 23 juillet 2020 est une publication numérique du CSF.

https://csf.gouv.qc.ca/article/publicationsnum/les-femmes-et-la-pandemie/societe/femmes-autochtones-immigrantes-ou-racisees-dans-loeil-de-la-pandemie/

Alors que le texte de Carmina Tremblay dans ce numéro 156 s’intitule : La COVID-19 : un virus révélateur des mêmes misères, le CSF examine comment « la pandémie a exacerbé des inégalités sociales fondées sur le sexe, l’ethnicité et la race, creusant un peu plus encore le fossé entre groupes dominants et marginalisés » (p. 1).

Protecteur du citoyen

Le Rapport d’étape du Protecteur du citoyen – La COVID-19 dans les CHSLD durant la première vague de la pandémie — Apprendre de la crise et passer à l’action pour respecter les droits et la dignité des personnes hébergées a été publié le 10 décembre 2020 et il a fait l’objet d’une large couverture dans les médias. À noter qu’il est très critique de la gestion gouvernementale. Les recommandations sont nombreuses, près d’une centaine, et la série se termine par ces mots :

  1. Considérant ce que la pandémie nous a enseigné, aucun retard n’est maintenant acceptable dans les décisions qui permettent de passer à l’action afin que les droits et la dignité des personnes vivant en CHSLD soient respectés (p. 21).

Le rapport d’étape est disponible sur Internet :

https://protecteurducitoyen.qc.ca/sites/default/files/pdf/rapports_speciaux/rapport-etape-premiere-Onvague-covid-19-chsld.pdf

IRIS

L’IRIS, un organisme indépendant et progressiste, qui produit et diffuse des recherches sur les enjeux de l’heure vient de publier (mars 2021) une étude par Eve-Lyne Couturier et Julia Posca dont le titre est : L’impact des crises sur les femmes – Inégales dans la tourmente. « [L]’impact [de la pandémie] a été plus grand pour les groupes déjà en situation de vulnérabilité sociale et économique, comme les classes les plus pauvres, les membres de minorités racisées, les immigrant-e-s récent-e-s et les femmes. […] [L]es crises passées [ajoutent les autrices] nous enseignent que les gouvernements ne sont pas toujours sensibles à leurs conséquences différenciées et aux manières d’y remédier. »

Pour un accès gratuit à l’étude : https://cdn.iris-recherche.qc.ca/uploads/publication/file/Femmes_et_crises_WEB.pdf

Les magazines

À bâbord ! — Revue sociale et politique, « Vieillir », no 84, Montréal, été 2020.

Un dossier est consacré au vieillissement et pandémie oblige, cet angle a été ajouté. Vous y trouverez une entrevue de Lorraine Guay intitulée « En dehors des normes ». Paul Cliche aborde la question de militer dans la soixantaine. La FADOQ parle entre autres de la nécessité d’humaniser les soins dans les CHSLD. On y propose un petit portrait statistique du Québec dans le monde.

Courrier international — Hors-série, « Repenser le monde — De notre rapport aux autres à nos façons de travailler, de la mondialisation au climat… La pandémie de COVID-19 a tout bouleversé. L’occasion de repartir sur de nouvelles bases ? », juillet-août 2020.

Dans le numéro, l’équipe reprend les meilleurs textes parus sur les répercussions de la COVID-19 dans nos vies et l’élargit en publiant des textes prospectifs et inédits.

Le texte à portée historique, une traduction d’un article du magazine The New Yorker, rappelle que si les virus et les bactéries ont décimé les populations, ils ont aussi occasionné des tournants politiques, sanitaires et sociaux.

Avec la COVID-19, pensons aux contacts sociaux, au toucher, à la poignée de main, à la bise, à l’épuisement des femmes, à la liberté qui ne pourra être vécue sans la solidarité. Le quotidien serait en train de se réinventer : pensons au logement, au travail avec son virage télétravail, au transport. Nous allons assister à la fin des mégapoles et à l’augmentation des villes plus modestes selon certains, le balcon sera vu comme un élément essentiel.

Parmi les articles qui vont demander un revirement total de perspective, il y a ce cri de Naomi Klein : « Il faut refuser la dystopie high-tech qui nous est proposée, et au contraire repenser Internet comme un service public au service des citoyens » (p. 44). Il y a là tout un programme politique en perspective.

