DES FORCES VIVES À L’ŒUVRE DANS L’EKKLÈSIA DES FEMMES

DES FORCES VIVES À L’ŒUVRE DANS L’EKKLÈSIA DES FEMMES

ou Solidarité, sororité et charismes – une collective en action Monique Hamelin, Vasth

Au commencement, comme le rappelle Monique Dumais dans son exposé, des théologiennes au Québec, ayant senti la nécessité de partager leurs idées, leurs expériences, se mirent à créer des liens entre elles. C’était en 1976. Les femmes professeures étaient  encore désignées sous le vocable masculin de professeur.

Mais l’arrivée des théologiennes, dans ce milieu d’enseignement réservé jusqu’alors aux hommes, ne tarda pas à changer la donne. Bien résolues à prendre leur place, ces nouvelles venues sentent le besoin de se tenir les coudes. Réflexion et action seront les axes autour desquels s’enroulera leur avenir. En misant sur la solidarité et la sororité, les pionnières vont s’adjoindre non seulement des femmes qui enseignent et font de la recherche en théologie, catéchèse, sciences religieuses, missiologie ou en pastorale mais aussi des femmes laïques, n’ayant pas de formation ni en théologie ni en  sciences religieuses. Des femmes qui se sentent interpellées par le féminisme et le christianisme et souhaitent participer à la réflexion commune ainsi qu’à la réappropriation de leur parole au sein de l’Église.

Des liens sont créés  (L’autre Parole, 1977, no2)

Une fois réunies, ces femmes découvrent qu’elles ne sont pas seules à se questionner et se répartissent en groupes de réflexion.. Le collectif est là désormais «pour rompre avec l’isolement et le silence des femmes et  le groupe devient lieu de support, de vérification, de confrontation et d’élaboration d’une parole pertinente et significative» pour notre temps. Ces mots définissent l’axe collectif de L’autre Parole. C’est donc, collectivement, en solidarité avec le mouvement des femmes, et dans la sororité que des femmes féministes et chrétiennes se sont engagées sur la voie de la libération.

Réflexion et action se conjuguent

Rapidement, réflexion et action se conjuguent au féminin. Le débat, déclenché par la projection de la pièce Les fées ont soif de Denise Boucher, a interpellé les membres du collectif qui ne tardent  pas à réagir. Elles se joignent aux théologiennes, aux féministes et aux femmes chrétiennes qui manifestent qu’elles sont d’abord des personnes dans la société et qu’elles le demeurent – qu’elles soient devenues mères ou demeurées vierges. Cette première affirmation de L’autre Parole sur la place publique sera suivie de beaucoup d’autres.

Des religieuses s’affichent féministes

Nous sommes en 1981. Des religieuses participent à la vie du collectif et s’affichent féministes et solidaires des luttes des femmes. ( « Les religieuses, des femmes parmi d’autres femmes », L’autre Parole, no14).

Une Ekklèsia est en marche

Ensemble, les féministes chrétiennes de L’autre Parole, des femmes de divers milieux et de catégories d’âges différents, font des relectures et réécritures de la Bible. Elles créent des rituels et expriment leur spiritualité en prenant la parole. Dans la sororité et la solidarité vécues se développe une pensée autre. Chacune, selon ses dons et ses charismes,  se nourrit et nourrit le groupe auquel elle appartient dans la collective. À des moments précis, les groupes se font solidaires du cheminement du collectif devenu maintenant une collective. Les jalons d’une éthique féministe sont posés. Les femmes deviennent de plus en plus responsables. La liberté de conscience est reconnue et respectée. Au fil des années, les apports des unes et des autres ont enrichi les réflexions individuelles et l’on perçoit de plus en plus clairement, dans la diversité de dons, la diversité de ministères, les divers modes d’action, la même Sagesse, la même Dieue qui produit tout en toutes. De même que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps en dépit de leur pluralité ne forment qu’un seul corps, (2 Cor. 12,4) ainsi les membres de L’autre Parole, avec leurs charismes, leurs dons forment une Ekklèsia des femmes en marche.