DESSINE-MOI LE MYSTÈRE :Regards sur l’art sacré
Marie Gratton Montréal, Fides, 2002,174p. par Christine Lemaire, Bonne Nouv’ailes
Il faudra regarder à deux fois avant d’affirmer que le tout récent ouvrage de Marie Gratton est un livre superbe à déposer simplement sur sa table à café. Superbe, il l’est certainement, mais il y a beaucoup plus.
Dans bien des livres d’art, les sujets religieux nous sont présentés comme de simples prétextes à la démonstration soit du talent de l’artiste, soit de l’évolution d’une technique, soit du traitement original d’un sujet ou d’une matière. Bien que n’étant pas historienne de l’art, Marie Gratton se dit manifestement passionnée par ce sujet. Aussi aborde-t-elle les œuvres picturales présentées dans Dessine-moi le mystère sous deux autres angles non moins pertinents : celui de la théologienne et celui de la chrétienne. C’est là, à la fois, la richesse et l’originalité de son ouvrage.
Si Marie Gratton s’émerveille devant la beauté des œuvres qu’elle nous offre à contempler, elle s’attarde surtout à leur sens et à leur portée spirituelle. En cela, elle est, à mon avis, beaucoup plus fidèle que les autres artistes, célèbres ou anonymes, à nous révéler un peu du mystère que ces œuvres recèlent . Car chez ces derniers, le talent, les techniques et les matériaux précieux utilisés ne servent qu’à manifester la gloire d’un dieu, quel que soit le nom qu’ils lui attribuent et la culture dans laquelle ils évoluent.
À travers cette quête de Beauté à laquelle tous les artistes s’adonnent, sans doute avec beaucoup d’exigence puisqu’il s’agit de l’art sacré, c’est toute la quête humaine et le désir de transcendance qui nous sont racontés ici. “Ainsi, le mystère de notre humanité dévorée par une soif inextinguible d’absolu, mais hantée par ses limites, nous interpelle sans répit. Si bien qu’au Tout-Autre, si longuement et si douloureusement cherché, chaque époque et chaque culture a voulu donner un nom, et parfois même un visage. Tel a été, au cours des âges, la fonction des écritures saintes et de l’art sacré. » (p. 161)
Un discours qui nous révèle à chaque page ce qu’il y a de plus grand, de plus profond et de plus beau dans tout être humain tel est « Dessine-moi le mystère ».