Des questions se posent également en matière de gouvernance mondiale, d’économie et d’environnement. À travers les siècles, rares sont les moments où l’humanité a traversé la même épreuve au même moment. Pour John N. Gray, « L’apogée de la mondialisation est derrière nous ». D’autres cris du cœur sont lancés par entre autres Peter Franklin, journaliste britannique et rédacteur en chef adjoint du site UnHerd. « Par pitié, pas d’austérité ». […] « [N]ous avons besoin d’une mission — construire un monde meilleur, plus juste, plus sûr. Bref, pour éviter la dépression, nous avons besoin d’inspiration. Et l’inspiration ne viendra pas d’une seconde décennie d’austérité » (p. 61-62).

Quelle place à la viande dans le monde de demain ? Comment faire un retour à la terre ?Comment réorganiser le secteur agricole ? Et le climat, avec les plans de relance de l’économie, comment s’assurer que les gouvernements jetteront les bases d’une économie décarbonisée ? Saurons-nous répondre à l’urgence climatique ? Voilà quelques thèmes qui passent sous la loupe des autrices et auteurs de ce numéro.

Enfin, pour clore ce numéro du Courrier international un article de Rebecca Solnit, l’écrivaine américaine engagée dans les combats féministes et écologistes. Je vais citer de longs extraits de cet article, car son éloquence est, pour moi, un appel à l’action et porteuse d’espoir.

L’une des principales tâches qui nous incombent maintenant, en particulier à ceux [et celles] qui ne sont pas malades, qui ne font pas partie des [travailleuses et des] travailleurs de première ligne et qui n’ont pas à composer avec des difficultés économiques ou des problèmes de logement, c’est de comprendre le moment, ce qu’il pourrait exiger de nous et les possibilités qu’il laisse entrevoir. […] Nous nous transformons en voyant nos priorités se réorganiser, en prenant conscience de notre caractère mortel et en nous éveillant à notre vie et à sa valeur. […] La première leçon que l’on peut tirer d’une catastrophe, c’est que tout est connecté. En fait, les catastrophes sont des cours accélérés sur ces connexions multiples. […] Dans ces moments de grands changements, nous posons un regard plus lucide sur les systèmes — politique, économique, social, écologique — dans lesquels nous vivons. Nous voyons ce qui est fort, ce qui est faible, ce qui est corrompu, ce qui importe et ce qui, au contraire, n’a pas d’importance. […] Aux États-Unis, des conservateurs et des leaders des milieux d’affaires ont d’ailleurs joint leurs voix pour demander un retour rapide au travail en vue d’empêcher l’effondrement du marché boursier, ajoutant que les décès qui se produiraient seraient un prix acceptable à payer. Dans des situations de crise, les puissants tentent souvent d’accaparer de nouveaux pouvoirs et, les riches, de s’enrichir encore plus. Cette crise n’est pas différente des autres […] Il y a toujours eu, dans l’histoire, des géants de l’industrie qui ont accordé plus d’importance au profit […] qu’aux êtres vivants (p. 71).

Sur l’idée que tout est connecté en ce monde,

cela veut dire que les conséquences de chaque choix et de chaque acte doivent être examinées. Or alors que nous voyons cet examen attentif comme une manifestation d’amour, ils [les conservateurs] le voient comme une entrave à la liberté absolue, un terme associé à la poursuite effrénée de l’intérêt personnel. […] Pour Solnit, « Il faut espérer que cette expérience commune de la catastrophe renversera la tendance » [à l’érosion des liens sociaux et du sentiment de partager un même destin]. « Peut-être comprendrons-nous enfin que nous avons les moyens d’offrir à l’ensemble de la population nourriture, vêtements, logis, soins et éducation — et que tous devraient pouvoir y avoir accès, indépendamment de l’emploi occupé ou du salaire perçu (p. 72).

L’autrice cite le Canada qui, pendant quatre mois [l’article traduit est originalement paru dans The Guardian en avril 2020], a offert un revenu minimum garanti à celles et ceux qui ont perdu leur emploi. Le Portugal a traité les personnes immigrantes et celles demandant l’asile comme de vrais citoyens. Pour elle, ces exemples montrent que les sociétés peuvent rapidement revoir les arrangements financiers de l’ensemble.

L’important proclame Solnit est de comprendre que nous ne pouvons revenir au monde d’avant, car « [p]our un trop grand nombre d’êtres humains, la vie ordinaire avant la pandémie était déjà synonyme de désespoir, d’exclusion et d’obscènes inégalités. Nous étions déjà au bord de la catastrophe environnementale et climatique » (p. 73).

Construire le monde de demain, c’est à cette tâche, qu’en avril 2020, elle espérait nous y voir en grand nombre.

