DIGNITE ET VOCATION DE L’HOMME
Hominis dignitatem
Flore Dupriez – Vasthi
En ces temps de la Nativité, nous voudrions rappeler aux hommes la grandeur de leur vocation. En effet, leur contribution au maintien de la vie dispensée par les femmes nous apparaît comme une mission très importante pour l’humanité toute entière et pour l’avenir de notre ecclésia.
À l’heure où l’humanité connaît de profondes mutations, il nous semble opportun de rappeler aux hommes le message chrétien. Depuis sa fondation, l’Ecclésia a toujours veillé à la promotion de l’homme. Elle est bien consciente, pourtant, que le grand principe de l’égalité de la femme et de l’homme n’a pas toujours été mis en application. L’Ecclésia s’excuse auprès des hommes et elle veillera à ce que désormais ils ne subissent plus de brimades. Elle tient à faire remarquer que ce grand principe d’égalité si cher aux hommes offre des difficultés d’application.
En effet, le mode d’être des hommes est différent de celui des femmes et, de là, découle qu’ils ont des aptitudes et des rôles autres que ceux des femmes. Les femmes ont le pouvoir de donner la vie et sont donc à ce titre responsables de la vie humaine et de la création des âmes immortelles. Si leur rôle est égal à celui des hommes, il n’en reste pas moins que leurs responsabilités sont d’une telle importance qu’elles ont besoin de l’aide des hommes.
C’est pour cette raison que l’Ecclésia, très consciente de la valeur et de la dignité du rôle masculin, veut rappeler aux hommes leurs devoirs d’assistance envers les femmes. Leur tâche, pleine de grandeur d’ailleurs, est d’aider les femmes à réaliser les pouvoirs de leur nature qui les porte à décider de la continuation de la vie sur la terre comme au ciel. Il est donc juste que les hommes collaborent avec toutes leurs qualités à cette oeuvre créatrice. Ils continueront l’oeuvre féminine si magistralement commencée en élevant leurs enfants, en soignant leurs vieux parents malades, en étant conscients des problèmes des plus démunis de ce monde. Leur tempérament généreux les pousse d’ailleurs à oeuvrer en ce sens même si certains de leurs instincts plus vindicatifs les conduisent parfois à plus de violence ou à des prises de position de type autoritaire. La Divinité a mis en eux une certaine agressivité qu’ils doivent utiliser pour protéger l’oeuvre des femmes. Telle est la volonté divine et c’est dans cette voie qu’ils trouveront le véritable bonheur réservé à ceux qui consacrent leur vie à la générosité et à la paix.
Nous sommes bien conscientes, par ailleurs, que certains mouvements actuels pourraient aller dans le sens d’un refus des devoirs inhérents au mode d’être masculin. Ce serait une erreur de croire que les hommes pourraient trouver leur épanouissement dans le refus d’une collaboration si nécessaire pour que le couple humain puisse réaliser toutes ses potentialités.
Il y a une dignité incomparable à être un mari fidèle, un soutien dans les adversités de la vie, un collaborateur discret et toujours disponible. C’est en réalisant untel modèle que les hommes pourront vraiment aider les femmes dans les tâches immenses qui sont les leurs et soutenir leur parole.
Le paradigme de la mission des femmes ne se trouve-t-il pas dans l’annonce de la résurrection? À cause de leur nature, les femmes pouvaient seules comprendre que la vie peut être plus forte que la mort. C’est à ce moment qu’elles ont reçu le pouvoir et le devoir d’annoncer à l’humanité toute entière la nouvelle extraordinaire. Les hommes, qui n’étaient pas là, n’ont donc pas reçu la véritable responsabilité de gérer ce kérygme. C’est aux femmes qu’il revient d’annoncer la victoire de la vie sur la mort avec tout ce que comporte cette mission unique. Le vrai sacerdoce est là et nul ne pourra le leur enlever car de ce moment découle pour les femmes la connaissance d’une science unique.
L’Ecclésia s’engage à promouvoir le rôle des hommes au sein de son assemblée car elle est bien consciente de ses besoins. Elle sait, par contre, que le bonheur de l’homme sur cette terre comme dans l’au-delà réside dans la réalisation de son rôle éminent de compréhension, de soutien, de service et d’amour dans lequel il trouvera une dignité qu’il n’a pas encore atteinte. C’est aussi là que réside le véritable mystère de l’homme.
Il ne nous reste plus qu’à souhaiter en cette fête de la Nativité que les hommes, à l’instar de saint Joseph, mettent toutes leurs forces au service de la vie. Puisse saint Joseph qui incarne l’image même du rôle de compréhension et de collaboration qui appartient aux hommes, guider ceux-ci dans la réalisation de leur vocation suprême,
La papesse(décembre 1988)