Célébration sous le signe de l’espérance d’une ecclésia inclusive Synode des femmes, 14 septembre 2023

Célébration sous le signe de l’espérance
d’une ecclésia inclusive
Synode des femmes, 14 septembre 2023

Pierrette Daviau

 

Décor : Cercle avec chaises. Au centre : des tambourins, des portraits de femmes importantes pour nous. La photo du programme (© Jo-Ann Lévesque). Une icône de la Visitation (© Pierrette Daviau).

Accueil              Salutation et bienvenue (animatrice)

Bonjour à toutes et à tous, bienvenue à cette célébration féministe de l’espérance. Pour clôturer le Synode des femmes, nous vous proposons une célébration qui nous ressemble et qui nous rassemble comme féministes chrétiennes et qui dévoile une des voies multiples de vivre l’ecclésia des disciples égales.

Elle a été préparée dans la lignée des célébrations de la collective féministe et chrétienne L’autre Parole, qui se vivent depuis bientôt 50 ans. Elle pourrait apparaître à certaines personnes quelque peu « différente » de ce que vous avez l’habitude de pratiquer. Par exemple, il se peut que les textes de l’Écriture et même certaines prières vous semblent un peu transformés.

Mouvements de Qi gong (animatrice)

Commençons par bouger, ques­tion de nous mettre en mouve­ment pour accueillir les paroles et les gestes de cette célébration. Je propose à celles qui le veulent (on n’oblige personne) de se lever et de faire les mouvements que je vous montre (étendue des bras vers le ciel et vers la terre).

Temps de réflexion

Demander aux participant·es de prendre une grande respiration, de se détendre et de se poser la question suivante : avec quoi j’arrive ? Qu’est-ce qui m’habite présentement, ici et maintenant ? (Possibilité de partage avec notre voisin·e.)

Introduction     Lecture d’un texte de Pierrette Daviau

Des résistantes audacieuses

Comme nous le constatons, et l’avons entendu tout au long de ce Synode des femmes, nous nous reconnaissons dans cette longue marche synodale entreprise par le Peuple de Dieue à travers le monde. Nous avançons avec de nombreuses féministes chrétiennes dans « l’espérance d’une ecclésia inclusive, d’une ecclésia de communion, de participation et de mission », d’une ecclésia ouverte à toutes et à tous. Notre Synode des femmes désire ainsi apporter sa contribution à l’ensemble du processus synodal.

Si son cheminement se veut positif et créatif, il n’en demeure pas moins qu’il représente, en lien avec de nombreuses féministes chrétiennes et sociales, un acte de revendication et de résistance à une ecclésia patriarcale et misogyne, qui n’accorde pas aux femmes baptisées la place qui leur revient. Depuis de très nombreuses années, des femmes se sont opposées à ce système patriarcal. Elles s’inscrivent dans la longue lignée des femmes résistantes de la Bible.

De nombreux récits présentent leurs discours et leurs actions créatives pour sauver Israël : d’Abigaïl, la femme de David (1 Samuel 25), à Zipporah, l’épouse de Moïse (Exode 2,21), ou à la prophétesse Houlda (2 Rois 23). Si, à nos yeux, elles semblent infidèles, passionnées, audacieuses ou séductrices, elles résistent aux hommes politiques de leur temps ou à leur époux pour faire triompher la justice. Que dire de Tamar, séduisant son beau-père incestueux pour faire triompher la vérité et sauver son peuple (Genèse 38,1-30) ; de Ruth, la Moabite, qui couche avec Booz et enfantera un ancêtre de Jésus (Ruth 4) ? La liste pourrait s’allonger : Rachel et Léa, deux sœurs en concurrence, où Léa confrontera Jacob au sujet du mensonge sur son identité. Schiphra et Pua, ces deux courageuses, désobéissant à Pharaon qui leur donnait l’ordre de tuer tous les enfants mâles des Hébreux (Exode 1,15-22). Bien sûr, on connaît davantage les trois héroïnes que sont Déborah, juge et prophétesse ; Judith, dont la beauté fascine, mais qui n’en est pas moins audacieuse et valeureuse ; puis Esther, reine malgré elle, plaide sa vie et celle de ses coreligionnaires[1].