Pour plus d’informations :https://www.courrierinternational.com/magazine/2020/77-hors-serie

L’Histoire, « Comment une pandémie change le monde », no 475, septembre 2020. Cette fois, ce sont des historiens qui « ont mobilisé leurs compétences pour essayer de comprendre l’événement en le confrontant à des situations passées » (p.28-77). Les pandémies, hier comme aujourd’hui, marquent celles et ceux qui les subissent. Les gestes barrières d’hier sont encore ceux du jour (porter un masque, se laver les mains, le confinement). En 1918, New York avait un slogan en rapport avec les masques :

« Mieux vaut être ridicule que mort ! » (p. 29).

L’inconvénient— Littérature — arts — société, « La pandémie — avant, pendant et après »,no 82, automne 2020.

Philosophes, écrivaines et écrivains québécois se penchent sur l’impact de certains gestes interdits (dont la poignée de main et la bise), sur la différence entre quatre à six mois de confinement et de distanciation sociale et un confinement plus long qui s’annonçait au moment où des articles étaient écrits. Alors que pour certains le confinement est vécu comme un moment charnière pouvant conduire à l’introspection, d’autres vivent cela comme un moment suspendu dans le temps en attendant que la vie reprenne comme avant. Mais le « présentisme effréné », cet « immédiat », ce « ici et maintenant », ce flux continuel d’information qui nous arrive nous empêcheront-ils de garder présent ce « qui nous semble si mémorable actuellement » (p. 3) ?

Les titres des articles : Retour à l’anormal, La distorsion statistique du réel, L’enfer du distanciel, L’autonomie, projet en cours, Ce qui se détruit en nous, le bruit et le remuement, La structure par âge.

Je ne connaissais pas L’Inconvénient qui existe pourtant depuis 20 ans. J’y ai pris goût, je vais y revenir. Dans ce numéro, j’ai particulièrement apprécié les réflexions philosophiques sur la place des statistiques dans nos vies et plus particulièrement en temps de pandémie. Ainsi, Ugo Gilbert Tremblay écrit que « c’est d’ailleurs le langage statistique qui s’est imposé comme le plus à même de nous convaincre de bouleverser nos vies : il fallait, disait-on « aplanir la courbe » (p. 11). Ainsi, bien des gens qui ne se servent à peu près jamais de statistiques ont compris l’abstraction et se sont mis en action. Par ailleurs, tout en reconnaissant l’apport des statistiques, l’auteur rappelle avec justesse qu’il ne faut pas « les accueillir avec candeur et leur prêter d’insondables pouvoirs de dévoilement, comme si elles permettaient d’accéder à la vérité enfin dénudée du réel » (p. 12-13).

Autres pistes de réflexion : « Si les chiffres véhiculent en eux-mêmes une apparence d’objectivité propre à donner l’impression de comprendre ce qui se passe, le fait d’élire une courbe au rang d’unique variable digne de l’attention médiatique et politique ne peut qu’amoindrir la capacité des sociétés humaines à prendre des décisions réfléchies et mesurées » (p. 13). L’auteur nous alerte à user de prudence si l’on prend pour seule cible le nombre de morts liées au virus. Le succès de la lutte à la pandémie doit aussi prendre en compte les morts collatérales évitées en gardant une marge de manœuvre au système de santé afin d’assurer une prise en charge rapide des traitements de cas de cancer et de leur récidive, des maladies du cœur, etc. (p. 14). Les statistiques, rappelle l’auteur, tout comme les religions et les idéologies, sont des moyens de réduire cette incertitude, source d’angoisse.

La pandémie nous a donné un nouveau mot, le présentiel, Maxime Prévost parle de L’enfer du distanciel. Il part de sa cellule familiale, élargit le discours aux amis, puis au travail. Quant à Perrine Leblanc, devenue gaspésienne durant la pandémie, elle aborde le fait-main, son expérience vers l’autonomie alimentaire, vestimentaire et financière. Vivre au rythme des saisons et du temps, accepter la lenteur, outre le fait que le tout sert de matériau pour un roman à venir, je me demande si c’est une vague qui va se multiplier et faire advenir autre chose ?

 

Time — Women and the Pandemic, volume double — 15 au 22 mars 2021, Dossier spécial, p. 66-102. L’une ou l’autre des photos ci-contre pourrait se retrouver sur la page couverture de votre magazine.

