Féminisme et tradition chrétienne : rencontre de visions
A Ottawa, les 18 et 19 septembre 1998, se tenait une conférence-atelier nationale intitulée « Féminisme et tradition chrétienne : rencontre de visions » organisée par le Centre femmes et tradition chrétienne de l’Université Saint-Paul. Ce colloque bilingue était ouvert aux universitaires, aux étudiantes et étudiants, aux groupes de femmes ainsi qu’à toutes les personnes intéressées par les défis de la justice sociale, de l’écologie et de la théologie envisagés dans une perspective féministe.
La conférencière principale était la professeure Ivone Gebara, Ph. D., théologienne écoféministe du Brésil qui enseigne dans diverses universités en Amérique latine et ailleurs. Elle est bien connue pour ses nombreux ouvrages où s’entrelacent les enjeux de la justice, de la théologie féministe de la libération, de l’écologie et de l’oecuménisme.
La première conférence de Ivone Gebara s’intitulait : « Une spiritualité au quotidien ».
La spiritualité au quotidien valorise les rencontres, les relations qui deviennent sources de sens. Souvent les femmes trouvent un vide de sens dans les religions institutionnelles. Elles recherchent un nouveau sens dans leur vie quotidienne.
La seconde conférence avait pour titre : « Féminisme et tradition chrétienne »: rencontre de visions ». Selon la théologienne, il importe aux femmes de situer les lieux de leurs paroles, d’où la pluralité des approches. Madame Gebara jette d’abord un regard sur le christianisme et les mouvements sociaux de l’Amérique latine. Dans ces pays, la théologie féministe de la libération est encore peu valorisée face à celle des hommes, lesquels sont revêtus d’autorité.
Ensuite, la professeure traite des relations des féministes à la tradition chrétienne. En tout temps, le féminisme doit se montrer critique des Églises et des théologies patriarcales. La théologie féministe doit s’employer à décentraliser la figure de Jésus et à la rendre proche de la communauté christique qui vit aujourd’hui.
Les femmes doivent participer à la construction de sens pour le temps présent. À partir de leur vécu, de leurs sources, les femmes ont aussi la mission d’évangéliser, d’échanger leurs bonnes nouvelles.
Dans l’après-midi du 19 septembre, une table ronde a permis d’aborder les thèmes développés par Madame Gebara pour les appliquer au contexte féministe et chrétien. Elle était composée de Pamela Dickey Young, Carolyn Sharp, Margaret Brennau et Katherine Clarke.
En plus de sensibiliser les participantes à diverses perspectives féministes, la conférence-atelier poursuivait certains objectifs : promouvoir la théologie féministe au Canada, favoriser la création d’un forum permanent de dialogue au sujet du féminisme dans la tradition chrétienne et, enfin, inaugurer le Centre femmes et tradition chrétienne de l’Université Saint-Paul.
Madeleine Laliberté,