Liminaire 142

Liminaire

Nos réflexions sur le Vivre, vieillir et mourir dans la dignité ont été précédées et enrichies, pour plusieurs d’entre nous à la collective, par l’expérience d’accompagnement de notre doyenne, Yvette Laprise, dans son parcours de fin de vie. Nous partageons avec vous tant ce cheminement que les hommages rendus à Yvette lors de la cérémonie des adieux, tenue le 26 mai 2015.

En réponse à l’actualité d’il y a déjà plusieurs mois, nous voulions approfondir plus avant comme féministes chrétiennes, le Mourir dans la dignité. Rapidement, tant à cause des expertises que des préalables au Mourir dans la dignité, la question du Vivre dans la dignité! et du Vivre et vieillir dans la dignité a pris préséance.

Un premier article de Louise Melançon aborde « la compréhension de la dignité de l’être humain […] selon les époques ». La dignité n’est plus « l’apanage de quelques-uns » même si nous sommes encore loin de l’égalité des chances pour toutes et tous. Les luttes féministes menées par des Sujets incarnées ont permis d’autres avancées sur la question de la dignité humaine. Par ailleurs, comme elle l’indique, « l’Église catholique est restée à l’époque où la dignité humaine est attribuée à une élite » et j’ajouterais que le Synode sur la famille d’octobre 2015 a démontré, encore une fois, que la place des femmes et des marginalisées d’hier et d’aujourd’hui n’y est pas au diapason de celle qui est leur dans la société.

Pour retrouver « la dignité perdue… ou égarée », nous dit Marie Gratton, deux voies s’ouvrent à nous : « celle du pardon demandé et reçu et celle de la tendresse humaine accordée sans mesure ». Les évangélistes mettent en scène Jésus qui restaure cette dignité perdue ou égarée à nombre de femmes et d’hommes. L’auteure montre comment l’expérience des femmes permet de comprendre la force du « lait de la tendresse humaine ».

Trois femmes de la Bible sont rappelées à notre souvenir par Monique Dumais soit : Vasthi, la Samaritaine et l’hémorroïsse. Leur dignité se révèle dans la vérité de leur être femme, souligne-t-elle.

Dans un deuxième article, Marie Gratton nous renvoie au Petit Robert et à Freud… Avant d’espérer mourir dans la dignité, il faut vivre dans la dignité. Chaque être humain doit être traité comme une fin en soi. Pour se retrouver dans ce cadre plus vaste, elle rappelle les « cinq besoins fondamentaux de l’être humain » tels que Freud les a présentés. La « sollicitude intelligente que nous nous devons les uns et les unes aux autres » serait « garante d’un vivre, vieillir et mourir dans la dignité ».

Le quotidien de la travailleuse à domicile auprès des personnes en perte d’autonomie enrichit les réflexions de Carmina Tremblay qui redit qu’avant de mourir dans la dignité, il faut vivre dans la dignité. Les politiques gouvernementales d’austérité, de rigueur, ne permettent pas de les accorder à la dignité des personnes.

Nous vous proposons également la recension d’un Essai sur le vieillissement intitulé : L’âge de l’espérance de Simonne Plourde. Louise Melançon y lit un « discours de sagesse », c’est un ouvrage « précieux pour nous amener à renouveler notre pensée ».

En naissant, nous commençons le processus du vieillissement… comme féministes, comme chrétiennes, nous le souhaitons arrimé à une conception juste de l’être humain comme une fin en soi. C’est ainsi qu’a vécu Yvette Laprise (1923-2015)! Elle a été l’une des nôtres pendant plus de trois décennies. Nous lui rendons hommage et espérons être fidèles à ses paroles, à ses actes.

 Monique Hamelin