no 147 L’Exode : No 1 chapitre 15, L’eau de Mara 22-27, no 2 Chapitre 17,3-7 L’eau de Massa et Mériba, no 3 chapitre 16,1-36 La manne et les cailles, no 4chapitre 19, 1-20 Proposition de l’alliance, no 5 chapitre 20,1-17 Le Décalogue, no 6 chapitre 23, Recommandations avant le départ, no 7 chapitre 24, Conclusion de l’alliance, no 8 chapitre 32,15-16 Le Veau d’or,no 9 chapitre 34,1-34 Les nouveaux parchemins des Moïsa, no 10chapitre 35,1-3 Loi du repos sabbatique

L’Exode :

No 1  chapitre 15, L’eau de Mara 22-27, no 2 Chapitre 17,3-7 L’eau de Massa et Mériba, no 3 chapitre 16,1-36 La manne et les cailles, no 4chapitre 19, 1-20 Proposition de l’alliance, no 5 chapitre 20,1-17 Le Décalogue, no 6 chapitre 23, Recommandations avant le départ, no 7 chapitre 24, Conclusion de l’alliance, no 8 chapitre 32,15-16 Le Veau d’or,no 9 chapitre 34,1-34 Les nouveaux parchemins des Moïsa, no 10chapitre 35,1-3 Loi du repos sabbatique

1 Réécriture de L’Exode, chapitre 15, L’eau de Mara 22-27

Un jour de l’été 1976, trois femmes se réunissent pour manifester leur désir de faire sortir les chrétiennes de la mer tumultueuse d’une institution oppressante. Sans trop connaître leur destinée, elles invitent d’autres compagnes à parcourir les lieux encore ensablés et inconnus d’une nouvelle manière de faire Église. Elles marchent plusieurs mois sans trop trouver de sympathisantes à leur cause contestataire, mais elles savent que cela se fera. Elles se présentent à quelques évêques pour exprimer leurs soifs de renouveau dans l’Église, mais ne reçoivent qu’incompréhension et indifférence. On les considère même comme des hérétiques. Elles ne peuvent plus boire à ce discours rétrograde et patriarcal, à des décisions qui les ignorent. Elles en ressortent avec grande amertume.

Désenchantées, elles ne perdent pourtant pas espérance. Elles crient vers leur Sophia qui leur insuffle une ardeur contre toute attaque : « Mes filles, regardez Déborah, Houlda, Phœbé, Tsippora, Vasthi, toutes ces battantes de l’histoire biblique, et celles de notre tradition chrétienne : Catherine de Sienne, Ivone Gebara, Simone Monet-Chartrand et tant d’autres ». Ces paroles les confirment dans la poursuite de leur quête d’autonomie et de libération. La méditation sur les parcours et les actions de ces pionnières adoucit les nombreux propos réprobateurs reçus et elles vont de l’avant avec leur projet qui prend forme.

Après un certain temps, les membres de la collective qui se donne comme nom, L’autre Parole, se réunissent et fixent des directions souples et adaptées aux problématiques des femmes de notre temps. Ce n’est quand même pas évident ; leurs écrits sont mis à l’épreuve par des autorités ecclésiastiques. Leur chemin n’est pas sans embûches : portes closes, fermeture du clergé et même contestations de certaines femmes. La tentation demeure présente : devons-nous continuer ou abandonner?

L’une d’elles dit alors : Écoutons bien la voix de la Sophia, notre Dieue : « Si tu gardes fidélité à l’Évangile, tu pourras continuer ta route sans problèmes avec moi, la Sophia à tes côtés. Car ta Dieue-Amour est ta Source de vie. Votre Ekklésia émergera peu à peu de l’immobilisme, de la rigidité, du normatif et d’une idéologie passéiste et sclérosante ». Ces réflexions les rassurèrent et les confortèrent.

C’est ainsi qu’elles continuent leur marche avec conviction, créativité, solidarité et espérance. Comme Jésus, elles attirent encore quelques disciples avides de boire à cette fontaine vive et libératrice. Et depuis 40 ans, elles s’alimentent et s’abreuvent à leur Source Christa qui sans cesse les régénère au fil des ans.

2 Réécriture de L’Exode, Chapitre 17,3-7 L’eau de Massa et Mériba

Les femmes prirent conscience de leur impuissance à se dire, à se définir, à trouver une place dans le désert où elles se trouvaient. Elles ne voulaient plus de cette eau amère dans ce lieu patriarcal, hiérarchique.

L’éveil les fit se tourner les unes vers les autres. Elles se concertèrent et se mirent en recherche d’une eau douce.

Ensemble, elles se sont donné droit à la parole.

Les peuples des femmes sont encore en marche pour trouver l’eau douce de leurs capacités, de leurs créativités.

