LE SECOND SOUFFLE DE MA VIE
Hélène Gautron- Vasthi
L’autre Parole a dix ans cette année. En août, cela fera huit ans que j’aurai commencé à cheminer avec tes femmes du Collectif.
Je me souviens bien de 1978. Ce fut une année de choix, une année déterminante pour mon avenir. Je terminais te baccalauréat en sociologie. J’avais orienté mon cours vers deux spécialités: l’informatique appliquée en sociologie et la sociologie des religions. Toute cette armée scolaire, j’avais travaillé au Centre de recherche en sociologie religieuse avec te Père Jean-Paul Rouleau. à recueillir des données pour une recherche sur tes femmes dans l’Eglise catholique romaine canadienne-française. A cause de cette activité, j’avais entendu parler d’une rencontre de femmes au mois d’août à Rimouski.
Ce week-end d’août 1978 fut mémorable. Nous étions vingt-cinq participantes.
Seules notre condition de femme et ta préoccupation de mieux définir
notre rote au sein de notre Église nous réunissaient. Ma prise de conscience de la
seconde place qui nous était toujours dévolue s’accentuait.
Avant la rencontre, j’hésitais encore entre la poursuite de mes études en sociologie des religions et te choix d’une orientation vers ta démographie. Après nos discussions, mon option était prise. Je rejetais une carrière où. de toutes façons, je ne serais appelée à jouer qu’un rote de second plan, pour une discipline pragmatique qui m’apparaissait infiniment plus utile pour comprendre notre si grande différence d’avec l’autre moitié de l’humanité. Je suis donc devenue démographe.
A l’automne, à Montréal cette fois, huit des vingt-cinq, dont Judith, Marie-Andrée et Béatrice (des fondatrices), se réunissaient chez Judith pour commencer le cheminement que notre groupe Vasthi poursuit encore aujourd’hui.
Depuis 1978. ta composition de notre groupe s’est modifiée. Quelques-unes nous ont laissées, d’autres se sont jointes à nous. Les années ont vu passer une pléiade de thèmes de réflexion parmi lesquels certains ont été approfondis, des portages de vécu dont certains ont fait mal, des actions et des réactions: tout cela parce que nous étions et sommes encore chrétiennes et féministes.
Les soirées de partage et de réflexion, même si nous étions d’âge et d’état de vie différents, nous rapprochaient tellement! Cette solidarité par tes tripes m’a donné tant de forces pour tes changements importants de ma vie…
Depuis 1978. je suis devenue épouse et mère, et je travaille comme professionnelle dons un monde d’hommes qui n’a rien à voir avec te domaine religieux. J’ai eu besoin de définir ma place, et j’ai voulu demeurer chrétienne perce que Je suis croyante, sons accepter pour autant l’application des diktats de l’Église.
Ce qui me nourrit aujourd’hui dans L’autre Parole, ce sont nos célébrations de foi» d’amitié et de paix. De foi en un devenir de l’Église qui nous appartient à nous aussi, tes femmes, à part entière et pas seulement à l’autorité en place actuelle. D’amitié avec des femmes qui partagent tes mêmes valeurs de remise en cause du pouvoir établi au sein de notre Église. De paix avec nous-mêmes, en notre for intérieur, parce que nous rejetons te discours officiel de l’Église.
De foi. parce que nous croyons en un Au-delà qui s’appelle te Christ: d’amitié, parce que nous partageons nos joies, nos peines de femmes; de paix, parce que notre lutte ignore la belligérance et respire Sa sérénité.
L’autre Parole est et demeure le second souffle de ma vie: ma vie de femme et de chrétienne.