Liminaire
C’est avec un immense plaisir que nous vous présentons le tome 3 de la trilogie intitulée : Variations féministes autour de la COVID-19. Que de chemin parcouru depuis un an. Au moment d’écrire ces lignes, l’espoir renait avec la vaccination qui va bon train. Par ailleurs, nous sommes également :
- à moins de 48 heures du 11 mars 2021, journée de commémoration nationale pour les quelque 10 500 victimes de la COVID-19 au Québec ;
- au lendemain de l’annonce d’un Plan d’action pour contrer les impacts sur les femmes en contexte de pandémie par la ministre responsable de la condition féminine ;
- devant une levée des attaques par les partis d’opposition qui questionnent pourquoi si peu de financement (23,1 millions $) pour le groupe le plus impacté, soit les femmes, tant chez les travailleuses qui ont perdu leur emploi que chez les soignantes de premières lignes dont les conditions de travail sont à revoir et qui sont trop nombreuses à avoir contracté la COVID-19 au travail, sans compter les nombreux décès dans les CHSLD.
Fidèles lectrices et lecteurs, découvrez au fil de nos pages, comment les membres de L’autre Parole sont à l’image de la société québécoise quant aux questions et aux constats soulevés par les choix gouvernementaux, découvrez les rêves qu’elles mettent de l’avant pour le monde de demain. Ces femmes sont fidèles aux trois axes autour desquels s’articulent les réflexions et les actions de L’autre Parole et cela, depuis 1976 : la collective, le christianisme et le féminisme.
Le gouvernement québécois a annoncé de nouveaux assouplissements au regard du deuxième confinement alors que plane, selon certains spécialistes, la possibilité d’une troisième vague. L’usure est là. Les statistiques sur le nombre de malades ou de décès ont pris figures humaines pour quelques-unes d’entre nous.
Dans le Tome 1, Mouvements, intériorité, espoirs, vous retrouvez des Témoignages et des Poèmes et prières pour un temps de pandémie (voir L’autre Parole, numéro 154, Hiver 2021).
La collective a continué à vivre la sororité et la solidarité tout en plongeant dans ses racines chrétiennes. Le Tome 2, dont le titre est Trois théologiennes : leur vision, présente quatre textes qui abordent les questions suivantes : Quelles éthiques ? Quelles relectures chrétiennes ? Quelles critiques de la religion et quelles spiritualités en temps de pandémie ? Ce tome comprend également deux recensions (voir L’autre Parole, numéro 155, Hiver 2021).
Quant au troisième tome des Variations féministes autour de la COVID-19 intitulé Constats et rêves pour demain, il aborde les questions de santé, travail, économie et plus particulièrement les enjeux pour les femmes puisque les rapports et les études le démontrent clairement les coûts sociaux, psychologiques et économiques de la pandémie sont plus importants pour elles.
Nous soulignons également le travail de mémoire de nos photographes amateures dans les trois tomes sur la pandémie. Marches en forêt, marches urbaines, photos de la vie extérieure et de la chaleur du foyer, photos de la métropole ou de différentes régions du Québec, nos membres et une alliée ont montré l’importance de cette nature pour nous aider à passer à travers la douleur du confinement, de la mort qui rodait, cette nature nous ramenait du bon bord des choses. Quelques mots également pour notre illustratrice de la page couverture, elle a su rendre la sidération ressentie particulièrement au début de l’enfermement.
Si parmi les points qui sortiront des analyses post-pandémie, nous pouvons déjà noter un passage plus rapide vers les technologies reliées aux communications, le télétravail et l’école à la maison ont des impacts lourds pour les femmes. Leurs responsabilités familiales se multiplient. Elles sont à bout de souffle.
Notre espérance, quand viendra le moment du grand bilan, sera de pouvoir constater que les soins aux personnes et le care des personnes aînées soient enfin reconnus à leur juste valeur tout comme l’importance de l’éducation. Deux secteurs ayant une forte prédominance de femmes en ses rangs.
En attendant, bonne lecture !
N’hésitez pas à partager et à défendre vos rêves pour demain !
Continuez de prendre soin de vous !
Monique Hamelin pour le comité de rédaction
Introduction
Tome 3
Constats et rêves pour demain
Le tome 3 des Variations féministes autour de la COVID-19 — Constats et rêves pour demain présente les analyses de trois conférencières, membres de L’autre Parole et issues du milieu de la santé et des services sociaux.
Cinq mois après le début de la pandémie, soit en août 2020, Carmina Tremblay, qui a été 13 ans auxiliaire familiale et sociale dans un CLSC, Yveline Ghariani, secrétaire médicale pendant 22 ans dans un CLSC et Denise Ouellet, toujours travailleuse sociale, ont partagé leur questionnement et même leur colère quant aux dérives observées dans trois secteurs : le traitement des personnes aînées particulièrement dans les CHSLD, la longue détérioration des conditions de travail du personnel de la santé et l’écart entre le discours public du gouvernement et ce qui se passait sur le terrain.
Si dès avril 2020, le journalisme d’enquête faisait état de la triste situation qui prévalait dans quelques résidences pour personnes âgées, si le Conseil du statut de la femme avait débuté des recherches sur les soins aux personnes aînées avant que ne débute la pandémie, c’est avant que ne se dessine dans nos médias une vue d’ensemble de la situation, avant la publication d’études du Conseil du statut de la femme et du rapport intérimaire de la Protectrice du citoyen et de la citoyenne que nos trois conférencières, travailleuse ou ex-travailleuses sur le terrain, avaient partagé avec nous ce que journalistes et chercheuses démontreront subséquemment.
Au fil des mois qui passaient, les artisanes et les artisans des quotidiens et des magazines, ce cinquième pouvoir, ont été à l’œuvre pour présenter des données statistiques, les impacts et les enjeux de la pandémie entre autres sur le groupe des femmes. Deux articles rappellent Les coûts de la pandémie pour les femmes et quelques Constats et rêves pour demain. Si nous n’y prenons garde, les coûts sociaux, psychologiques et économiques de la pandémie sur le groupe des femmes seront présents encore longtemps. Nous pouvons changer aujourd’hui le cours des choses.
Pour compléter ce numéro, une recension d’un roman d’Odette Mainville qui s’attarde aux changements vécus par un prêtre formé dans un séminaire catholique où la formation est refermée sur elle-même, sur les dogmes, sur la soumission au magistère. Cette formation ne prépare pas au questionnement plus vaste apporté entre autres par les paroissiennes et paroissiens qui font confiance en leurs capacités de réfléchir sur ce qu’est être un ou une disciple de Jésus aujourd’hui. Odette Mainville montre les revirements provoqués par les études universitaires en théologie qu’entreprendra son personnage.