LES FEMMES AU MOUVEMENT DES TRAVAILLEURS CHRÉTIENS
Denise Desrosiers-Houle, permanente du M.T.C. Montréal
Le Mouvement des travailleurs et travailleuses chrétiens-chrétiennes fait partie des mouvements d’Action catholique et est présentement très actif dans sept régions: Québec, Chicoutimi, St-Hyacinthe, Hull, Black Lake, Joliette, Montréal; il débute dans quatre autres, Lachute-St-Jérôme, Valleyfield, Trois-Rivières et l’Abitibi.
Le M.T.C. existait depuis 1949 sous le nom de Ligue ouvrière catholique (L.O.C.). En 1965, il fait peau neuve et prend son appellation actuelle. Il a pour objectif la libération de la classe ouvrière. Le Mouvement considère qu’il peut apporter une contribution particulière à cette libération. Son but essentiel consiste à favoriser chez les travailleurs chrétiens un engagement ouvrier de qualité qui réponde aux exigences de la foi chrétienne. Il permet ainsi de vivre la foi au cœur de tous les efforts de libération déployés par les travailleurs. C’est par la méthode de révision de vie, du voir, juger, agir, qu’il voit à transformer la société qui l’entoure.
La participation des femmes.
Au début, les femmes n’avaient pas beaucoup de place dans le M.T.C. Elles ne faisaient qu’accompagner leur mari dans les rencontres qui portaient exclusivement sur le vécu ouvrier des hommes. C’est en 1982 qu’elles ont décidé de prendre leur place au Mouvement. Cette année-là, un premier petit groupe de femmes se réunit le 27 mars et présenta, au Conseil d’avril, la proposition d’une session pour les femmes à l’automne suivant. Les 23 et 24 octobre 1982, à Cap-Rouge, eut lieu la première session des femmes. Elles furent cinquante-deux ainsi réunies. Et cela n’a pas été facile, car les maris n’étaient pas très enthousiastes de voir partir leurs épouses pour deux jours et de rester avec les enfants.
La session se révéla un succès, elle répondait aux besoins des femmes. Son premier but était de permettre aux femmes de prendre la parole et de se raconter. Parler de soi n’est pas facile mais elles furent surprises de réussir à parler de leur vécu. Pour certaines, c’est la première fois qu’elles osent, mais elles ressortent de la session en disant: « On s’est donné la parole et il ne faut plus la perdre. Bien plus, il faudrait la donner à toutes les femmes. Finis, le silence et les peurs ».
Cette session au niveau du Québec a eu un suivi dans chaque région. Les femmes venaient de prendre leur place et surtout voulaient la garder. En octobre 1983, le deuxième colloque eut lieu sous le thème « Si on se rassemble, c’est qu’on se ressemble ». La première session a permis aux femmes de parler et la deuxième, de constater que leur histoire d’oppression et de lutte remonte aussi loin que nos arrières-grands-mères. « Le chemin à parcourir pour atteindre la pleine libération est donc long, mais nous savons que la ténacité est féminine. »
Suite à ce deuxième colloque, les femmes ont maintenant leurs places comme membres à part entière et comme travailleuses. Leur vécu est reconnu comme sujet de révision de vie. Elles occupent une place importante maintenant avec la Commission des femmes qui se penche sur la condition féminine dans le Mouvement et fait des recommandations au Conseil pour l’amélioration de celle-ci. Cette Commission recueille de l’information sur les situations des femmes de la classe ouvrière et conscientise les femmes du M.T.C.
Dans beaucoup d’équipes, les femmes sont majoritaires et durant les six dernières années, elles ont fait des pas de géant et pris leurs places dans le Mouvement. Au dernier colloque, en avril 1986, elles se sont penchées sur un thème pas facile: l’autonomie affective et financière et la violence faite aux femmes. Prendre conscience de toutes les formes de violence, très visibles, les violences physiques, mais aussi celles moins faciles à voir, comme les violences psychologiques.
« On n’avait pas de place pour parler de nos « motions », donc on en parle et ça fait réagir, on en prend plus conscience ».
Le Mouvement des Travailleurs et des Travailleuses chrétiens-chrétiennes.
Ensemble pour une société plus juste et plus humaine.