FEMMES. CRIMINALITE ET JUSTICE SOCIALE
« Monique Hamellin (Vasthi)
Il y a un groupe de femmes qui attirent peu la compassion et pourtant, diverses questions de justice sociale sont soulevées par le traitement accordé aux femmes criminalisées.
Les données citées dans plusieurs études en criminologie révèlent que de 50 à 70% des femmes incarcérées ont eu des enfants. Au moment de l’enfermement la plupart en assument toujours la garde et cela/ sans l’aide d’un conjoint.
Généralement, les femmes cheffes de famille monoparentale éprouvent de grandes difficultés financières; la situation est au moins aussi pénible pour celles qui ont dû subir une période d’incarcération.
Durant l’emprisonnement, les femmes vivent dans un état de sujétion totale, mais dès la sortie venue, il leur faut reprendre toutes les responsabilités inhérentes à leur rôle de parent unique. De plus, séparées de leurs enfants, elles avaient souvent dû accepter pour eux des placements qui ne correspondaient pas à leur choix.
Les professionnels d’un système de contrôle les réfèrent alors à d’autres professionnels afin que la survie quotidienne soit assurée. Les prestations d’aide sociale permettent à ces femmes et à leurs enfants de survivre, de reprendre pied dans la société, mais cette nouvelle dépendance ne laisse pas entrevoir de très bonnes conditions de vie.
La prison est la peine la plus sévère que notre société se donne. Considérant que, parmi les motifs conduisant à la détention, moins de 10% sont pour des délits de violence envers d’autres personnes, il faut questionner ce recours massif à l’emprisonnement pour solutionner diverses situations qui posent problème.
D’autre part, comme ce sont généralement les infractions des personnes les plus démunies qui sont solutionnées par l’utilisation de la prison, il faut se demander où est alors la justice?
Quelle est la responsabilité de l’État et do la société envers les femmes justiciables tant au moment de l’enfermement qu’au temps de la sortie?
La réponse dépend du projet de société que nous voudrons nous donner. Déjà, les femmes en général sont dans une position de minoritaires. L’accès à l’éducation n’est plus réservé aux seuls hommes, mais les conditions sociales font qu’on attend moins des filles et celles-ci n’acquièrent pas cette formation qui pourrait les rendre plus compétitives sur le marché du travail. L’accès à des emplois mieux rémunérés leur permettrait d’assurer un peu plus que le minimum vital surtout lorsqu’elles ont charge d’enfants comme cela se produit de plus en plus. Situation d’autant plus problématique après un passage dans le pénal, alors que les femmes sont encore plus sujettes à la discrimination car qui veut employer une ex-détenue?
Ainsi, si le casier judiciaire entraîne une aggravation des comportements discriminatoires à l’égard des femmes, peut-être y a-t-il lieu de fournir à ces dernières, au moment de l’enfermement, des moyens réels pour acquérir certaines compétences qui pourraient vraiment se monnayer sur le marché du travail au moment de leur sortie.
Pour parler, agir et travailler pour et avec les femmes criminalisées, il faut s’arrêter à la personne en arrière de l’étiquette « criminelle* qui lui a été accolée, en pensant, notamment, aux conditions sociales et économiques qui sont leurs. Maintes fois, l’image ne sera pas très différente de celle des femmes les plus démunies dans notre sécrété. Le passage dans le pénal ajoute même un nombre non négligeable de conséquences