LIMINAIRE
Août 2016, L’autre Parole célébrait son quarantième anniversaire. À Montréal et à Rimouski, des femmes se sont regroupées sous le thème Quarante ans de marche et d’espérance. Pièce de théâtre, analyse, interprétation et réécriture du livre de L’Exode étaient au menu. Les numéros145 et 146 de la revue L’autre Parole vous ont permis de prendre connaissance de la création théâtrale jouée le vendredi soir, du tableau intitulé La ligne du temps et de l’interprétation qui en a été faite tout comme de l’analyse féministe du livre biblique parlant de la longue marche de libération d’un peuple et des parallèles que les femmes pouvaient en tirer, car comme le peuple hébreu, les femmes tant dans l’église que dans la société, vivent une longue marche de libération.
Dans ce troisième et dernier tome consacré au colloque du quarantième anniversaire, nous vous présentons en première partie la célébration du samedi soir. Après avoir lu, analysé, questionné et proposé un autre regard, une autre parole créatrice, les femmes de la collective et leurs alliées aiment les moments festifs et les rituels. Elles osent faire mémoire de Jésus.
Au cœur de la célébration, vous pourrez prendre connaissance des réécritures du livre de L’Exode. Ces réécritures collectives, fruits d’un travail de réappropriation en petites équipes, donnent une autre lecture d’un livre qui de prime abord est si éloigné de nos préoccupations. Il y a eu quarante ans au désert pour le peuple juif, quarante jours pour Jésus, et quarante jours après Pâques, il y a l’Ascension ou l’envoi en mission… nous vous proposons une réflexion théologique sur cette autre fête.
La deuxième partie du Tome3 présente deux exemples de ce qui advient rarement au cœur des luttes ou des pratiques féministes, soit, d’une part, l’histoire de l’une de ces luttes et, d’autre part, une analyse poussée de certaines pratiques.
L’ouvrage phare de Louise Desmarais sur La Bataille de l’avortement fait l’objet d’une recension. Denise Couture rappelle que « la revendication du droit à l’avortement dépasse celle d’une liberté de choix individuel. Il s’agit d’un droit collectif des femmes à la santé sexuelle et reproductive dans un contexte d’inégalité. » Pour Louise Desmarais, « le choix de la non-maternité » reste au cœur des enjeux actuels du féminisme. Ce débat a été abandonné, il doit être repris, nous dit-elle.
Pour clore la section et le numéro, Marie-Josée Riendeau présente les grandes lignes d’une analyse de la pratique des réécritures de la Bible par la collective L’autre Parole. Étude faite dans le cadre d’un mémoire de maîtrise, l’analyse de 24 réécritures sur une période allant de 1996 à 2015 lui permet d’affirmer que le travail de réécriture est « un geste de transmission féministe ». S’appuyant sur un cadre théorique (Delteil, Laborie et Schüssler Fiorenza), elle montre le travail de questionnement et de création dans l’affirmation religieuse affranchie du cadre androcentrique tel qu’on le trouve dans le texte d’origine.
Au fil des trois tomes de la revue consacrés aux quarante ans de L’autre Parole, nous avons situé l’histoire de la collective dans un ensemble plus grand de luttes pour la justice et la libération, nous avons posé un regard féministe sur un livre de la Bible, nous avons fait advenir une parole qui au fil des années a pu être marquée par la colère, la tristesse et la désespérance, mais aussi une parole inspirée par l’espérance d’un monde juste, un monde où nous vivrons de nouveaux rapports entre les femmes et les hommes. Cette espérance c’est notre miel, notre manne, notre terre promise.
Bonne lecture !
Monique Hamelin Pour le comité de rédaction