Les B en musique pour des cantates enchanteresses et du Blues enlevant

Les B en musique pour des cantates enchanteresses1 et du Blues enlevant2

Bach et Barber. Jean-Sébastien et Patricia. Musique sacrée et musique jazzée. Deux époques, les XVII-XVIII siècles et les XX-XXI siècles. Deux écritures, deux personnages fort différents mais portés tous les deux à l’improvisation.

Vous pensez que la musique sur des textes sacrés est généralement ennuyeuse ou vous trouvez la musique d’orgue difficile d’accès alors, il vous faut écouter un bref ensemble comprenant flûte, hautbois, trompette, violons, viole de gambe et, une voix, une seule voix, celle d’une soprano, Nancy Argenta. Son interprétation, en solo, de certaines cantates de Bach vous amènera d’un état, d’abord plutôt méditatif, à un sentiment de pure jubilation.

Dans la cantate BWV 51 — Exaltez Dieu en tout pays, l’échange entre la trompette et la soprano sous forme de vocalises, dans l’aria d’ouverture, sait produire un effet des plus enchanteurs. Quant à l’Alléluia final, vous serez comblée par les émotions qu’il suscitera en vous.

La cantate BWV 202 — dite Cantate du mariage, dont le rythme évolue entre le récitatif et le mouvement de danse, mérite aussi votre attention.

Quant à Patricia Barber, une interprète blanche, à la voix inimitable et à l’écriture quelquefois provocante sur des rythmes de blues, vous découvrirez qu’elle sait aussi se réapproprier les grands classiques du jazz comme des chansons plus populaires. Ainsi, sur l’album Modem Cool, elle reprend la chanson Light my fire, (enflamme ma nuit) qu’elle dédie à sa douce. Ailleurs, c’est du Paul Anka qu’elle interprète dans She’s a Lady. Dans Let it rain, l’une de ses compositions, elle invoque le Seigneur afin que le ciel bleu ne soit plus ce mensonge sur son mal de vivre.

L’album Companion présente le très envoûtant The Beat Goes On. La voix chaude de Barber et le rythme à la Hammond B-3 sont hypnotisants. Et que dire de : If this isn’t Jazz. Dans cette dernière chanson, la compositrice s’interroge carrément sur le jazz, son rythme… Elle se demande si elle, une femme blanche, peut arriver à interpréter ce genre de musique où excellent les Noires. Elle se console, à la fin, en se disant : qu’importé ! si l’amour arrive sur votre chemin…

Je souhaite que ces deux merveilleux artistes, Barber tout comme Bach, sachent enchanter votre chemin quotidien.

MONIQUE HAMELIN

1 Johann Sébastian Bach (1685-1750), Cantatas (BWV 51, 82a, 84, 199, 202, 209), Ensemble Sonnerie sous la direction de Monica Huggett. Nancy Argenta soprano. Album Vogue Veritas de deux disques compacts.

2 Patricia Barber. Modem Cool et Companion. Les deux albums chez Blue Note.