LA RÉALITÉ DES FEMMES DANS LE MONDE
Document des Soeurs Auxiliatrices
Lors de leur chapitre général de 1978, les Soeurs Auxiliatrices adoptèrent un décret reconnaissant que « la majorité des hommes et des femmes est opprimée par des structures injustes » (p.2). Après 12 ans, elles constatent:
«tant par les études récentes que par notre engagement social (…que) le phénomène de la pauvreté s’accroît et prend un visage féminin à l’échelle de la planète» p.2.
Les Soeurs Auxiliatrices sont installées au Québec depuis 40 ans. Elles oeuvrent à Granby et à Montréal au sein d’organismes engagés socialement. Elles sont donc à même de voir que le phénomène jugé planétaire est aussi bien québécois.
Cette pauvreté et cette oppression, elles l’expliquent par l’existence des systèmes capitaliste et patriarcal et analysent, dans leur texte, les rouages du second système. Selon elles, la force du système patriarcal vient surtout du fait qu’il est intériorisé, tant par les hommes que par les femmes (p.5; elles citent Kate Millet, La politique du mâle, ch.2). Elle remettent non seulement en question les structures sociales en général, mais aussi celles auxquelles elles adhèrent, soit l’Église qui « malheureusement (…) a été le véhicule idéologique du pouvoir patriarcal » (p.8), et leur propre communauté.
À ce titre, les Soeurs Auxiliatrices voient leur action à deux niveaux. D’abord,
«faisant partie de cette population de femmes, nous, les Auxiliatrices, pour contrer ce système devons travailler à notre propre libération en nous formant avec des groupes féministes à l’analyse, afin de mieux saisir les situations d’oppression qui nous assaillent et mieux comprendre les justifications idéologiques que les sociétés civile et religieuse nous imposent» (p.7)
Ensuite, elles proposent de se livrer à un examen de conscience:
«comme Auxiliatrices, nous devons aussi faire une analyse profonde de notre institution pour voir comment nous avons intégré les « lunettes » patriarcales: soit dans notre façon de penser soit dans notre façon de voir notre vécu de femmes et des autres femmes soit dans notre façon de vivre les relations avec le pasteur soit dans nos écrits, notre langage où domine le masculin, etc» (p.8)
Le texte des Soeurs Auxiliatrices sert donc de base à une réflexion sur l’engagement des religieuses, en tant que femmes, à oeuvrer pour une société égalitaire.
En conclusion, le document cite cet extrait de nos Béatitudes:
« Heureuses celles qui travaillent à pétrir le pain de l’autonomie, de l’égalité, de la solidarité: ensemble, elles nourriront la terre », (p.12. – L’autre Parole, no 22)
Christine Lemaire – Bonnes Nouv’ailes