La Société Elizabeth Fry du Québec Service, innovation et défense des droits des femmes judiciarisées

Service, innovation et défense des droits des femmes judiciarisées

Aleksandra Zajko, directrice générale adjointe à la SEFQ

La Société Elizabeth Fry du Québec (SEFQ) est un organisme communautaire œuvrant depuis 1977 auprès de femmes qui ont des démêlés avec la justice, qui en ont déjà eu ou qui risquent d’en avoir. En plus de leur offrir des services directs (décrits plus bas), la SEFQ se préoccupe du respect des droits des femmes judiciarisées, autant dans le contexte carcéral qu’à travers différentes étapes de leur parcours pénal. À ce titre, la Société travaille conjointement avec l’Association canadienne des Sociétés Elizabeth Fry (https://caefs.ca/fr/) qui a, entre autres, le mandat de protéger les droits et les intérêts des femmes sous sentence fédérale (soit une sentence d’incarcération de deux ans ou plus), aux côtés de l’Enquêteur correctionnel du Canada.

La SEFQ est le seul organisme de ce genre au Québec. Elle opère deux maisons d’hébergement pour femmes et des services externes dans trois villes : Montréal, Québec et Gatineau. Ainsi, les équipes servent des femmes sur un large territoire, notamment grâce à l’adaptation de certains programmes en mode virtuel, une pratique qui a d’ailleurs été accélérée par le contexte actuel de la pandémie.

Les services de la SEFQ visent l’amélioration des conditions de vie des femmes à travers trois dimensions essentielles : la dimension organisationnelle (hébergement, nourriture, vêtements), la dimension occupationnelle (formation, travail, bénévolat) et la dimension relationnelle (famille, pairs, implication dans la communauté). De plus, la SEFQ a toujours eu comme priorité de se réinventer et d’innover afin de répondre aux besoins changeants des femmes. Ainsi, au fil du temps, elle a proposé des mesures alternatives à la judiciarisation et à l’incarcération. C’est dans ce contexte que l’organisation investit dans le Programme EVE (une alternative à la judiciarisation et à l’incarcération de femmes ayant commis des délits à caractère économique) offert en collaboration avec la cour municipale de Montréal (http://www.elizabethfry.qc.ca/programme-eve), dans la mise en place et le développement de projets en arts communautaires (http://www.elizabethfry.qc.ca/art-et-prison/) et, plus récemment, dans un projet pilote qui intervient auprès de femmes survivantes ou à risque de traite humaine.

La Société Elizabeth Fry du Québec a toujours porté un regard féministe sur la situation des femmes auprès desquelles elle a œuvré. Elle soutient leur capacité d’agir et de faire des choix à l’égard de ce qui est important pour elles. Elle prend en considération le contexte social et les obstacles systémiques auxquels elles sont ou ont été confrontées. La SEFQ favorise également la création d’alliances thérapeutiques qui permet le développement de liens durables entre ses intervenantes et les femmes. Elle est sensible à la complexité identitaire des personnes soutenues et aux différentes sources d’oppression et de formes de discrimination auxquelles elles peuvent être confrontées.

Dans une société qui évolue aussi rapidement sur les questions de l’inclusion et de la diversité, il est primordial pour une organisation comme la SEFQ d’adopter des approches d’intervention variées, en adéquation avec ses valeurs de bienveillance, d’intégrité, d’autonomie et de justice sociale. Le cœur de sa mission et du travail quotidien de son personnel est de faire avancer les luttes contre la pauvreté et les inégalités sociales auxquelles sont continuellement confrontées les femmes dans le système de justice pénale. La SEFQ aspire à une société où le recours à la prison n’est pas la solution pour régler des problèmes sociaux. Elle souhaite la mise en œuvre de politiques plus progressistes qui tiennent compte du fait que la prison perpétue la pauvreté, vulnérabilise les femmes et, par extension, fragilise la qualité de vie de leur famille, plus particulièrement celle de leurs enfants.

Quelles sont les prochaines tendances sociodémographiques qui risquent de forcer la SEFQ à repenser ses services ? La (sur)représentation des femmes autochtones dans les pénitenciers atteint en 2022 le seuil du 50 %. Les personnes issues de diverses identités de genre sont de plus en plus présentes dans les établissements de détention et dans nos services. Le recours grandissant aux technologies de l’information dans toutes les sphères de notre société rend les accès aux services plus difficiles pour les femmes et risque d’accentuer leur marginalisation.

Devant de tels changements, la SEFQ continuera d’adapter ses services et ses pratiques afin de répondre aux besoins qui évoluent et se manifestent chez les femmes et les personnes issues de diverses identités de genre. Dans ce sens, voici les références de quelques projets et partenariats qui ont déjà vu le jour :

Pour terminer, notons quelques articles ayant souligné le travail fait à la SEFQ dans la revue

L’autre Parole :