L’AUTRE MOITIE DE L’ÉGLISE: LES FEMMES
Par: Rita Pierro, Franca Long, Paris, Cerf, 1980.
« Qu’en est-il du pouvoir de décision des femmes dans l’Eglise? » Ce livre présente les causes profondes et culturelles du pouvoir mutilé des femmes dans l1Eglise, de son rôle institué selon les besoins de l’époque au service de cette soif de domination du pouvoir patriarcal.
Les deux autrices italiennes, l’une de confession catholique, l’autre de confession vaudoise, font ressortir l’image des femmes à travers l’histoire: en faisant voir d’abord le rôle subalterne qu’elles tenaient dans la société hébraïque et en précisant ensuite la nature des relations que Jésus entretenait avec elles. « Jamais n’est mentionné (dans les récits des Evangiles) un geste, un mot de Jésus contre les femmes. » (p. 18)
Un chapitre est consacré à l’apôtre Paul dont l’enseignement a été interprété par les Pères de l’Église pour maintenir les femmes dans un état « primitif » d’infériorité . Ceux-ci ont révélé comment étaient considérées les femmes dans la communauté chrétienne des premiers siècles. « L’Évangile du Christ (…)a été trahi par une Eglise qui a très souvent confondu péché et sexualité, si bien qu’elle a permis l’identification absurde, mais historiquement réelle, de la femme et du péché. » (p. 8)
La répression devint plus forte au Moyen Age lorsque des groupes de femmes dans le mouvement vaudois prophétisaient, prêchaient sur des places publiques. La participation active des femmes dans ce mouvement a entraîné sa condamnation; plusieurs femmes furent persécutées et furent tuées. Le même sort a été réservé aux sorcières des XIII-XVIIIe siècles: « les pouvoirs qu’elles détenaient pour soigner les gens par des remèdes à base
d’herbes aux vertus curatives ne pouvaient venir que du diable », toujours selon l’Eglise (p. 60).
Les deux autrices nous font ensuite voir comment la société bourgeoise des XVe et XVIe siècles a réussi à imposer ses modèles de comportement à l’ensemble de la population. Puisque d’être comme la classe bourgeoise était un signe de promotion sociale.
La situation d’infériorité existait déjà à des époques précédentes et dans d’autres sociétés . C’est pourquoi il a été facile à la classe bourgeoise d’imposer certains de ses modèles. héritages de cultures préexistantes.
Dans ce contexte, la religion a joué un rôle décisif . Déjà bien plus tôt, la soumission de la femme. à 1’homme avait été justifiée et exaltée comme une vertu au même titre que la virginité, l’humilité, l’obéissance, la fidélité, etc. (p. 70)
Finalement, elles nous présentent le visage de la femme dans l’Église d’aujourd’hui. Une question importante: celle du sacerdoce féminin . « L’égalité ne sera réelle dans l’Église que lorsque la femme pourra être prêtre. Tant que cela ne sera pas possible, l’égalité restera un mot . » (p. 95) Les différents ministères institués doivent être accessibles à tous et à toutes. Pour Dieu, « il n’y a ici ni Juif, ni grec, il n’y a ni esclave, ni homme libre; il n’y a ni homme, ni femme; puisque vous êtes tous un dans le Christ Jésus. » (Gal. 3, 28)
Présenté comme une exhortation à l’amour. ce livre a l’importance d’une parole à entendre dans le désert de nos certitudes fragiles et humaines •••
Rimouski. Hélène Vézina .
Le C.E.P. (Chrétiens pour une Église populaire, C.P. 305, Succursale St-Sauveur, Québec (G1K 6W3), vient de livrer un Manifeste sur la place des Femmes dans l’Église. Il y en a d’autres qui espérait avec nous !