Un dialogue de Louise Le Blanc Nadeau avec Claire Le Blanc, Déborah
- – Bonsoir Claire et merci d’avoir accepté mon invitation à ce dialogue sur les débuts du féminisme au Québec.
- – Bonsoir Louise, c’est un plaisir de participer à un échange qui nous permettra de rappeler la présence des pionnières dans ces luttes qui nous occupent.
- – Aujourd’hui, en l’an 2021, ce qui est d’actualité pour le féminisme, ce sont les luttes du mouvement #MoiAussi. Mais bien avant, il y a eu des femmes qui ont lutté pour que nous arrivions là où nous en sommes. Parlons entre autres du féminisme libéral égalitaire au Québec de la fin du XIXe jusqu’à nos jours.
Il renvoie au fait que les femmes devraient bénéficier des mêmes opportunités que les hommes, que ce soit dans les milieux de l’éducation, du travail et de la politique.
Essayons de penser aux femmes les plus emblématiques de cette tendance.
- – J’ai pensé à Idola St-Jean, militante féministe et suffragette.
Elle était une des pionnières dans la lutte pour l’obtention du droit de vote des femmes soit du début de la décennie 1920 et cela jusqu’à l’obtention du droit de vote des femmes au Québec en 1940. En 1927, elle relance le débat sur le suffrage des femmes en fondant l’Alliance canadienne pour le vote des femmes du Québec.
Idola invite les femmes à revendiquer leur droit de vote ! « Levez-vous et haussez la voix ! » scande-t-elle, rappelant à toutes les femmes qu’elles ont un pouvoir immense. Elle les invite à s’en servir, maintenant et tout le temps. Inlassable, elle ira présenter sa demande de droit au suffrage des femmes à Québec, année après année, en collaboration avec les militantes de la Ligue des droits de la femme, présidée par Thérèse Casgrain qui, elle, poursuivra la lutte après le décès d’Idola St-Jean en 1945.
- – Oui, il y a Thérèse Forget-Casgrain, réformatrice, militante féministe et première femme cheffe de parti politique au Québec.
- – Elle s’est battue pour le droit des femmes du Québec. Elle est une des plus importantes militantes de notre histoire. Comme Idola St-Jean, elle était une pionnière, dont la prise de parole dérangeait les politiciens et les membres du clergé dans le Québec des années 1920 à 1940. La lutte de ces femmes portera ses fruits et, en 1940, les femmes du Québec obtiennent le droit de vote.
Jeune femme, Thérèse veut s’inscrire à l’université, mais son père, grand bourgeois d’affaires, croit qu’elle serait mieux d’apprendre à gérer une maison. Qu’à cela ne tienne, Thérèse deviendra cheffe. Pas cheffe de maison mais cheffe du CCF (Co-operative Commonwealth Federation) au Québec, ancêtre du NPD (Nouveau Parti Démocratique). Elle sera en 1951 la première femme à exercer cette fonction au Québec et au Canada. Elle se présentera à plusieurs reprises sous cette bannière, pour défendre entre autres la pleine capacité juridique des femmes mariées et la paix dans le monde.
Thérèse aura une longue carrière politique qui aboutira en 1970 à sa nomination au Sénat, par Pierre Elliot Trudeau, à titre de sénatrice indépendante. Par la suite, dans la dernière décennie de sa vie, elle s’engagera pour les droits des femmes des Premières Nations, afin que celles, mariées à des Blancs, conservent leur statut d’Indienne et le transmettent à leurs enfants.
- – Une autre immense militante, Madeleine Parent, syndicaliste et féministe québécoise.
- – Oui tout à fait. Madeleine Parent a fait siennes les luttes de la classe ouvrière avant de devenir l’une des consciences les plus avisées du féminisme québécois. En 1942, elle se retrouve à la tête du mouvement de syndicalisation des usines de la Dominion Textile à Valleyfield et à Montréal. Quelques années plus tard, la grève éclate et des familles entières s’engagent dans le mouvement de revendication. Madeleine aura alors l’occasion, à maintes reprises, de démontrer son courage, son leadership et sa détermination.
Ses pires adversaires seront le clergé et le gouvernement. Elle devient l’ennemie jurée de Maurice Duplessis qui l’accuse publiquement d’être une communiste. Elle sera mise sous arrêt cinq fois. Duplessis réussira même à la faire condamner. Madeleine Parent contestera, elle sera blanchie en Cour d’appel.
Très active dans le mouvement des femmes au Québec, Madeleine est présente dans différents organismes, dont la Fédération des femmes du Québec (FFQ), Alternatives, le Centre des travailleurs immigrants, la Ligue des droits et des libertés et dans les associations d’appui aux femmes autochtones, à mobilité réduite ou issues des communautés culturelles.
Une femme de tête et de cœur, en avance sur son temps, qui aura milité bien au-delà de la retraite en jetant des ponts entre les communautés francophone, anglophone, allophone et autochtone.
- – Ah ! Oui ! Mais n’oublions pas Marie Lacoste Gérin-Lajoie, une pionnière du mouvement féministe au Québec, une juriste autodidacte, une réformiste sociale et une éducatrice de la fin du XIXe siècle au début du XXe.
- – C’est vrai. Marie, à 22 ans, donne naissance à son premier enfant, une fille. Elle lui souffle à l’oreille qu’elle doit aspirer à ce qu’il y a de mieux.
À partir de ce jour, Marie veut transformer le monde pour Marie, sa fille. Elle combat avec ardeur les préjugés selon lesquels les femmes seraient moins intelligentes que les hommes. Marie dit : « Donnez-nous le droit d’étudier. »
- – Nous manquons malheureusement de temps, nous aurions pu parler de toutes ces autres femmes qui se sont tenues debout solidairement pour nos droits et qui ont osé affronter de plein fouet le système patriarcal.
- et L. – Ensemble, continuons le combat !