3 Réécritures de L’Exode, chapitre 16,1-36 La manne et les cailles

Première réécriture

Toute la communauté des femmes en Église vivait comme dans un désert et murmurait contre le patriarcat : « Si on nous donnait plus de liberté, le droit de penser, de parler et de créer, on cesserait de mourir de faim »

Puis un jour, elles se sont levées dans ce désert et courageusement créèrent une nourriture neuve, fine, crissante, dérangeante : une parole autre et inédite. Le pouvoir s’éleva inquiet : « Man hou, qu’est-ce que c’est ? » Il ne savait pas que ça venait du Seigneur. Désormais cette parole autre, écrite durant quarante ans, est le pain que le Seigneur donne à manger.

Cette manne nouvelle, on la retrouve dans des écrits que nos fils et nos filles pourront déguster et propager sans culpabilité selon leur faim.

Dégustez cela.

Deuxième réécriture

Récit à trois personnages : A. Narratrice, B. Deuxième narratrice, C. Le Seigneur

  1. Poussées par des questionnements ambiants, des combats intérieurs et une vision nouvelle de l’Église, trois femmes partirent de Rimouski. Elles portaient en elles l’espoir d’un avenir meilleur pour les femmes croyantes et l’humanité. Malgré les controverses internes et externes, elles ont osé poser les bases d’une Ekklésia.
  2. Le Seigneur dit à ces femmes :
  3. « Sortez, je vais vous faire connaitre une nouvelle nourriture, une nouvelle vision à partager. Cela se fera à travers une collective féministe, des échanges qui rassasient, des liens et des allégeances féministes. Je vais vous donner par la réécriture féministe, la Ruah. »
  4. D’autres femmes ont eu vent de L’autre Parole qui offrait une nourriture nouvelle et comblante pour satisfaire leur faim inédite.
  5. Dieu leur dit aussi :
  6. « D’une décennie à l’autre. vous pourrez puiser dans cette nourriture nouvelle et accueillir celles qui ont faim. Et que vos descendantes voient ce pain donné en héritage à travers vos textes de L’autre Parole. Que ce soit une nourriture spirituelle offerte gratuitement à travers le monde. »
  7. Elles déposèrent les textes sur l’Internet sans frontières.
  8. Après tant d’années de réécritures conscientes, l’Ekklésia des femmes a pris corps pour une continuité de libération.

4 Réécriture de L’Exode, chapitre 19, 1-20 Proposition de l’alliance

Quelque temps après s’être libérées de l’oppression, elles arrivèrent dans le désert, face à la montagne. Dieue leur parla en disant : « Vous avez vu par vous-mêmes ce que j’ai fait pour vous jusqu’à maintenant : comment je vous ai portées sur des ailes d’aigles et vous ai fait arriver jusqu’à moi. Maintenant si vous entendez ma voix et si vous gardez confiance en moi vous serez mes alliées pour tous les temps. »

Unanimes, elles signifièrent leur accord. Et Dieue dit : « Je suis arrivée jusqu’à vous dans l’éclat de l’amour, afin que toutes et tous entendent que je parle en vous et à travers vous. Préparez-vous à me recevoir. Ouvrez vos cœurs. Soyez prêtes. »

Trois jours plus tard, quand vint le matin, un feu d’amour enveloppa la montagne, le son d’un cor retentit ; la pleine Alliance entre Dieue et l’humanité était scellée.

5 Réécriture de L’Exode, chapitre 20,1-17 Le Décalogue

Le Forum social mondial vient de se terminer. Nous avions été convoquées à un grand rassemblement dont le thème était : « Les peuples, la planète, avant le profit ».

Dieue dit : « Vous ne pouvez pas continuer à agir contre la vie et la planète, car vous êtes en interdépendance avec la planète. Celle-ci est en vous et vous êtes dans la planète. Quand vous détruisez la planète, c’est vous que vous détruisez. Votre faim avide d’exploitation des richesses de la terre, de la mer, de l’univers a déjà des conséquences néfastes sur vos vies, en particulier chez les moins nantis et en aura davantage sur les générations qui viennent. C’est moi, votre Dieue, qui veut vous faire sortir de votre pays de servitude. En continuant sans retenue à exploiter la mère-terre, à soumettre les humains, vos frères et vos sœurs, à votre soif d’avoir et de pouvoir, vous devenez de plus en plus esclaves des faux dieux tels l’argent, le profit, la consommation, etc., ces idoles qui vous dominent et dominent aujourd’hui notre monde. Dieuede liberté, je suis pour la vie, pour des relations humaines pleines d’harmonie, pour le respect des biens de la maison de votre prochain. Basta les esclaves ! Vous prendrez un jour de repos comme moi votre Dieue, je l’ai fait. C’est à vous les femmes d’être les gardiennes de cette vie précieuse qui nous a été confiée. »

À nous de porter ce message à l’humanité!

6 Réécriture de L’Exode, chapitre 23, Recommandations avant le départ

« Tu as déjà en toi les ressources que je t’ai données pour vivre en harmonie avec ta Dieue et sa création. Prends-en conscience. Écoute ta voix intérieure et reste lui fidèle, car la Vie est en elle.

