DE LA POMME… À NOUS
Le Réseau oecuménique des femmes du Québec a tenu à participer aux « 50 heures du féminisme » organisées par Femmes en tête et à célébrer la solidarité de toutes les Québécoises, quels que soient leurs croyances, leur âge, leur couleur ou leur langue. La foi religieuse a joué un rôle important dans notre histoire; elle continue d’inspirer un grand nombre d’entre nous et nous tenons à affirmer qu’il est possible d’être à la fois féministes et chrétiennes.
Voici, pour notre mémoire collective, un résumé du déroulement de cette célébration.
L’accueil
Dès leur entrée, les arrivantes étaient invitées à pénétrer dans le « paradis terrestre » pour participer à l’histoire des femmes et vivre une aventure de solidarité: à l’intérieur d’un isoloir (rappel du droit de vote), elles inscrivaient leur nom sur une pomme en carton rouge, percée d’un ruban, qu’elles allaient ensuite suspendre à un arbre placé au milieu d’une profusion de plantes et d’arbustes, véritable jardin verdoyant, embaumé d’encens au parfum de fleurs de pommiers…
I – La traversée du désert
Dans ce décor, une représentation scénique nous fait assister au dialogue entre Eve et le serpent: celui-ci, tout en dégustant des pommes juteuses, tente de convaincre Eve de goûter au fruit de la connaissance… Conversation non dépourvue d’humour, où les résistances, les hésitations cèdent peu à peu à l’envie de comprendre, de vivre d’une manière plus autonome…jusqu’au moment fatidique…
Depuis qu’Eve a croqué la pomme, nous, femmes, avons eu bien des pépins!
Une litanie humoristique des préjugés sexistes traditionnels, suivie d’une animation de la salle avec la participation des musiciennes démontrent combien la marginalisation des filles d’Eve nous rejoint encore, en cette aube de l’an 2 000, avec parfois, hélas! beaucoup de violence.
Depuis les temps bibliques, dans tous les pays, dans toutes les cultures, les femmes ont été tour à tour traitées en esclaves, en servantes, en mineures, en êtres inférieurs, en objets. Nous avons ainsi traversé un long désert.
II – Une liberté retrouvée
Et pourtant…
La pomme est une nourriture délicieuse, source de vie et de semence.
Les femmes sont généreuses, puissantes, civilisatrices; elles donnent la vie.
La femme était courbée, elle s’est relevée
Elle s’est jointe à d’autres femmes
ET LE DÉSERT A REFLEURI
Le désert était une période de fécondité cachée, il nous a formées.
Il a engendré des femmes
comme Judith et Esther
comme Jeanne Mance et Marguerite Bourgeois
comme Marie Gérin-Lajoie et Thérèse Casgrain
comme Carrie Derrick et Grace Ritchie-England
Le désert a refleuri, les sources se sont remises à couler.
Avec du jus de pomme, fruit de l’arbre de la connaissance, nous invitons les participantes à porter des toasts
aux femmes de notre histoire
aux femmes du passé et du présent
à qui nous devons notre liberté retrouvée et tous les droits acquis de haute lutte: droit de parole, droit de vote, droit au travail, droit à l’instruction…
Cette prise de parole a suscité des témoignages inattendus, voire touchants.
Puis, dans une méditation introduite par les guitares et couronnée par le chant des flûtes, on entend un dialogue qui fait parler Dieue à la manière de Péguy, qui explique que l’énergie vitale, la solidarité fondée sur l’amour et la quête de justice des femmes proviennent nécessairement de la Source de la vie, de la compassion et de la tendresse, i.e. de Dieue, qui veut la justice et donne la persévérance, Dieue qui nous accompagnait depuis le début, nous soutenait dans les luttes, Dieue toujours accessible au plus intime de nous-mêmes,
Dieue qui affirme être solidaire des femmes.
III – L’avenir nous appartient
Nous savons qu’il reste bien des défis à relever. Tout est possible si nous sommes solidaires, mais il faut nous connaître toujours davantage.
Les participantes sont invitées à faire part des projets auxquels elles travaillent déjà ou qu’elles se proposent d’entreprendre bientôt.
Après ce dernier partage, nous buvons à notre solidarité avec le vin de la Cuvée des Suffragettes…
Rita Hazel- membre du R.O.F.Q.