En choisissant ces femmes, YHWH opte pour l’imprévu, le non-conventionnel, voire le subversif, pour faire triompher l’Esprit. Leurs projets dissidents visent à arracher leur communauté à l’anéantissement spirituel ou moral de leur nation. Ces actions dissidentes, menées par des femmes de la Bible, se retrouvent chez de nombreuses femmes au cours des siècles et jusqu’à aujourd’hui. On peut nommer, entre autres, Jeanne d’Arc, Catherine de Sienne, Hildegarde de Bingen, Indira Gandhi, Marie Gérin-Lajoie, Irma Levasseur, Ivone Gebara, Teresa Kane, Joan Chittister, Simone Monet-Chartrand, etc. Elles ont exprimé leurs mécontentements, leurs révoltes, leurs résistances à cette blessure évangélique qui empêche les femmes d’accéder aux ministères ordonnés, qui refuse leur pleine reconnaissance comme baptisées à part entière. Ne nous interpellent-elles pas pour faire advenir l’égalité et la dignité des femmes et les libérer d’un monde patriarcal ?

Plus efficaces que des plaintes ou des récriminations, ces initiatives signifiantes de résistance prennent davantage de liberté à l’égard des institutions pour transgresser et désobéir à des interdictions infondées et devant des répressions souvent vigoureuses et intransigeantes du pouvoir religieux.

Comme chrétiennes et féministes, participantes à ce synode, n’est-ce pas un réel devoir comme citoyennes chrétiennes[2] de nous opposer à tout ce qui aliène partout où il y a des injustices manifestes, des abus de pouvoir, de la violence ? La résistance, au cœur de ce synode, « fait appel à notre conscience pour rétablir le sens du vivre-ensemble dans la vérité[3] ». Croyons avec ferveur et vigueur dans « l’espérance d’une ecclésia inclusive » !

Pierrette Daviau

Se souvenir (animatrice)

À la suite de la lecture de ce texte, prenons quelques moments pour nous souvenir avec notre cœur, mais aussi avec notre corps, de ces femmes qui étaient là avant nous. Levons-nous et simplement, déplaçons-nous derrière notre chaise.

Avec nos bras, prendre ce qui est derrière nous et l’amener sur notre cœur ! Ce geste nous amène à nous remémorer ces femmes qui étaient là au tout début de la Collective. En continuant ce geste, rappe­lons à notre souvenir nos fondatrices, Monique Dumais, Louise Melançon et Marie-Andrée Roy.

Souvenons-nous aussi de celles qui ont permis que nous soyons ici aujourd’hui, de toutes celles qui ont été inspirantes pour nous. (Peut-être, dire à haute voix aléatoirement les noms de ces femmes.)

Récitatif

Marie Marleau chante et danse pour rappeler Myriam.

Introduction (une voix)

Après sa libération d’Égypte, le peuple d’Israël, sous la direction de Moïse, rendit grâce au Seigneur qui l’avait fait passer la mer Rouge à pied sec.
Sa sœur Miryam y joignit son chant.

Lecture du Livre de l’Exode, chapitre 15, versets 20 et 21 (Marie)

« La prophétesse Miryam, sœur d’Aaron, prit en main le tambourin ;
toutes les femmes sortirent à sa suite, dansant et jouant du tambourin.
Et Miryam leur entonna :

Chantez le Seigneur
Il a fait un coup d’éclat.
Cheval et cavalier,
En mer, il les jeta
 ! » (bis)

Lecture de l’Apocalypse de Jean, à partir d’une réécriture de Monique Dumais

Lectrice 1

Et je vis l’Église nouvelle qui était parmi nous ;

elle irradiait ses mille énergies de sa force sororale et fraternelle,

au milieu des labeurs quotidiens et de la quête de justice dans les conflits,

au niveau régional, national et international.

