La parabole de la chocolatière
Par une journée de grand vent — est-ce le vent de l’Esprit ? — une jeune femme et sa fille arrivent camouflées dans leurs vastes mantes rouges dans un petit village catholique français très paisible, qui se caractérise par une tranquillité qu’il ne faut surtout pas déranger. Et pourtant la jeune femme, qui n’est ni mariée, ni catholique, ouvre en plein carême une chocolaterie dont les créations époustouflantes qu’illustrent les splendides images du film Chocolat font spontanément saliver les spectateurs.
Évidemment cette arrivée impromptue intrigue beaucoup de personnes, à commencer par le maire et le jeune curé qu’il influence. Mais la chocolaterie devient vite le lieu de confidences où les personnes blessées par la vie trouvent une écoute bienveillante hors du commun et même un refuge pour la femme battue par son mari. Les gitans de la mer, qui s’installent temporairement à proximité, trouvent aussi en la chocolatière un accueil chaleureux, eux qui sont rejetés par le village. Nous nous sentons en plein climat de béatitude : « Heureux les coeurs purs… heureux les persécutés pour la justice… ».
Le même vent souffle encore à la fin du film : les gens ont appris à respirer, la relève est assurée et la chocolatière, en femme nomade qu’elle est, est de nouveau attirée vers Tailleurs.
Le film Chocolat de Lasse Hallstrôm avec l’actrice Juliette Binoche incarnant le rôle principal est un pur délice. Il présente des aspects du Festin de Babette, là où la gastronomie devient un lieu de transformation, de réhabilitation, de véritable communion.
J’ai vu dans ce film une belle parabole évangélique où les personnes exclues sont accueillies, remises sur pied, en possession de toutes leurs énergies.
MONIQUE DUMAIS,
Groupe Houlda de Rimouski