PHYLLIS TRIBLE: DECOUVRIR LES ENTRAILLBS FEMININES DE DIEU DANS LA BIBLE
Phyllis Trible est une exégète américaine qui a publié en 1978, God and the Rhetoric of Sexuality {Philadelphia, Fortress Press). Comme elle l’écrit dans l’introduction, elle « a essayé de retrouver (dans la Bible) de vieux trésors et d’en découvrir de nouveaux dans le domaine de la foi. Quoique certains de ces trésors soient bien petits, ils sont néanmoins appréciables dans une tradition qui est souvent forcée de vivre des restes » (p. XVI).
Cherchant une « vision théologique pour de nouvelles occasions », elle se sert d’une « herméneutique féministe » qu’elle définit comme « une explication, une compréhension et une application du passé au présent » (p. 7) en ce qui concerne les femmes. Parce que Phyllis Trible perçoit la Bible comme « une pélerine voyageant à travers l’histoire pour faire surgir le passé et le présent » (p. 1). De plus le féminisme est défini comme « une critique de la culture à la lumière de la misogynie » (p. 7).
La méthode utilisée par Phyllis Trible est cel le de la critique littéraire, où elle situe le con texte, le texte dans le contexte, le texte comme indice. Elle accorde une grande importance au rôle des métaphores.
Ainsi le chapitre deuxième est entièrement consacré à l’étude du voyage d’une métaphore (Journey of a Metaphor). L’étude de la métaphore des entrailles des femmes à partir de l’histoire de trois femmes, Sara, Rachel, Anna, lui a permis de discerner « le mouvement sémantique allant des entrailles des femmes à la. compassion de Dieu » (p. 56). Le passage de Jérémie 31, 15-22 illustre bien ce mouvement en se référant aux lamentations de Rachel qui pleure ses fils dans Rama.
Ephraïm est-il donc pour moi un fils si cher,
un enfant tellement préféré,
que chaque fois que j’en parle
je veuille encore me souvenir de lui?
C’est pour cela que mes entrailles s’émeuvent pour lui,
que pour lui déborde ma tendresse,
oracle de Yahvé. Jr. 31, 20.
Dieu apparait ainsi avec la tendresse d’une mère.
Phyllis Trible a également étudié l’histoire d’amour du Cantique des Cantiques, l’érotisme et les luttes de l’existence quotidienne dans l’histoire de Ruth.
La conclusion débute par la citation de Luc 15, 8:
« Quelle est la femme qui, si elle a dix
drachmes et vient à en perdre une, n’allume
la lampe, ne balaie la maison et ne cherche
avec soin, jusqu’à ce qu’elle l’ait retrouvée? «
Ainsi, les interprètes de l’Ecriture ont exploré abondamment pendant les siècles le langage mâle de la foi, mais une autre dimension de la Bible avait été complètement perdue, celle de l’imagerie et des motifs des femmes. Il importe donc de retrouver la dixième drachme perdue. Le passage de Genèse 1, 27:
« Et Dieu créa l’homme à son image,
à l’image de Dieu il le créa
homme et .femme il les créa »,
demeure·· le point d •appui ferme sur lequel Phyllis Trible veut édifier une reconstruction à la fois masculine et féminine de l’expression de la foi chrétienne.
Monique Dumais