L’Encyclique Redemptoris Mater (1987) ou La grande déception
Marie Gratton, Myriam
Jean-Paul II vouait à Marie une extrême dévotion. L’encyclique intitulée La Mère du Rédempteur, parue en 1987, en témoigne éloquemment. C’est un texte dense, long et, déjà à l’époque, mal arrimé aux réalités contemporaines. Le temps n’a rien fait pour arranger les choses. Pour les féministes chrétiennes que nous sommes, cette méditation sur Marie a été et demeure une grande déception.
Pourquoi avons-nous cette impression d’un rendez-vous manqué avec Marie?
D’abord, à cause d’une vision objectivante de la femme étroitement encadrée par le modèle de la vierge et de la mère, puisque « la féminité se trouve particulièrement liée à la mère du Rédempteur » (no 46).
Ensuite, parce que l’anthropologie sous-jacente à la réflexion théologique ne tient aucun compte des perspectives contemporaines. Les femmes se voient encore déchirées entre Ève et Marie, et l’exercice de la sexualité les souille. À preuve, cette citation d’une prière orthodoxe: « Toi qui sans souillure a engendré le Verbe de Dieu » (no 32).
Nous aurions souhaité voir se briser la statue, pour découvrir enfin l’humble visage de la paysanne de Galilée à l’imprévisible destin. Nous aurions pu y reconnaître la mère, la sœur, la voisine, l’amie qui nous aurait parlé au cœur. Mais c’est sans doute à nous, féministes chrétiennes, que cette tâche incombe.