Bonne Nouv'ailes
Bonne Nouv’ailes, c’est notre lieu de ressourcement. Là où être chrétienne et féministe ne pose plus de problème. Nous partons du même point de départ, de la même prise de conscience. Nos rythmes s’accordent au rythme du groupe. Nous partageons nos avancées comme nos ralentissements.
Bonne Nouv’ailes, c’est aussi le lieu de repli où, à partir de nos expériences et de nos sujets de réflexion du moment, nous élaborons des stratégies, créons des manières d’être et d’agir et bien souvent aussi, soignons nos blessures.
Notre vie est large; nous avons de multiples champs d’action. Bonne Nouv’ailes nous prend tout entières, telles que nous sommes. Ce que nous avons au coeur, c’est toute notre vie qui le porte.
Bonne Nouv’ailes c’est le lieu spécifique où nous sommes L’autre Parole.
Deborah
L’expérience spirituelle vécue au sein de cette équipe, en lien avec l’autre Parole nous invite comme membres à grandir et à faire avancer de l’intérieur envers et malgré tout, l’attitude actuelle de l’Église.
Le symbole du groupe Déborah est le marteau, qui signifie la justice pour les femmes. Il faudra un jour arriver à rétablir l’égale dignité des hommes et les femmes au sein de l’Église.
Houlda
Qui est Houlda ? Nous faisons sa connaissance dans le deuxième Livre des Rois, 22, 14 : « Le prêtre Hilqiyyahu, Ahiqam, Akbor, Sharphân et Asaya se rendirent auprès de la prophétesse Hulda, femme de Shallum fils de Tiqva, fils de Harhas le gardien de vêtements; elle habitait à Jérusalem dans la ville neuve ». Houlda fait vraiment partie de la lignée des prophètes bibliques choisis par Yahvé qui ne craignent pas de dénoncer de façon véhémente les fautes commises contre la Loi et qui exaltent la bonne conduite de ceux et celles qui la respectent.
Houlda! Houlda! ce nom nous rappelle la « houle » du grand large qui nous fascine tant. « Avec elle, nous nous autoriserons à écarter les épaves encore bien encombrantes du pouvoir mâle : discours et comportements sexistes, récupération du labeur, du temps et de la réflexion des femmes; exclusion des structures ».
Notre groupe de réflexion existe depuis les débuts de la collective, mais il n’a choisi ce nom qu’en 1993 (voir la présentation que nous en avons faite dans L’autre Parole, no 59, automne 1993, p. 4). Sa base d’opération est Rimouski, nous avons eu durant quelques années deux groupes de réflexion. Au printemps 1996, nous ne formons qu’un seul groupe qui rassemble une dizaine de femmes qui résident de Métis-sur-Mer à Québec. Peut-être aurons-nous le plaisir de donner naissance à un nouveau groupe dans la capitale! Saviez-vous que L’autre Parole a déjà compté deux groupes de réflexion à Québec ? Nous sommes de nouveau en période d’enfantement.
« Source d’inspiration, modèle de compétence, Houlda, qui se situe dans un mouvement perpétuel de libération, nous aidera à réinterpréter la Parole originale en lien avec toutes les personnes animées du désir d’une constante conversion à l’Évangile ».
Marie-Guyart
En 1996, après la célébration du 20e anniversaire de L’autre Parole, sept femmes de Québec se rencontrent pour mettre sur pied un nouveau groupe. Très rapidement, l’appellation ‘Marie-Guyart-de -l’Incarnation’ nous apparaît incontournable. Sans Marie de l’Incarnation et ses compagnes, la petite colonie de Nouvelle-France, fondée en 1608, n’aurait pu tenir le coup, ce qui a fait dire à Louis Lemieux, du journal Le Soleil : ‘Le grand homme de la Nouvelle-France est une femme’.
