DE LA MER ET DU VENT AVEC HÉLÈNE DORION
Monique Dumais, Houlda
Celles qui me connaissent un peu ou beaucoup ne seront pas étonnées de lire que j’aie été attirée par le titre L’étreinte des vents, un livre de Hélène Dorion, publié en 2010 par les Presses de l’Université de Montréal (140 p.). Cet ouvrage a reçu le Prix de la revue Études françaises de 2009.
Mon attrait n’a pas été déçu, tout au contraire, je suis partie dans le vent, la mer et les sables sur une île. Un voyage où l’auteure annonce dès la première ligne :
« Une île, à la fin d’une route, au bout d’un continent. Je suis venue ici pour écrire sur les liens, écrire sur les ruptures, comme si, faisant bouger les lettres, je trouvais dans l’île l’image même de ce que nous sommes des êtres de liens tantôt lieurs et tantôt liés, toujours liables. » (p. 9)
Jeu des couleurs, des mots, des pensées pour nous laisser emporter par la poésie pour réfléchir sur la vie, sur notre capacité de nouer des liens, de nous ouvrir à l’accueil, de vivre l’amour, les ruptures et les deuils. Les mots deviennent « des îlots de sens que l’on relie les uns aux autres » (p. 85).
« On invente des archipels qui portent avec eux notre histoire, qui racontent l’étreinte des vents, disent la force des rêves au milieu de l’âme, l’inépuisable solitude, notre désir de joie, notre quête d’infini. » (p. 85)
C’est donc par le choix des mots que je me sens emportée dans une douce et parfois dérangeante réflexion sur le quotidien, sur l’amour de mon jardin, pour mieux saisir ce qu’un assemblage de lettres peut livrer dans ma vie de chaque jour.
« J’ai toujours tout demandé aux mots, et d’abord qu’ils ouvrent devant moi les chemins vertigineux de l’inconnu qui me révèlent à moi-même – ceux où je ne sais plus qui je suis, ni où je vais. » (p. 86)
Et pourtant, je ne me suis pas perdue, au contraire je me suis retrouvée avec bonheur dans des chemins que toute mortelle doit traverser, particulièrement les deuils.
« Le deuil me dépouille de tout ce qui n’est pas le centre de mon être. Comme l’amour il est une expérience initiatique, un appel à devenir. Il me jette dans un dénuement total, me plonge au cœur de ce que je suis, et me force à regarder la vie par-dessus l’épaule de la mort. » (p. 112)
Et Hélène Dorion insiste du début à la fin de son œuvre sur la qualité des mots d’être « de parfaits lieurs, ils appellent à eux les fragments du monde pour créer des passerelles ». (p. 123) Elle me rejoint dans mon souci des relations. « On écrit pour lier les choses ensemble, lier les êtres, les vies. » (p. 124)
L’Étreinte des vents a tout ce qu’il faut pour nous captiver par sa grande qualité d’expression et nous donner des sources profondes de réflexion. Et pour poursuivre le ravissement, Jours de sable de la même auteure (Leméac, 2002).