Fais confiance. Si tu te laisses guider par cette conscience, tu seras libérée des injonctions du patriarcat, du capitalisme néolibéral, du colonialisme, des dominations dictatoriales, du conformisme et de l’anthropocentrisme. Tu les reconnaîtras et tu dénonceras les structures qui les perpétuent.

Si tu restes fidèle à la Dieue créatrice, alors ta soif et ta faim seront assouvies. Ne crains pas : tu recevras l’essentiel chaque jour, et la vie sera possible pour des siècles et des siècles. Prends patience et fais ce que tu dois. Les choses changeront peu à peu. Sois solidaire de tous les mouvements de transition qui vont préserver et régénérer l’harmonie de la création.

Engagée dans ce changement, demeure toujours vigilante, car les vieux systèmes tenteront de se réinventer et de te séduire. Ils chercheront à récupérer les idées novatrices et à te piéger pour leur seul profit. »

7 Réécriture de L’Exode, chapitre 24, Conclusion de l’alliance

Les membres de la communauté, femmes et hommes, s’amènent par un beau dimanche pour leur rencontre périodique. Après s’être accueillis et s’être donné des nouvelles, elles et ils entendent la lecture du chapitre 24 de L’Exode et amorcent des échanges.

Assez vite se pose la question : « Qui est Dieu ? » Si l’un se dit mal à l’aise avec l’image d’un Seigneur qui trône au-dessus de tout, les unes et les autres reconnaissent plutôt une force de vie, une présence, un mystère.

Dans la suite de la rencontre où sont partagées des expériences, une membre exprime le fait douloureux de l’infidélité conjugale d’un beau-frère. Les sœurs et frères de la communauté l’invitent à accueillir les personnes en situation difficile plutôt qu’à juger.

Comme à chaque rencontre, les femmes et les hommes se retrouvent autour de la table pour partager un repas léger. Ensemble, deux des membres rompent le pain et un autre verse le vin, puis les distribuent en mémoire de l’Alliance Nouvelle. Dans ces gestes et dans le partage, toutes et tous prennent conscience d’une présence qui les invite à poursuivre la route.

Les membres de la communauté reconnaissent le lieu de leur rencontre comme espace sacré.

8 Réécriture de L’Exode, chapitre 32,15-16 Le Veau d’or

Moïse s’en retourna et descendit de la montagne avec les trois lois de la Nouvelle Alliance.

Ces lois, c’étaient l’œuvre de Dieue, l’écriture de Dieue.

Prends garde,

Ton conditionnement patriarcal, tu regarderas de manière féministe.

N’oublie pas,

Tu puiseras dans la mutualité de tes sœurs féministes les ressources pour trouver la force de continuer ta route.

Tiens bon,

La confiance, tu garderas en ton projet de transformation de l’Ekklésia du monde.

Désormais, ton veau d’or de patriarcat et d’exclusion des femmes n’est plus !

La Nouvelle Alliance regroupe toutes les forces des groupes de féministes qui marchent pour la liberté, la justice et la paix.

9 Réécriture de L’Exode, chapitre 34,1-34 Les nouveaux parchemins des Moïsa

L’Ekklésia des Moïsa était à l’écoute de la Source. Celle-ci parla et leur dit : « Les Moisa, avez-vous d’autres parchemins sur lesquels vous pourriez à nouveau écrire les Paroles de vie. Soyez toutes prêtes pour demain matin, sous le pommier. »

Les Moïsa préparèrent les nouveaux parchemins et se rendirent ensemble au lieu-dit, habitées par la Bienveillance. Elles entendirent la Source leur proposer de faire avec elles une œuvre merveilleuse.

Accueillir la complexité et la diversité de la vie EN ELLE

ENTRE ELLES

AUTOUR D’ELLES.

Respecter tous les êtres vivants. Développer des solidarités avec les Ekklésias libératrices. Puis dans une lumière étincelante, à l’invitation de la Source, les femmes de l’Ekklésia, toute joyeuses, cueillirent les pommes, les croquèrent et s’exclamèrent : « Oui, nous le pouvons! »

10 Réécritures de L’Exode, chapitre 35,1-3 Loi du repos sabbatique

Nous, femmes de l’Ekklésia, que voulons-nous ? Nous désirons recréer un sabbat à notre image, un temps de repos, un temps de grâce, un temps sacré.

C’est pourquoi, nous, les femmes de L’autre Parole, croyons qu’il est juste et bon de se donner des temps de repos, des temps sacrés pour réfléchir et agir sans contrainte, en toute conscience et ainsi participer pleinement à la vie.

Nous voulons dresser librement et collectivement les tables pour que nos célébrations soient empreintes de notre créativité pour l’épanouissement d’une spiritualité féministe où notre plus grande richesse est celle de notre solidarité, en union avec Dieue.