LA DÉCLARATION DE PAIX DES FEMMES

LA DÉCLARATION DE PAIX DES FEMMES*

Il y a 300 ans, ils étaient trente-neuf et un à se réconcilier sous l’arbre sacré de la paix. Il y a 300 ans, ils étaient 39 hommes rouges et un homme blanc à signer un traité de paix, sans les femmes. Pendant que les hommes signent des Grand Paix qui s’inscrivent en lettres d’or dans l’Histoire, les femmes signent des milliers de petites Paix à chaque minute dans leur famille, dans leur couple, entre leurs enfants, des petites paix qui s’inscrivent en lettres de vent et d’eau dans l’esprit, le territoire invisible des femmes. La Paix est de toutes les couleurs. Comment pouvons-nous être des ennemis? Un lait du même blanc coule dans nos seins. Un sang du même rouge coule dans nos veines. Mon sang peut sauver la vie de celle ou de celui qui ne pense pas comme moi. Nos gènes sont si semblables que je peux être la jumelle de celui ou de celle qui ne partage pas la même culture que moi. La paix est la reconnaissance de notre ressemblance. La paix n’est pas un arrêt de l’Histoire, ni un long fleuve tranquille, ni un illusoire retour au Paradis terrestre. La paix est une révolution exigeante qui ne cherche le repos que dans la marche constante et obstinée vers l’égalité de tous les êtres humains. Nous, femmes du Québec et d’Amérique, femmes rouges, noires et blanches, femmes du monde, du présent et du futur, femmes du XXIe siècle, nous voulons avoir la conscience en paix. Nous ne mettons pas au monde des races, des prédateurs et de la chair à missiles. Les enfants de demain seront à notre image, ils répéteront nos gestes et nos mots.

Déclaration de paix des femmes, rédigée par Virginia Pésémapéo-Bordeleau, artiste peintre et écrivaine, , écrivaine, pour souligner la commémoration du tricentenaire de la Grande Paix de Montréal. La présidente du Conseil du statut de la femme, Diane Lavallée, déplore le silence qui a entouré la signature de cette Déclaration par 25 femmes de divers horizons en août 2001.

* Ce texte a paru dans La Gazette des femmes, mai-juin 2002, p.5