Liminaire
Les raisons de se préoccuper de l’environnement sont nombreuses : pollution des océans, de l’eau, de l’air, des sols, effets nocifs sur la santé des populations humaines et animales, réchauffement climatique, dépendance au pétrole, etc. Notre planète, notre « maison commune » est, comme nous, fragile et vulnérable. Tout un système politico-économique, fort de la puissance du déni, de la mainmise de type colonialiste et de l’exploitation non durable des ressources, perpétue les dommages infligés à notre environnement. Réunies en colloque en 2017, les membres de la collective L’autre Parole se donnent le droit d’être inquiètes ou indignées lorsque nous constatons nos limites — et parfois notre impuissance — à changer les structures de pouvoir, les styles de vie, les modes de production et de consommation. La patience est de mise, tout comme la poursuite des combats, en se redonnant du pouvoir d’agir là où c’est possible.
Diane Gariépy, membre du Réseau québécois pour la simplicité volontaire, nous propose de passer à un autre niveau et communique ses conseils : cultiver la simplicité volontaire, se regrouper afin de devenir plus résilient∙e∙s, sortir des pièges de la compétition et du chacun pour soi, vivre du temps de valeur, etc. Pierrette Daviau nous rappelle que la crise a aussi des racines spirituelles. Une spiritualité de l’environnement, l’écospiritualité et une théologie écoféministe apparaissent dans toute leur pertinence : « L’écospiritualité convoque à utiliser notre liberté́, notre intelligence, nos qualités et toutes nos forces pour vivre en communion avec les humains, mais aussi avec tous les éléments de la création ». Il est possible de cultiver la compassion, l’interdépendance et la contemplation, tout comme de prendre part à des pratiques écospirituelles en reprenant contact avec la nature et en rendant grâce.
Les membres du colloque ont participé à une marche cosmique et à la célébration de la Toute-Semaille, où de nouvelles visions du rapport au cosmos et au monde sont vécues. Le numéro contient aussi plusieurs références culturelles « pour aller plus loin », etdes éléments d’une réflexion par les membres de la collective sur le film Demain. Comme le rappellent Monique Hamelin et Louise Desmarais : « Nous sommes en période de transition vers autre chose, les adaptations demandées seront nombreuses et nécessaires. La créativité collective sera nécessaire. » Toujours dans l’objectif d’« aller plus loin », deux listes de revues, de romans, d’essais, de publications de nos alliées, de poésies et de légendes sont proposées par Diane Gariépy et Monique Hamelin. De plus, une recension de notre cofondatrice Louise Melançon est incluse au numéro, suivant la publication de l’ouvrage collectif Une bible des femmes. Cette publication marque un jalon dans l’engagement des théologiennes québécoises, européennes et africaines à l’herméneutique biblique, discipline chère à la théologie féministe et aux membres de L’autre Parole.
Nous sommes fières de participer à la réflexion religieuse et chrétienne sur l’écospiritualité, alors que cette thématique gagne en visibilité. Les Réseaux du Parvis ont publié leur propre numéro « Les femmes et la nature : l’écoféminisme » en 2010 et le pape François l’encyclique Laudato Si en 2015. Soulignons aussi des initiatives locales comme le Réseau des Églises vertes (eglisesvertes.ca) ou des sites d’ailleurs comme Trilogies : entre le cosmique, l’humain et le divin (www.trilogies.org).
Enfin, devant l’importance de poursuivre le travail de réflexion entrepris par les féministes chrétiennes sur le douloureux sujet des interruptions volontaires de grossesse, nous publions un article de Maria Teresa Bosio, présidente de Femmes catholiques pour le droit de décider en Argentine. Dans La puissance des féminismes en Argentine pour le droit à l’avortement légal, sécuritaire et gratuit, elle décrit les réflexions et les actions menées là-bas.
Bonne lecture !
Mireille D’Astous, pour le comité de rédaction