LA FEMME DANS L’EGLISE
Quatre ans après l’Année Internationale de la Femme, les réalisations féminines tangibles paraissent assez discrètes ••• Surtout dans le domaine ecclésial, même après ce mot de Jean XXIII: « La promotion de la femme est un signe des temps ».
Comment expliquer cette absence?
« Si de nos jours, toute discrimination basée sur le sexe est officiellement condamnée, ce beau principe est encore loin d’être sérieusement appliqué aux structures internes de l’Eglise qui, à ce titre, reste probablement un des del1Jliers bastions de la masculinité.1
Cette prise de conscience nous oblige à regarder l’histoire et à tirer parti de son enseignement: rien ne sert de changer le système seulement; il faut d’abord changer le coeur des hommes (et des femmes). Prendre conscience aussi que l’homme a à se libérer des mythes concernant la femme, pour la voir comme « sujet » personnel; libération qui amènera une reconnaissance des droits et des valeurs de cette autre personne humaine complète (pas un homme manqué!) et complémentaire. Il ne s’agit pas de s’en remettre aux autres pour obtenir gain de cause. L’histoire nous apprend encore que: « la libération des opprimés se fait par les opprimés eux-mêmes ».2
Mais ce qui est promotion pour l’une, ne l’est pas nécessairement pour l’autre!
Sous prétexte d’amener la femme à des activités plus nobles, elle se sent contrainte de changer d’être; elle est appelée à un mode de vie qu’elle n’a pas imaginé elle-même et qui n’est que la répétition de modèles imposés par l’homme. 3
Qu’on la laisse choisir ou inventer ce qui lui convient! Elle doit trouver ses modalités propres d’expression. Revendiquer pour avoir les mêmes tâches que les hommes d’Eglise n’est pas pour toutes la solution heureuse. D’accord pour celles qui le désirent! Cependant, l’avènement de la femme à des fonctions jusqu’ici « réservées » aux hommes dans l’Eglise doit se réaliser s’il y a lieu avec tact et sagesse. Il est préférable de ne pas encadrer la gent féminine dans les mêmes démarches et fonctions,
Personne autonome, différente, chaque femme doit s’insérer à sa manière. J’aime imaginer cela non comme un mouvement de masse tapageuse qui revendique ses droits, mais comme une avancée irréversible et lucide dans un service d’Eglise au féminin en compréhension avec « l’autre » différent,
Sherbrooke Noëlla Veillette Etudiante en théologie
1 Jean-Marie Aubert, Antiféminisme et Christianisme, p.7.
2 Judith Dufour, Communauté chrétienne, no.95, p.493
3 France Quéré, La femme avenir p.104.
4 Ce texte a été rédigé dans le cadre de la préparation à la rencontre du REQT de février 1979.