Billet: Problèmes d’unité et interférences médiatiques
Louise Melançon, Myriam
Le 25 Janvier 1959, à la fin de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, Jean XXIII annonce l’ouverture d’un concile œcuménique invitant les frères des Églises séparées à y participer. Quelques jours plus tard, il évoque la fin du schisme d’Orient par ces paroles « Finissons-en avec les dissensions ». C’est ainsi qu’à la fin de ce concile les excommunications de 1054 entre Rome et Constantinople seront levées.
Cinquante ans plus tard, presque jour pour jour, Benoît XVI pose un geste semblable d’ouverture à l’endroit des quatre évêques ordonnés par Mgr Lefebvre et excommuniés par la suite par Jean-Paul II, le 30 juin 1988. Immédiatement, dans le monde catholique et particulièrement en Europe se déclenche une tempête. Certains évêques, de même que des théologiens, offusqués par ce geste « imprévu », l’interprètent comme l’entrée des intégristes dans la « communion ecclésiale » . Ajouter à cet événement le cas de l’évêque Williamson niant la Shoah : il y a de quoi provoquer ces réactions. Le Pape a dû intervenir pour dissiper le malaise et l’inquiétude, et endiguer la colère qui s’ensuivit. Mais hélas trop tard. Le 12 mars, dans une lettre adressée aux évêques, le Pape, après avoir reconnu ses maladresses, ses justifications insuffisantes au niveau des médias, tenta de faire la lumière sur ses intentions et sa bonne volonté. À ses yeux, la levée des excommunications, n’étant qu’une mesure disciplinaire, n’impliquait pas, la question doctrinale. Ce n’était qu’un geste d’ouverture en vue d’une éventuelle réconciliation. Pour lui, il n’était pas question de retour en arrière.
L’enjeu central de ces événements, c’est le conflit entre la Tradition et la Modernité tandis que le groupe dissident s’attache à « une » expression de la Tradition pour refuser le renouvellement apporté par Vatican II, ceux et celles qui sont entrés dans le mouvement d’aggiornamento lancé par Jean XXIII, ont eu à subir un freinage avec Jean-Paul II. Certains voient en cela un mouvement non équivoque de « restauration ». Il semble plus convenable d’ouvrir la porte aux traditionalistes, que de s’ouvrir aux progressistes comme on le voit dans les censures de théologiens et de théologiennes et la position rigide de l’autorité face aux ministères des femmes, qui représente un obstacle majeur à la réconciliation des Églises.