Les articles explorent les impacts de la pandémie sur les femmes aux États-Unis, en Inde et en Russie. Sont abordées les questions suivantes : aux États-Unis, les pertes d’emploi plus nombreuses chez les femmes, des stratégies utilisées en temps de crise pour qui a un équilibre mental fragile, des femmes qui poursuivent leur employeur en justice lorsque les motifs invoqués pour les mises à pied sont illégaux, les conditions humanitaires encore plus difficiles des femmes migrantes prises à la frontière. Dans ce pays où les mesures de redistribution de la richesse ne sont pas aussi nombreuses qu’au Québec, l’on fait état de femmes qui se solidarisent pour obtenir des logements sécuritaires alors que d’autres visent à nourrir qui a faim. En Inde, des fermières protestent contre de nouvelles lois néfastes pour leur famille. C’est une première bataille solidaire de femmes, jeunes et vieilles, lettrées et illettrées. En Russie, devant l’inaction gouvernementale au regard de la montée de la violence familiale, des femmes prennent les choses en main. Nous constatons que devant l’adversité, un peu partout sur la planète, des femmes s’unissent pour changer le cours de leur vie et de fait, elles construisent le monde de demain.

Essai

La Transition, c’est maintenant — Choisir aujourd’hui ce que serademain par Laure WARIDEL, Les Éditions Écosociété, 2019, 375 pages.

Les questions de l’autrice se trouvent en 4e de couverture :

Comment mettre l’économie au service du bien commun afin qu’elle opère à l’intérieur des limites planétaires ? Par où commencer pour transformer un système qui a institutionnalisé la cupidité ?

On y indique également :

[E]lle trace les chemins d’une réelle transition vers une économie écologique et sociale. […] [L]es solutions sont déjà là, à notre portée. L’auteure identifie les lignes de force qui permettent d’investir autrement, de tendre vers le zéro déchet, de se nourrir autrement, d’habiter le territoire intelligemment et de se mobiliser par tous les moyens.

Elle mise sur

la création de liens entre les humains et avec la nature, cette nature que nous habitons et qui nous habite tout autant. On constate alors qu’il est possible de créer une richesse inconnue de la finance : une richesse qui ne ruine pas les bases de la vie sur Terre. […] [T]out est encore possible ! […] À nous de choisir aujourd’hui ce que sera demain.

Journal sonore

Wajdi MOUAWAD. Journal de confinement.

Pour écouter les épisodes, suivre ce lien :https://www.colline.fr/spectacles/les-poissons-pilotes-de-la-colline

Du 17 mars au 20 avril 2020, du lundi au vendredi, à 11 h., l’écrivain donne à entendre un épisode de son journal de confinement. « Une écriture à dire », une improvisation, un récit qui se structure au fur et à mesure. Une voix qui attire à elle l’autre et tel qu’indiqué sur le site :

Une parole d’humain confiné à humain confiné. Une fois par jour des mots comme des fenêtres pour fendre la brutalité de cet horizon.

Une écriture du quotidien, de la sidération devant ce qui arrive, des mots d’enfant, des souvenirs du Québec, de Montréal, de la guerre au Liban, de ses réactions enfant au Liban, de la littérature, du cinéma, des analyses de plans séquences de certains films, de l’enfermement, des effets de l’enfermement, de la pandémie et de bien d’autres choses que je n’ai pas encore écoutées. Un moment particulièrement poignant, le Jour 25. Il nous parle de son père, et cela devient toutes les personnes aînées des CHSLD…

Roman –

La peste. Albert CAMUS, Éditons Gallimard.

Libre de droits :https://archive.org/details/albertcamus-lapeste-1947

J’ai relu La Peste au temps de la COVID-19. Si l’écriture qui date du milieu des années 1940 est vieillotte, si les Arabes sont absents du roman alors que l’action se déroule à Oran, il reste que la nature humaine n’a pas changé, l’administration non plus avec ses tergiversations, le manque d’équipements, tout est là. J’ai souri en lisant, page 59 « Il faut que vous sortiez ». Sortir, aller marcher, mais ne pas se retrouver en groupe est la consigne du jour en avril 2020.

Aujourd’hui comme hier, être au front n’est pas facile. Je revoyais le médecin qui nous raconte aux informations, « j’ai signé mon sixième certificat de décès aujourd’hui » et le narrateur qui, parlant du médecin :

[…] jamais Rieux n’avait trouvé son métier aussi lourd. Jusque-là, les malades lui facilitaient la tâche, ils se donnaient à lui. Pour la première fois, le docteur les sentait réticents, réfugiés au fond de leur maladie avec une sorte d’étonnement méfiant.

C’était une lutte à laquelle il n’était pas encore habitué (p.61).

Hier comme aujourd’hui, les pauvres subissent plus d’impacts négatifs et il y a la nécessité de monter des hôpitaux de fortune pour confiner les femmes et les hommes atteints.