LA MARIE DES « FÉES ONT SOIF »
Christine Lemaire – Bonnes Nouv’Ailes
La Mariette la pièce de théâtre « Les fées ont soif »1est une statue. Ouf dît statue dit objet vide de vie, mais non de sens. Le texte de Denise Boucher dénonce avec violence, cette violence longtemps refoulée par les femmes, la Marie-statue, objet d’oppression.
« On m’a donné un oiseau comme mari
On m’a dérobé mon fils de siècle en siècle
On lui a donné un père célibataire jaloux et éternel
On m’a taillée dans le marbre et fait peser
de tout mon poids sur le serpent »
« Ils m’avaient inventée Vierge pour toucher
la part de Dieu qui leur revenait«
« Je suis l’Immaculée dans toutes leurs conceptions.
Je suis la désarticulée de toutes leurs obsessions »
« Je suis le désert qui se récite grain par grain. (…)
Je suis la reine du néant. Je suis la porte sur le vide. (…)
Je suis le mariage blanc des prêtres. (…)
Je suis le rêve de l’eau de Javel. »
« Je suis le miroir de l’injustice.
Je suis le siège de l’esclavage.
Je suis le vase sacré introuvable.
Je suis l’obscurité de l’ignorance. (…)
Je suis le symbole pourri de l’abnégation pourrie. »
« Je suis le carcan des jaloux de la chair.
Je suis l’image imaginée. Je suis celle qui n’a pas de corps.
Je suis celle qui ne saigne jamais (…)
Je suis le grand alibi des manques de désir. »
•Ils m’ont rentrée dans ton corps i coups d’images et de
médailles, i coups de chantage, de menaces et de
promesses.
Il faut que je sorte d’ici, moi. (…)
•N’AI-JE POINT QUELQUE PART UNE FILLE QUI ME DÉLIVRERA?
QUI ME DÉVIERGERA? »
I BOUCHER, Denise, Les fées ont soif. Montréal, Ed. Intermède, 1978.