Sa vie est une étonnante suite de combats, de victoires qui font d’elle non seulement la grande épistolaire du pays mais aussi un parfait exemple de polyvalence en se faisant tour à tour administratrice, artiste, éducatrice, musicienne, mystique.
Depuis ce temps, notre désir de retourner aux sources s’intensifie. Présentement, la découverte de l’Évangile de Marie-Madeleine jette une nouvelle lumière sur le rôle de cette première femme, apôtre de la chrétienté. Les livres de Jean Leloup, d’Anne Pasquier et de Catherine Baril nous convient à un festin plein de découvertes sur la vie de cette figure de proue presque oubliée du 20e siècle.
L’épopée mystique et féministe de ces deux amantes de Jésus peut avoir, sur les femmes en particulier, à l’aube de l’an 2000 , de retombées merveilleuses.
Myriam
En choisissant le nom de Myriam pour identifier notre groupe, nous avons souhaité rendre hommage à une héroïne dont la mémoire s’est trouvée obscurcie et presque occultée par la gloire de ses frères, Moïse et Aaron, puisqu’il faut les nommer. Le livre de l’Exode (Exode 15, 20-21) en parle comme d’une prophétesse entraînant à sa suite les femmes d’Israël dans une danse et un chant de louange à Yahvé après le passage à pied de la mer Rouge et la noyade de l’armée du Pharaon. Le cantique dit de Moïse, c’est aussi le sien.
Au livre des Nombres (Nombres 12, 1-16) nous apprenons que Myriam et Aaron ont tous deux osé critiquer Moïse pour avoir épousé une Koushite, une étrangère donc. Yahvé n’est pas du tout content qu’on songe à semoncer son homme de confiance. Pour bien le faire comprendre il frappe Myriam de la lèpre. Curieusement Aaron s’en tire indemne, mais généreux, il s’inquiète du sort de sa soeur. Il prie Moïse de leur pardonner à tous deux leur offense à son égard. Celui-ci, bon prince, invoque le Seigneur pour obtenir la guérison de l’infortunée. Yahvé ne plaisante pas avec l’honneur de son serviteur, Myriam devra pâtir encore sept jours avant d’être délivrée de son mal. Ça lui apprendra! La trace de Myriam se perd ensuite dans le désert … de l’histoire. Ses frères auront droit à plus de notoriété.
Notre groupe, constitué de femmes de Montréal, Sherbrooke et Asbestos, s’est plu à s’identifier à elle pour raviver le souvenir de sa solidarité avec son peuple, mais aussi de son audace et de son courage. Elle a osé critiquer un homme, son frère, son chef. On prétend que le ciel le lui a fait payer… Seigneur, que d’interprétations patriarcales on commet en ton nom!
Myriam c’est la diversité même : une religieuse, des célibataires, des mères de jeunes enfants, des grands-mères. Pas de candidate au martyre, mais un passé et un présent d’engagement pour la cause des femmes, chacune en son milieu. Voilà qui nous sommes. Nos viscères et nos artères rappellent à l’occasion, à certaines, que nous avons atteint une certaine maturité… Mais nous ne sommes pas mûres, cela est sûr, pour la retraite, la démission, le défaitisme ou la morosité. Trop de chantiers demeurent ouverts où tout, ou presque, reste à faire, et la relève est là.
Nous avons l’âge de nos projets, de notre espérance et de nos rêves. S’il n’en tient qu’à nous. L’autre Parole retentira encore longtemps, dérangeante, percutante et engageante.
Pheobé
Notre groupe s’est donné un nom : celui d’une femme. Avant de vous le livrer, laissez-nous vous dire que nous l’avons trouvé à une époque qui nous inspire tout particulièrement, celle des premières communautés chrétiennes. Cette époque est à la source du christianisme et elle nous rejoint car les ekklèsia d’alors étaient constituées de baptisés égaux et égales, vivant en communion et travaillant à faire advenir le Royaume selon les dons que chacune et chacun avaient reçus. Chaque ekklèsia était autonome et avait ses caractéristiques propres. Les décisions revenaient à la communauté. Nous avons donc voulu nous rattacher à ce souffle, cette liberté, cet enthousiasme, cette ardeur qui animaient les chrétiennes et les chrétiens des premiers siècles et nous avons choisi Phoebé, l’une des responsables de ces communautés, pour désigner notre groupe.