Elle avait enfin réussi la traversée des eaux tumultueuses de la domination patriarcale.

Un passage s’était ouvert où les femmes avaient pu s’engager

pour vivre librement et pleinement leur dignité d’enfants de Dieu.

Lectrice 2

La créativité est devenue la manne habituelle qui permet l’accomplissement

de nouveaux rites, de symboles revitalisés.

Les femmes, comme les hommes, partagent les mêmes responsabilités,

trouvent leur joie et une grande motivation à travailler ensemble,

sans rivalité et avec enthousiasme.

Lectrice 3

Sont disparues la peur des timides, les craintes inconsidérées des misogynes,

les larmes de déception des femmes.

« L’ancien Monde s’en est allé », la Révélation s’affirme dans toute sa vigueur.

Elle manifeste la grandeur des femmes et des hommes créés à l’image de Dieu.

Lectrice 4

C’est un temps nouveau qui surgit, comme un printemps bourgeonnant, fleurissant,

plein d’odeurs de verdure fraîche et de rires des enfants.

Ces paroles doivent s’écrire, car elles sont porteuses de vérité et de vie ;

elles montrent à l’univers que l’incarnation a été accomplie.

Chant : Si on tissait ensemble

https://www.youtube.com/watch?v=EtprNlSTm_s

Communion (animatrice)

Pour nous, à L’autre Parole, il a toujours été important de pouvoir partager le pain et le vin, comme l’a demandé Christa-Sophia. Il en est ainsi pour une ecclésia de disciples égales.

Christa-Sophia, nous t’apportons ce pain et ce vin pour qu’ils deviennent la présence de Christa-Sophia parmi nous. Qu’ils soient aussi pour nous la nourriture divine qui nous soutient tout au long de notre cheminement spirituel.

(L’animatrice d’assemblée impose les mains sur les dons.)

Sanctifie ces offrandes en répandant sur elles ton Esprit, ta Rouah, afin qu’elles deviennent pour nous, et nous pour le monde, le corps et le sang de Christa-Sophia en qui nous sommes tes filles et tes fils.

À l’occasion d’un repas, Jésus prononça la bénédiction pour te rendre grâce, rompit le pain et le donna aux siens en disant : « Prenez et mangez-en toutes et tous : ceci est mon corps. »

Puis il prit la coupe remplie de vin, il te rendit grâce encore, la fit passer à ses amis et amies et dit : « Prenez et buvez-en toutes et tous, c’est la coupe de l’alliance nouvelle, et que ma vie coule en vous. »

Toutes : En mangeant ce pain et en buvant ce vin, ô Christa-Sophia,
nous célébrons ta présence parmi nous jusqu’à la fin des temps. AMEN.

Réflexion personnelle (animatrice)

Après cette commune-union, prenons un moment pour réfléchir à ce qui est vivant en nous présentement, et à ce que chacune et chacun d’entre nous souhaiterait vivre dans une ecclésia de disciples égales.

Partage en petit groupe de notre réflexion.

ACTION DE GRÂCE

Prions maintenant le Magnificat réécrit (voir L’autre Parole, no 29)

Entre deux couplets, introduire le refrain Magnificat.

Lectrice 1

Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit s’est rempli d’allégresse

parce que les voix silencieuses d’hier commencent à prendre la Parole.

Oui, désormais, les générations de femmes s’engageront

comme partenaires à part entière dans l’Église comme dans la société. Refrain.

Lectrice 2

Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit.

Car Dieu comme une Mère console, relève, accompagne,

accueille et garde dans son sein toute sa création.

Car des femmes aliénées ont trouvé le chemin de l’autonomie,

des femmes écrasées ont repris courage.

