Liminaire

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VIVRE UNE SPIRITUALITÉ FÉMINISTE

DE L’INCARNATION

Les pratiques spirituelles féministes mettent le corps en mouvement. Elles l’animent, elles le façonnent, elles le guérissent, elles le vivifient. Ce sont des pratiques d’incarnation. Les articles de ce numéro le montrent sous divers angles à partir de perspectives variées.

Le poème du sang dans le bénitier de Nancy Labonté ouvre le numéro. Il nous fait voyager d’une « saignée mensuelle » à un élan « libre comme le souffle ».

Puis, deux récits racontent des expériences de toucher du cœur, des mains, du corps. Nathalie Tremblay relate une expérience de massage en milieu pédiatrique. Une autrice anonyme narre sa rencontre ultime avec la mort au moment de donner naissance.

Dans la section histoire, Christine Lemaire dépeint la manière dont la collective L’autre Parole a abordé le thème de l’incarnation au fil des années, en particulier dans quatre numéros antérieurs de la revue. La question du corps, thème du premier colloque de la collective, les traverse. Un fil conducteur de pratiques spirituelles s’est nommé avec le temps autour de symboles  tels  la  Christa  et  la Sagesse incarnée.

Deux articles présentent des pratiques corporelles de spiritualité bouddhiste et musulmane : celle du zazen convie à « ne pas faire », attentive aux sensations du corps (Denise Nadeau), et celle, musulmane, approfondit la présence au monde en temps de maladie (Samia Amor).

S’ensuivent deux articles en spiritualité chrétienne au sujet des retournements engendrés dans le domaine de l’écothéologie. Sous le titre La matérialité de Dieue, Denise Couture opère un décapage de la vision assez spontanée du Dieu comme pur esprit pour incruster la Dieue dans la matérialité des corps et de la vie. Sous le titre Une spiritualité incarnée, Pierrette Daviau offre un tour d’horizon des spiritualités écothéologiques.

Deux poèmes clôturent le numéro : la prière Ceci est mon corps, ceci est mon sang, de Martine Lacroix, et Sur le ventre de la dune, elle voit, de Mélany-Florence Bedouin. Le premier reprend le thème des mots d’ouverture, « la saignée mensuelle » nommée cette fois « menstruelle ». Le deuxième revient sur l’image du souffle. « Elle voit en elle ce souffle qui la soulève, qui la révèle », mais elle sait l’aliénation, et elle pratique la transgression.

Nous inaugurons dans ce numéro une nouvelle chronique, La chronique de Martine, tenue par Martine Lacroix. Elle y abordera des sujets d’actualité. Elle ouvre la série par la question des menstruations, enjeu féministe central en ce qui concerne les corps des femmes, dépolitisé s’il en est un, qu’il est pourtant urgent de rendre politique.

Enfin, nous accueillons en 2024 une artiste en résidence, Jo-Ann Lévesque, photographe artistique qui offre dans ce numéro une série de photos de plantes et d’oiseaux. Leurs postures lui rappellent des attitudes spirituelles.

Bonne lecture !

Denise Couture Pour le comité de rédaction