DE L’EVANGILE AU SEXISME LEGENDAI.RE DE L’ÉGLLSE

DE L’ÉVANGILE AU SEXISME LÉGENDAIRE DE L’ÉGLISE

par Nicole Derome

A la relecture des textes de évangile, je ne retrouve aucun précepte dans le message libérateur du Christ qui prône et justifie le sexisme légendaire de l’Église institution ou qui privilégie un pouvoir patriarcal comme mode de relations entre les êtres humains. Mais femmes et hommes, d’ici et d’ailleurs, nous subissons encore aujourd’hui les contraintes aliénantes de cet héritage  judéo-chrétienne et ce, dans un quotidien assez immédiat.

J’ai longtemps cherché que nous pouvions avoir de commun et en même temps de différent avec nos frères, nos pères, nos maris nos fils et nos amis.  En ce moment, ma  réflexion s’arrête sur ce que nous avons en commun c’est-à-dire: la sexualité, qui est en même temps l’élément de différenciation, l’intelligence, et enfin, ce qui nous porte A agir dans le monde. J’ai aussi pris conscience que l’idéologies, les dogmes et les mythes anti-féministes de l’Eglise ont globalement contribué dans le passé et encore aujourd’hui à la fragmentation de ce que nous sommes: des êtres sexués, intelligents et spirituels.

Par l’interprétation masculine des saintes Écritures, l’Église légitimise la contradiction entre le discours évangélique et la pratique sexiste de l’Église institution qui, pour combler ce décalage a trouvé un compromis : l’affirmation d’une égalité de principe entre les sexes et du respect de la dignité des personnes, le tout enchâssé dans une pratique de subordination du féminin au masculin

Je crois que cette dichotomie entre le principe et la réalité crée un vide dialectique. Je pense que nous vivons une prise de conscience vive et claire, individuelle et collective, de cette contradiction fondamentale. Et, tant et aussi longtemps que nous n’accéderons pas à la pleine reconnaissance de ce que nous sommes, c’est à dire des sujets au service de Dieu par et avec le Christ et non plus des sujets objectivisées au service des sujets de Dieu, nous ne serons pas membres A part entière dans l’Église.

Si l’Église persiste à entretenir cette myopie théologique et à refuser le dialogue proposé par le courant féministe chrétien, elle contribuera au maintien et au renforcement de la marginalisation des femmes et de tous ceux qui souffrent d’injustice sociale/politique/ économique/religieuse.

Une relecture du fameux « que l’homme ne sépare ce que Dieu a uni » (Mt 19,6), nous aidera à mieux comprendre les enjeux de ce dialogue. Je perçois dans cet énoncé deux éléments d’union indivisible: 1 les hommes et les femmes formant le genre humain, sexués et créés à la ressemblance divine sont responsables de l’humanité’ dans et par le Christ. 2. Dieu, le Verbe incarné dans le Christ-Homme, a créé cette alliance avec le genre humain. Je crois que ce sont là les véritables épousailles. D’ailleurs, il s’est déclaré lui-même époux en discutant du jeûne avec des disciples « Sied-t-il aux compagnons de jeûner pendant que l’époux est avec eux »? (Mt 2,19). Donc, que l’homme ne sépare pas les liens d’une réelle et parfaite alliance avec Dieu, le Verbe qui s’est fait chair individuellement dans le Christ et globalement dans cette communion de l’Esprit, du corps et de l’intelligence par Lui, en Lui et avec Lui pour la gloire de Dieu et de l’humanité…

Peut-être est-il l’heure pour l’Église d’entreprendre un dialogue avec les femmes ou tout le moins, de ne pas étouffer l’émergence d’une spiritualité féminine chrétienne (et avec les opprimés, les marginaux qui ne se reconnaissent plus dans cette Église institution pourtant porteuse du grand message d’amour et de justice). L’espérance réside-t-elle dans une relecture féminine des Écritures, dans une ré-appropriation du divin, dans la recherche d’une mémoire perdue? Je crois que c’est l nous de faire notre place dans L’Église communauté universelle chrétienne et d’y découvrir notre identité individuelle et collective dans une idéologie et une pratique féminine catholique qui s’inscrivent dans le prolongement de la tradition chrétienne.