Des femmes bafouées ont relevé la tête

selon la promesse faite à Isaïe :

« Ne crains pas, tu ne seras pas confondue.

N’aie pas honte, tu n’auras plus à rougir. »

Désormais, fils et fille crieront « Libération ». Refrain.

Lectrice 1

Mon âme glorifie le Seigneur parce qu’il m’a fait comprendre de grandes choses.

Il m’a révélé un aspect de lui-même grandement occulté depuis des siècles.

Désormais, je me sens bien née : fille de Dieu qui reflète son image,

fière, autonome et pleine de joie, je veux œuvrer dans la sororité

à l’avènement de la nouvelle humanité. Refrain.

Lectrice 2

Il m’a désirée, m’a voulue femme.

Il m’a donné d’en pressentir le mystère.

Mystère de la vie enfouie dans ma chair.

Il m’a tracé la voie, m’a fait cheminer

avec une multitude de femmes fécondées, porteuses de vie. Refrain.

Lectrice 1

Mais, pourtant harassée, accablée, avec elles, j’ai cru à sa promesse de libération.

Car il comble de biens les affamés ; il élève les humbles, les enracinés dans la chair.

Il disperse les superbes, les assoiffés de pouvoir, d’idéologies et de systèmes.

Mon âme exalte la lumière qui illumine les cœurs remplis de tendresse.

Que soient proclamées bienheureuses celles qui, d’âge en âge,

ont façonné la complicité, la sororité des femmes.

L’esprit de la tempête s’apaisera quand la justice triomphera

et fera éclore nos fécondités nouvelles. Refrain.

Envoi

L’animatrice remercie toutes les personnes présentes et on leur remet un porte-clés en forme de poisson où il est écrit : « ecclésia des disciples égales».

Chant final : Osons l’espérance

https://www.youtube.com/watch?v=gCPLnhmKSvU

 

Le synode en chanson
Si on tissait ensemble

Paroles et musique : Denyse, Diane et Marie Marleau

 

  1. Si on tissait ensemble, coude à coude

Si on tissait ensemble une Église nouvelle

Sans hiérarchie, une Église qui rassemble

Synode égalitaire, comme il ferait bon !

  1. Si on tissait ensemble, coude à coude

Si on tissait ensemble un tissu nouveau

Tissu d’une société, vivante et accueillante

Plus juste et pacifiante, comme il ferait bon !

  1. Si on tissait ensemble, coude à coude

Si on tissait ensemble des liens nouveaux

Liens vrais et authentiques, empreints de tolérance

D’amour et de respect, comme il ferait bon !

  1. Si on tissait ensemble, coude à coude

Si on tissait ensemble un chemin nouveau

Chemin qui nous conduit plus loin et de l’avant

Chemin plein de lumière, comme il ferait bon !

  1. Si on tissait ensemble, coude à coude

Si on tissait ensemble une chaîne nouvelle

Chaîne si magnifique, riche par ses couleurs

Par ses fils fins ou forts, comme il ferait bon !

  1. Si on tissait ensemble, coude à coude

Si on tissait ensemble une trame d’amour

Trame de nos désirs, vers un rêve à bâtir

Au bout de nos efforts, comme il ferait bon !

  1. Si on tissait ensemble, coude à coude

Si on tissait ensemble un monde nouveau

Monde de liberté qui porte plein de vie

D’espoir et de tendresse, comme il ferait bon !

 

[1] Voir Pierrette DAVIAU, « Des femmes résistantes dans la Bible », L’autre Parole, no 143, printemps 2016, p. 22-24.

[2] René Girard a déjà dit : « Au fond, il y a une valeur chrétienne qu’on oublie, c’est la dissidence, valeur chrétienne par excellence. »

3 Citation de Karol Wojtyla, en 1978, dans le contexte d’une Pologne aux prises avec l’U.R.S.S.