Phoebé était responsable de l’Église de Cenchrées. Or Cenchrées est un port de Corinthe qui présente certaines analogies avec Montréal, notre lieu d’appartenance. En effet, Corinthe est une cité cosmopolite où toutes les races et toutes les religions se côtoient (grecs, commerçants, esclaves, juifs, païens). Des milliers d’esclaves sont débardeurs au port ou travailleurs dans les résidences des riches. À Montréal comme à Corinthe, on retrouve une minorité de riches et beaucoup de pauvres et d’exclus.
Paul reconnaît qu’il doit beaucoup à Phoebé. Il recommande qu’on la reçoive et qu’on se mette à son service. » Je vous recommande Phoebé, notre soeur, diaconnesse de l’Église de Cenchrées : offrez-lui dans le Seigneur un accueil digne des saints, et assistez-la en toute affaire où elle aurait besoin de vous; aussi bien fut-elle une protectrice pour nombre de chrétiens et pour moi-même » (Rom 16, 1-2).
En choisissant le nom de cette femme qui a rempli une fonction importante à l’époque des premières communautés, nous espérons revivifier notre ekklèsia au souffle de l’Esprit qui fait renaître et à la souveraine liberté qui lui est rattachée.
Vasthi
Au sein de L’autre Parole, le groupe Vasthi représente,un des pôles montréalais de la Collective. Le nom qu’il s’est donné lui vient du nom de la première épouse d’Assuérus. On trouve son histoire au premier chapitre du livre d’Esther dans la Bible qui raconte qu’à l’issue d’une série de banquets où Assuérus voulut faire montre de la beauté de son épouse au peuple et aux grands de sa cour, il donna ordre que Vasthi se présente. Mais Vasthi refusa de venir selon l’ordre du roi n’acceptant pas de se prêter au jeu d’une démonstration où elle ferait figure d’objet. Son geste d’affirmation face au pouvoir mâle est vu comme étant subversif et source d’inspiration pour toutes les femmes du pays. Il entraîne sa répudiation et la promulgation, à travers tout le royaume, d’un édit où il fut affirmé que tout mari est « maître chez lui ». Au terme d’un concours de beauté, c’est Esther qui succède à Vasthi aux côtés d’Assuérus. Elle est juive et, par elle, le destin du peuple élu s’accomplira…
Comme groupe constituant L’autre Parole, Vasthi réunit des femmes provenant de milieux socio-économiques et culturels semblables, mais appartenant à différents groupes d’âge comme à divers lieux d’engagement. Le groupe s’est bâti à partir de la mise en commun d’expériences — aliénations, oppressions, interpellations –; il s’est aussi caractérisé par ses actions militantes et ses collaborations avec d’autres groupes de femmes. Vasthi aime célébrer et faire vivre des célébrations écrites et produites par ses membres que ce soit à l’occasion de Noël et de Pâques ou lors du 8 mars. En matière de spiritualité Vasthi affirme ne pas accepter de dépendance par rapport au pouvoir clérical ce qui oblige à innover en s’appropriant la symbolique de la tradition. Depuis quelques années, ses membres se sont intéressées à l’histoire et à la vie de femmes saintes et engagées dans les problèmes sociaux de leurs temps. Vasthi s’emploie à maintenir un équilibre entre l’action et la réflexion, deux composantes d’une orientation de base qui fut prise à l’origine. Vasthi pourrait également être défini comme étant un groupe politique prenant position à la fois dans le christianisme et dans la société, mais toujours en solidarité avec les femmes.